Philippe Découflé et les filles du Crazy © Crazy Horse
Une vie de cabaret, de cirque et d’opérette ! Loin des spectacles arty mainstream de cet hiver, dominés par une dépression et un ennui au long cours ; des spectacles du privé, ringards et vulgaires (Panique au ministère, on y reviendra), l’opérette et les musicals qui déferlent ces jours d’hiver ou de Noël sur les scènes françaises, se révèlent de belle facture. Commençons par LE temple d’une certaine nuit parisienne, l’illustre Crazy Horse que le chorégraphe et scénographe Philippe Decouflé revisite depuis quelques semaines… What’s new ? Pas grand chose si ce n’est un petit vent de liberté qui fait danser les girls « en cheveux ». Pour le reste, l’esprit « Bernardin » demeure, l’homme de « Sombreros » n’opère pas de révolution, modernisant à bon escient un corps de ballet « d’enfer », mais sans doute toujours orpheline d’un « patron ». Découflé aura été, le temps d’un été, un sympathique cousin d’Amérique, espiègle, malin. Rien de plus, soyons franc. D’ailleurs, il est déjà reparti. Vers Rennes pour de nouvelles aventures au Théâtre national de Bretagne, en tant que chorégraphe associé.
Chantons, dansons, jouons ! C’est sous cette bannière très agitée que se rassemblent les comédiens, chanteurs, musiciens – le tout à la fois – d’Alain Sachs pour une heureuse « Vie parisienne » au Théâtre Antoine. Offenbach y est servi avec justesse, malice et enthousiaste. Le public est conquis par cette modestie, qui fait entendre Offenbach, tout Offenbach et rien qu’Offenbach. On en redemande. Gardons le meilleur pour la fin. On avait découvert avec effroi la nouvelle programmation du Châtelet, cherchant sa distinction parisienne dans une discutable tentative d’installer Broadway près de la Seine. Et bien, il faut bien le saluer : Jean-Luc Choplin, son directeur, est en passe de gagner ce difficile pari. Sa « Mélodie du bonheur » au Châtelet est accomplie, excellente et professionnellement irréprochable. N’étaient le public de pépés et de mémés parisiennes, choucroutées et parfumées d’importance, accompagnés de leur petite progéniture – au prix des places, le spectacle ne s’offre pas à toutes les bourses ! – on se croirait sur Broadway ! « Que du bonheur !» titrait Eric Dahan il y a quelques jours dans Libération. On est bien d’accord.
Un dernier mot ? Oui, pardon, pour déconseiller « Pampa », le dernier spectacle du Cirque national Alexis Gruss au Bois de Bopulogne. Un vieux Gruss qui s’emmêle les chevaux, la génération suivante, virevoltante, mais bien lourde (sur les chevaux comme lors des navrants numéros de clowns), une Gipsy (la mémé) et ses chiens perdus sans collier ni talents et la dernière génération jonglant à l’avenant. Ca dure, ca dure, reste à sauver deux gamines au trapèze et un éléphant marrant. Qui ne trompe personne. Cela va de soi.