Parrot Tulips © Robert Mapplethorpe Foundation
Au risque de me répéter, il faut avoir vu cela. La beauté. Vénéneuse. La révélation du monde. Que sa part soit sombre, peu importe. Ce qui compte, simplement, est que nous puissions encore, toujours et partout, génération après génération, découvrir les images du photographe américain Robert Mapplethorpe (1946 – 1989), loin du scandale et de la vaine censure. Sans autre justification que leur « stricte nécessité artistique ». Telles que les présente le commissaire de cette remarquable exposition Werner Lippert.
Les photographies du new-yorkais Robert Mapplethorpe se déploient aujourd’hui au NRW-Forum de Düsseldorf. Elle peut être longue la route jusque-là mais quelles visions elle procure. Toute la force concentrée d’un regard unique, tendant par sa cohérence à l’universel. Fleurs et sexes masculins, hommes noirs, femmes blanches, admiration des corps vivants et sous tension – une vidéo intéressante, en fin de parcours, laisse témoigner trois de ses body-models dont Lisa Lyon et Ken Moody –, fascination de la mort faisant partout chemin, sadomasochisme en école de la délicatesse comme la décrivait Michel Foucault à Hervé Guibert. Des images connues, revues, sans doute mais sans jamais lasser. Reviennent encore, merveilleux, quelques polaroids, l’autoportrait à la tête de mort et des portraits (Burroughs à la carabine, Andy Warhol, Isabelle Rossellini, Debbie Harry), le fameux american flag en lambeaux… Sans oublier une heureuse section consacrée à sa relation avec la chanteuse Patti Smith, photographiée, aimée comme personne. On annonce à la rentrée son document « Just kids » aux Editions Denoël, le livre qu’elle s’était promis d’écrire sur leur aventure. On y reviendra.
Robert Mapplethorpe, NRW-Forum, Düsseldorf, jusqu’au 15 août 2010.