Archive de la catégorie ‘Television’

Pour 100 000 euros, t’as plus rien…

Vendredi 28 août 2009

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Emeric (le comédien) et Christopher © TF1

Il faut avoir vu cette bêtise une fois, comme une piqûre de rappel, et ne jamais oublier ce dont la télévision est capable. « Mon incroyable fiancé 2″, donc. Pour doper ses audiences défaillantes, TF1 vire sa cuti et met en scène deux jeunes « hétéros » censés faire croire à leur famille qu’à la faveur d’un jeu télévisé, ils se sont rencontrés à Marbella, qu’ils s’aiment et qu’ils vont se marier, profitant – merci Zapatero ! – des avantageuses lois espagnoles autorisant le mariage homosexuel. Les deux candidats doivent réussir à ce que leurs parents assistent à leur prétendu mariage pour gagner un salutaire chèque de 100 000 euros… Mais derrière l’un des deux protagonistes se cache un comédien, Emeric, qui a tôt fait de tomber amoureux et de déclarer sa (fausse) flamme à un Christopher, morceau de bois franc, peu tenté par les caresses entre garçons.
L’affaire est cousue de fils blancs et de déclarations niaiseuses sur la difficulté du coming out, l’acceptation de l’homosexualité et le dépassement de soi. A la fin, le malheureux candidat perd – son (vrai) père ayant foutu le camp en apprenant les amours nouvelles de son fils – mais gagne, la production trouvant son attitude des plus méritantes et ouvertes à la cause homosexuelle. Découvrant le pot-aux-roses, le désormais gagnant aura ses mots définitifs et évidents : « Mon dieu, je me suis bien fait avoir, vous êtes une bande d’enculés ». Classieux.

Mon incroyable fiancé 2, la vidéo.

Les larmes amères de Margaret Thatcher

Vendredi 13 mars 2009

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Margaret Thatcher aux obsèques de Ronald Reagan © Reuters/Jason Reed

On quitte avant l’heure l’inauguration du Salon du livre de Paris, qui semble un vieux disque rayé. Une rengaine épuisée et sans fantaisie, les uns contre les autres, badge « Je lis la Princesse de Clèves » pour les plus sobrement gauchistes, champagne chaud et canapés low-cost. Oui, on se barre dare dare pour ne pas rater documentaire de la série « Infrarouge » de France 2. Un film de William Karel sur les derniers jours de Margaret Thatcher au pouvoir. Les cinq jours qui ébranlèrent d’abord puis terrassèrent la Dame de fer. En quelques images d’une rare violence, nous sommes catapultés au milieu des années 80. Bush père, Kohl Gorbatchev réapparaissent et le film, à coup d’interviews bien senties, déboulonnent l’ancien premier ministre, leader autoritaire du parti conservateur britannique. Celle dont le président François Mitterrand disait, tranchant : « la bouche de Marylin et le regard de Caligula », finit sa carrière dans les larmes de la trahison, perdant peu à peu la tête, régulièrement diminuée par la maladie d’Alzheimer. Une magnifique tragédie à l’anglaise par un documentariste de talent…

Les derniers jours de Margaret Thatcher, un film de William Karel. Rediffusion annoncée sur France 2.

La fascination Roberto Succo

Vendredi 22 août 2008

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Stefano Caselli, le Succo de Cédric Kahn © DR

« Quand ils vous diront que je suis mort, ne pleurez pas trop, je serai en train d’écouter le chant des oiseaux… » Roberto Zucco.

Il y a quelques jours, France 2 proposait une nouvelle diffusion de l’émission de Christophe Hondelatte « Faites entrer l’accusé » consacrée à la dérive meurtrière du parricide italien Roberto Succo. Après avoir séjourné cinq ans en asile psychiatrique, il s’évade en 1986 et s’installe à Toulon. Du Var jusqu’à la Savoie, il tue, vole, agresse avant de rentrer en Italie où il sera finalement arrêté grâce aux indications de son ancienne petite amie et de la police française qui l’a identifié. Six victimes, des automobilistes kidnappés et traumatisés, une disparue, l’homme au treillis fit couler autant de sang que d’encre. Cette histoire est vieille de vingt ans et aujourd’hui, au cimetière de Mestre, on ne retrouve plus trace de la tombe de Succo, suicidé dans sa prison, en 1988, après avoir tenté une évasion très médiatisée sur le toit de sa maison d’arrêt. La concession a été revendue, les os dispersés.
Pourquoi Roberto Succo continue-t-il de fasciner autant le public, les journalistes et les écrivains, rejoignant la longue liste des assassins médiatiques : Simone Weber, Marie Besnard, Gaston Dominici, Landru et autres Petiot ? A la manière d’un Thierry Paulin qui fut le sujet de « J’ai pas sommeil », le plus beau film de cinéaste Claire Denis, Roberto Succo eut les honneurs d’un livre très documenté de Pascale Froment, d’une pièce controversée de Bernard-Marie Koltès, montée dernièrement par Philippe Calvario au Théâtre des Bouffes du nord, et d’un film de Cédric Khan sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes. Sa cavale, ce mélange de folie et beauté, l’insolence du psychopathe pour finalement cette mort de misère, la tête asphyxiée dans un sac en plastique ? Quoi d’autre ? Pas de poésie. A découvrir les images d’archives du documentaire de France 2, à revoir quelques jours plus tard le beau film glacé de Cédric Kahn, nappé par la voix et les guitares de Marianne Faithfull, j’en étais presque à me reprocher cette soudaine rechute…

Roberto Succo, Succo le fou, Faites entrer l’accusé, France 2.

Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltès, Editions de Minuit, 2000.

Roberto Succo : Je te tue, histoire vraie d’un assassin sans raison, de Pascale Froment, Folio Gallimard (paru 1991)

Nadia et les garçons formidables

Samedi 5 avril 2008

Dommage que « Sa raison d’être », la fiction en deux épisodes de Renaud Bertrand (« La nourrice », « Clara Sheller ») n’ait pas davantage rencontré le public… Programmés en début de soirée, ils avaient à subir la concurrence de matchs de football. Malgré quelques longueurs, des personnages et des situations frisant parfois la caricature, difficile de ne pas saluer la production de ces deux films « chorale » portés par l’intelligence de son casting (Clémentine Célarié, Valérie Mairesse, Bérénice Benjo, Roger Dumas, Carlo Brandt, Valerie Donzelli).
Nous sommes en 1981, François Mitterrand apparaît sur les écrans et c’est une belle explosion de joie. Isabelle (Sophie Quinton) et son frère Nicolas (Michaël Cohen), dans leur vingtaine, se consument de désir pour le même garçon : Bruno (Nicolas Gob). La vie réserve des surprises : Jérémy naît, Isabelle disparaît dans un attentat. Et ces trois garçons-là (photo), avec leurs amis, parents et alliés vont se débattre dans le tourbillon de la vie en des temps rendus tragiques par le sida et le sang maudit des transfusions. 1981 – 2008 : on passe « de l’insouciance au chaos », de l’espoir des trithérapies au relapse, alors que le monde se fait de plus en plus incertain… Bien sûr, le scénario de Véronique Lecharpy et Pascal Fontanille ne tient pas la comparaison avec l’adaptation brillante et céleste d« Angels in America » de Tony Kushner par Mike Nichols pour la chaîne américaine HBO mais ces anges français se défendent pourtant bien. Le plus beau d’entre eux est, sans doute, Nadia (Nozha Khouadra), belle infirmière d’origine maghrébine, dont la vie se confond avec la lutte contre le sida et pour le respect des séropositifs et des malades. Un combat de tous les instants jusqu’à ce que la mort la sépare de ses amis les plus chers.

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Sa raison d’être © France 2 / Gilles Schrempp

Sa raison d’être, un film de Renaud Bertrand, disponible en DVD (Optimale).

Eloge de Lulu la pilule

Mercredi 12 mars 2008

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Lucien Neuwirth © France 3 / Effervescence.

France 3 diffusait samedi soir à une heure bien médiocre (23h00) le film de Sébastien Grall, écrit avec Brigitte Peskine « Monsieur Neuwirth, tenez bon ! ». Un documentaire, non ! Mais ce qu’il est convenu désormais d’appeler un docu-fiction, mêlant une interview au long cours de Lucien Neuwirth et d’autres militants de la contraception (Pierre Simon, Yvette Roudy) à des scènes de fiction nous plongeant au plus près de la « réalité » de l’époque. Il y a dix ans tout le monde aurait hurlé à cette obligation de fiction pour maintenir les téléspectateurs attentifs à un sujet pourtant digne d’intérêt.
Les temps changent… sauf Lucien Neuwirth, qui confortablement installé dans les ors de la salle de presse du Sénat, raconte avec une émotion forçant le respect ses années de militant politique au service de l’émancipation des femmes et du contrôle des naissances. La loi de 1967, bien avant les avancées permises par la loi Veil de 1974 autorisant l’IVG, c’est lui, aidé par les militantes du Planning familial (Evelyne Sullerot, Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé), quelques médecins, éclairés, bousculant leur Ordre hérité de Vichy comme les professeurs Pierre Simon et Etienne-Emile Baulieu et de rares hommes politiques (Alexandre Sanguinetti, Jean-Marcel Jeanneney). Un temps au Paris Match, prenant fait et cause, titrait « Feu vert pour la pilule » sur la photo d’une jeune femme épanouie, réjouie de pouvoir choisir le moment d’avoir un enfant et de ne pas subir des maternités successives ou autres avortements de fortune…
Cet homme, valeureux résistant, bientôt député gaulliste puis sénateur de la Loire que rien ne prédestinait à ce combat de toute une vie qui lui vaudra le sobriquet de « Lulu la pilule », injures et dizaines de cercueils en petit bois dans sa boîte aux lettres, est simplement exceptionnel. Alors, qu’est-ce qui fit courir Lucien pendant toutes ces années ? Des balles allemandes en 1945 qui ricochent sur quelques pièces de monnaie, blessent mais ne tuent pas :  » Il y a d’abord eu le chant des oiseaux, le chuintement du vent dans les branches… J’ai mis des années à comprendre ce miracle, à me demander pourquoi le destin m’avait épargné… Et je me suis dit, maintenant, cette vie, il faut que j’en fasse quelque chose d’utile pour tous. Et voilà, maintenant, il y a cette loi qui porte mon nom… »

« Monsieur Neuwirth, tenez bon ! », un film de Sébastien Grall, écrit avec Brigitte Peskine, produit par Simone Harari.

Christine Ockrent : la femme pressée

Vendredi 22 février 2008

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Christine Ockrent et Bernard Kouchner © Gamma

De Milan, où fleurissent les affiches de Silvio Berlusconi pour les prochaines législatives, il est ravageur d’observer le théâtre des manigances politico-médiatiques françaises. Christine Ockrent prendra donc dans les jours à venir la direction générale de France Monde, la nouvelle holding rassemblant France 24, TV 5 Monde et RFI pour créer une « news factory » commune aux trois antennes dédiées à porter haut et loin dans le monde la « voix » de la France. On apprend dans le blog d’Emmanuel Berretta sur le site de l’hebdomadaire Le Point » l’histoire secrète de cette nomination qui doit autant à la vanité du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner qu’à la faiblesse de Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, actuellement en soins palliatifs. Que la direction générale et exécutive de l’équivalente de la « BBC World » française soit confiée à la compagne du locataire du Quai d’Orsay, toutes les explications au monde ne saurait le justifier. Et si Madame Ockrent est une si grande professionnelle, sa connaissance des usages internationaux, anglo-saxons en particulier, lui aurait commandé de refuser pareil engagement – comme ceux, généreux ménages, qu’elle effectuait régulièrement du temps de ses émissions sur France 3 qui n’avaient de cesse d’indisposer la direction générale de la chaîne. Reste une solution d’élégance, suggérée par Christine Ockrent elle-même en septembre dernier : que Bernard Kouchner quitte son « emploi précaire » pour laisser sa Christine s’épanouir professionnellement. Il y aurait là une vraie rupture !

L’histoire secrète de la nomination de Christine Ockrent à France Monde, Médias 2.0, par Emmanuel Berretta.

Uggly Betty : charmant petit monstre

Vendredi 18 janvier 2008

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© ABC

Elle est, disons-le, assez laide, le sourire rayé de métal, maladroite à se prendre les pieds dans la canne d’un aveugle, mal fagottée. Lorsqu’elle tente d’y remédier, elle se rapproche encore plus du monstre. On la surnomme « Uggly Betty » et, pourtant, elle est formidable !
Série télé américaine adaptée par Silvio Horta et Salma Hayek d’une telenovela colombienne à succès, la chica Betty a débarquée sur TF1 début janvier. Assistante « surprise » d’un fringant directeur du magazine « Mode », Betty (America Ferrera) s’agite, pleine d’astuces et de bon sens latino, sous le coup des sarcasmes de ses collègues, modasses de catalogue, qui s’étranglent de son mauvais goût (formidable poncho de rentrée !) et de ses beignets huileux aux poivrons. A la maison, dans le Queens, cela ne va guère mieux : un père malade et désargenté, un compagnon Walter sous charme d’une autre, la très latine Gina Cambarro, une sœur représentante Herbaluxe® et un neveu, en devenir folle !
Je vous épargne le résumé des épisodes précédents, l’intrigue, aussi, frêle décalque du « Diable en Prada » : le feuilleton se prend en cours et vaut pour la formidable partition des acteurs et l’humeur kitsch qui s’en dégage. A découvrir…

Uggly Betty. TF1, le lundi en deuxième partie de soirée.

La famille Ricoré

Vendredi 11 janvier 2008

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© TF1

TF1 triomphe dans un communiqué : le premier épisode de la 7e saison d’ »Une famille formidable » a rassemblé 8.593.684 téléspectateurs ! Ce téléfilm est une daube infâme, mitonnée à l’origine par Pascale Breugnot (la productrice « charognarde » de Guibert), filmée à la truelle par Joël Santoni, interprétée à la godille par des comédiens pour certains de talent : Anny Duperey, Philippe Khorsand (Palace !) et l’idéal Bernard Lecoq (immense Docteur Gachet face à Jacques Dutronc dans le « Van Gogh » de Maurice Pialat) – le reste du casting familial étant fait de vedettes d’épouvantables soaps français…
Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? Et moi, qu’est-ce qui me pousse à enregistrer et regarder dans la nuit ce petit tas d’aventures souvent idiotes d’une famille recomposée à la sauce Benetton ? Je n’en sais rien, mais cela fait sept ans que cela dure. Sans la moindre honte. Rappelons que le président Mitterrand, à la lecture des confessions de sa fille Mazarine, se passionnait bien pour Dallas et jubilait à la cruauté et aux infidélités de JR…