Pendant que les banlieues se consument, que Béjart tire sa révérence en sautillant sur nos écrans et que le Président Sarkozy voit la Chine s’éveiller, Florence Foresti, comique de deuxième zone, fait la couverture de Match avec sa toute nouvelle progéniture… Drôle d’époque ! Au même moment, Paris Match reçoit quelques happy-fews à la Cinémathèque Française autour de l’exposition Sacha Guitry. Champagne et petits fours sur la mezzanine, suivis de la projection du « Roman d’un tricheur » (1936) salle Henri Langlois. Le film d’esprit français par excellence. Cette voix off inimitable. D’éminents spécialistes rappellent qu’Orson Welles imita le procédé pour son « Citizen Kane » (1941).
Ce « Roman d’un tricheur » donne l’envie de se plonger dans les textes de Guitry qui souffrent tellement d’avoir été saucissonnés en petites phrases et servis ad nauseam aux Grosses Têtes de Philippe Bouvard. On court à la librairie pour s’emparer du dernier Folio racorni des « Mémoires d’un tricheur ». Et on lit : « Il y a cent façons de tricher, mais il n’y a guère que trois sortes de tricheurs.
Tout d’abord, il y a le joueur qui triche – qui ne triche que parce qu’il joue. Qui le fait sans méthode, sans préméditation, d’une manière presque inconsciente, involontaire, et dont on sent très bien qu’il est parfaitement honnête en dehors du jeu.
Il y a l’homme qui joue incorrectement parce qu’il est incorrect d’un bout à l’autre de la vie – et qui doit penser que ce n’est vraiment pas le moment de l’être.
Enfin, il y a le tricheur de profession, conscient et organisé. ». On y reviendra !
Sacha Guitry, une vie d’artiste. Exposition à la Cinémathèque française, Paris, jusqu’au 18 février 2008
Sacha Guitry, Mémoires d’un tricheur, Folio Gallimard
Sacha Guitry, Une vie de merveilles, André Bernard, Préface de Jean Piat, Editions Omnibus, 2006