Je n’y étais pas, tout occupé à mes aventures toulousaines et les échos du triomphe de José Tomas dans les arènes de Madrid en ce début juin me sont venus tardivement. Deux toros, quatre oreilles et le public de Las Ventas conquis. Au lendemain, les journaux espagnols n’en pouvaient plus de dithyrambe et criaient au génie. Quelques images de mauvaise qualité circulent sur le net. La maestria de Tomas face aux toros crève, malgré tout, l’écran : élégance de la pose doublée de tristesse dans le regard, fermeté de la ligne, respect de l’animal. Le toro suit le moindre geste du torero, comme hypnotisé. José Tomas est grand.
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Archive de la catégorie ‘Tauromachie’
Triomphe madrilène pour José Tomas
Samedi 21 juin 2008José Tomas trompe encore la mort
Mercredi 7 mai 2008
José Tomas dans les arènes de Madrid © DR
Il a l’élégance d’un guépard viscontien. Il est comme le dernier des hommes. Sombre dans l’extrême maîtrise de soi et peut-être la mélancolie même. De lui, on a raconté les vertiges de la dépression, l’abandon des torils et le retour plus beau encore. La dernière semaine, à Madrid, à l’instant de l’estocade, le toro n’a pas voulu mourir sans une charge ultime, blessant José Tomas au cou. Malgré le sang et la douleur, il est resté dans l’arène pour achever le combat. Ensuite, l’infirmerie, l’anesthésie et la vie finalement hors de danger. Demain, il ne sera pas dans les arènes de Nimes, où la Féria de Pentecôte devait une fois nouvelle le consacrer, lui qui n’avait accepté que ce seul engagement en France. Une méchante fortune nous avait empêchés de nous procurer le sésame d’un moment certainement inoubliable de tauromachie. Nous le voyions déjà, le regard si triste, éperdu d’infini et de délicatesse face à la bravoure du toro, silhouette élancée découpée dans le sable d’or et de sang. Ce soir, souhaiter son prompt rétablissement et guetter le jour à venir de son retour.
Une féria d’Arles sans soleils
Dimanche 23 mars 2008
José Maria Manzaneres © Frédéric Speich
On aura beau dire, on aura beau faire les autruches en déplorant un week-end de Pâques cette année très précoce : les deux premières courses de la Féria de Pâques en Arles ne laisseront pas un souvenir impérissable aux aficionados qui avaient fait le déplacement pour jauger de la bonne forme de leur toréro favori avant les grands rendez-vous de la Pentecôte et de l’été.
Accueilli dans un vent glacial et par une pluie menaçante, rangé comme des sardines par l’épicier Jalabert, il fallait du courage pour tenir plus de deux heures face au peu d’allant des toros qui laissaient Juan Bautista pourtant auréolé d’un portrait par Francis Marmande dans Le Monde, Joselito Adame, José Maria Manzaneres, El Cid comme désarmés. Enrique Ponce et El Juli tirèrent avec professionnalisme quelques passes habiles à leurs toros, mais d’incandescence et de ferveur dans les arènes arlésiennes, il n’y en eut pas… Qu’à cela ne tienne, de nouvelles promesses de bonheur tauromachique déjà nous attendent et notamment le mano à mano José Tomas / Sébastien Castella dans les arènes de Nîmes à la Feria de Pentecôte… Avec eux, la magie souvent opère…
A noter la création d’un Observatoire des cultures taurines, emmené par André Viard, Francis Wolff et quelques autres (Michel Vauzelle, président de la région PACA, Hervé Schiavetti, maire d’Arles) pour ne pas laisser l’Alliance anti-corrida tenir le haut du pavé et réussir à interdire l’accès des corridas aux mineurs.
Nimeno II en lumière
Mercredi 12 mars 2008
La statue Nimeno II devant les arènes de Nîmes © DR
C’était il y a quelques jours. La Dépêche du Midi, quotidien régional de Toulouse et Midi-Pyrénées, partenaire de nombreuses ferias dont celle de Fenouillet (25 – 29 juin 2008) recevait les clubs taurins de la région et des aficionados, habitués des chroniques taurines que le journal a la belle idée de proposer à ses lecteurs pour rien perdre des temporada française, espagnole et sud-américaine. Vin de pays et mets régionaux, la famille Baylet sait recevoir. Avant ces agapes, une lecture musicale d’Alain Montcouquiol nous a remis à l’oreille de très beaux textes évoquant la tauromachie. Il est, lui, l’un des tout premiers toreros français de l’après-guerre et l’auteur d’un récit bouleversant « Recouvre-le de lumière », paru aux Editons Verdier dans la collection « Faenas » de Jean-Michel Mariou. Un hommage à son jeune frère Christian, mieux connu sous le nom de Nimeno II, torero d’exception, homme blessé de ne plus pouvoir toréer qui mit fin à ses jours en 1991 d’un bout de corde dans son garage. Qu’on soit partisan ou non des courses de toro, ce texte est un splendide appel de la fraternité…
Jose Maria Manzanares II : un torero en vogue
Dimanche 20 janvier 2008C’est la nouvelle coqueluche des arènes. Il faisait cet hiver les belles pages de Vogue Hommes International, photographié par Peter Lindbergh, entre James Franco, Etienne Daho et d’autres garçons nus sous leur manteau de fourrure. En Espagne, il est classé parmi les Espagnols des plus élégants, chemise oxford parfaite, petit pull rose de bonne famille ralphlaurenisée. Ici, on est torero de père en fils. José Maria Manzanares, deuxième du nom (Alicante, 1982), a repris le flambeau, le sens aïgue de la métrosexualité en plus. Espérons que, dans les arènes d’Arles, au samedi de la Feria de Pâques, il fera la démonstration d’une pareille maîtrise de son « toreo »…
Feria de Pâques, Arènes d’Arles, 21 – 24 mars 2008.
La coleta de Denis Loré
Mardi 1 janvier 2008
Denis Loré dans les arènes d’Arles © Christophe Chay
Sur la mélancolie des férias 2007, il nous faut revenir. En couverture du Midi Libre, Denis Loré, torero nîmois désormais retiré, raconte l’émotion de sa dernière corrida. Nous étions 13 000 ce dimanche 16 septembre dans les arènes de Nîmes. La presse nous avait appris la mort de son père, l’avant-veille. Etait-ce cette indiscrétion mêlée de l’admiration des aficionados pour les vingt-deux années de carrière de l’homme du pays qui nous fit tous chavirer ?
Dans une arène fragile comme du cristal, on vit Denis Loré perdre sa coleta et s’offrir un ultime triomphe. La coleta ? Ce chignon, postiche, que les toreros portent près de la nuque et qu’un confrère leur coupe lors de leur dernière corrida. Magie de la tauromachie qui apprend les rituels et, plus encore, à les respecter.
Sur la piste, après l’embrassade des trois frères endeuillés et des compagnons de la cuadrilla, vint le salut du torero à la foule. A son passage, ce furent mille œillets blancs qui jaillirent, couvrant le sable de neige…
Dernier combat, un des plus redoutés, où l’idéal de bravoure rivalise avec une prudence compréhensible. Pourtant, Denis Loré torée au plus près du toro, frôlant de rien les cornes, au point de déchirer son costume et de terminer le combat dans un habit d’infortune. Blessé de ne pas conclure d’une belle estocade, sonné par l’émotion qui court le « callejon », il pleure.
Reviendra-t-il un jour comme tant d’autres incapables de quitter les cercles furieux de sable et de sang ? « Non, jamais… Parce que je ne peux trahir ce 16 septembre. Et puis parce que ma coleta… elle repose avec mon père ».
« Denis Loré : Je sais que je n’ai pas une saison à préparer », Midi Libre, 26 décembre 2007.
Mélancolie d’or, de sable et de sang
Mercredi 26 décembre 2007
© José Tomas / Juan Pelegrín Corbacho, Galerie Camposy Ruedos
Pourquoi est-ce la mélancolie le sentiment dominant à l’évocation de la temporada 2007 ? De Béziers à Nîmes, en passant par les arènes d’Arles, il y eut pourtant de beaux moments. Des temps de fièvre à l’attente des toros dans le soleil de l’arène et des beaux gestes des fougueux El Juli, Miguel Angel Perrera et Enrique Ponce. Des polémiques avec les militants anti-corrida provoquant les couvertures estivales des grands quotidiens : on attend toujours que le Grenelle de l’Environnement accouche de décisions – protégés, que nous sommes, par le Président Sarkozy, les ministres Fillon, Bachelot, fervents aficionados. L’année des adieux, nécessaires, de Cesar Rincon et, déchirants, de Denis Loré dans des arènes de Nîmes bondées, pleines de larmes. Celle des forfaits de Sébastien Castella, anémié, et de Morante de la Puebla, déprimé. Enfin, le retour du divin José Tomas. Mais est-ce lui, alors, qui donne le ton de ces semaines à courir d’une course l’autre, de Pentecôte à Riz en passant par les Vendanges ? Dans le mouvement de son courage étincelant à la charge du toro, me reste, aussi, le regard sans cesse triste d’un homme qui partit un jour mais revint irrésistiblement aux toros. Hanté par la légende de ses trophées anciens, narrés avec émotion et respect par Jacky Durand dans un petit livre essentiel à l’aficion…
José Tomas Roman, Jacky Durand, Actes Sud, 2007.