Archive de la catégorie ‘Tauromachie’

L’ombre de José Tomas à Bayonne

Jeudi 18 août 2011

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José Tomas © Patrick Bernière / Sud Ouest

C’était un vent timide et frêle, le José Tomas que nous avons retrouvé à Bayonne. Toros sans bravoure, Tomas comme soleil absent. Qu’importe, nous irons, ardent, le 18 septembre aux arènes de Nîmes, espérer la grande magie.

En attendant le retour de José Tomas

Dimanche 24 juillet 2011

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José Tomas à Valence © Reuters / HO

Il est l’homme attendu, comme la grande providence des arènes. José Tomas n’a sans doute pas brillé pour son retour à Valence ce samedi après sa blessure au Mexique en avril 2010, mais qu’importe le monde de la tauromachie française l’attend à Bayonne le 7 août, puis le 18 septembre à Nîmes en clôture de la Feria des vendanges. Une attente si fanatique et si pieuse qu’elle en agace aussi plus d’uns dans les rangs… Pourquoi lui ? Une réponse, pas de réponse, des réponses. Parce que c’était lui, parce que c’était nous… Soyons plus clair ? Sa témérité. Parce qu’il est le rêve de l’élégance tauromachique et son désespoir aussi, homme de mille coutures et de dépressions dominées par la fièvre du toro dans l’arène. Parce que l’homme rare, secret et blessé appelle immensément notre consolation. Lisez Denis Podalydès (La peur matamore, Le Seuil), lisez Jacky Durand (José Tomas Roman, Actes Sud) : ces deux livres sont de belles entrées en religion…

A lire également :
- Retour sensationnel de José Tomas à Valence, par Francis Marmande (Le Monde).

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José Tomas à Valencia, samedi © Daniel Ochoa De Olza / AP

Feria 2010 : jours tranquilles à Béziers ?

Mardi 24 août 2010

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Jose Maria Manzanares © DR

Béziers ! Toujours la même fièvre alors que vient le 15 août. La ville est transformée en kilomètres de bars et de buvettes, où il est de rigueur d’écouter chansons à boire et autres hymnes de ripailles dont le maître étalon semble être le petit bonhomme en mousse de l’animateur Patrick Sébastien.
Quitter la ville pour rejoindre les arènes ? Impossible. Le chemin des arènes sert de terrain de boisson à la population locale dont l’amour du toro semble indexé sur la formidable machine à cash que représente l’animation estivale – les courses de toro se doublant, à la nuit tombée, de spectacles de vedettes déchues ou déclinantes.
Si le climat ne vous semble pas propice, il faut alors arriver tard et repartir au plus vite, se glisser tant bien que mal dans l’arène. On crie, on pousse, on s’apostrophe avec force gueulantes et déglutition de bière bon marché. Dans l’arène, le silence vient avec peine, sans cesse interrompu par un gueulard qui réclame un peu de musique pour accompagner les passes plus ou moins heureuses du toréro. D’autres créatures, du genre cagole, string apparent, accent idoine, peau et chevelure brûlés de soleil, font causette, dans l’indifférence de la course qu’elles peinent sans doute à suivre… Se concentrer sur le paseo dans cette jungle alcoolisée et fardée relève de l’exploit. On suit cependant avec vaillance les belles manières de Sebastian Castella que l’on a connu plus glorieux. On s’ennuie avec Morante de la Puebla, définitivement inégal dans ses combats, tantôt brillant et inspiré, tantôt poussif et colérique sans qu’on parvienne à s’attacher à la figura. Enrique Ponce se maintient, imitant désormais l’intrépide Castella pour recueillir les faveurs du public. Et vient le dandyesque Jose Maria Manzanares, tout juste sorti des pages du Vogue italien. Figure délicieuse, cambrure d’ambitieux, il a fait des ravages sans pourtant véritablement triompher. Sa classe certaine vous faisait tout de même oublier les beuglants et les jacassantes…

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Jose Maria Manzanares © Bruce Weber

El Juli, premier de rentrée à la Féria d’Arles

Dimanche 4 avril 2010

C’était la rentrée, avant-hier, aux arènes d’Arles. Veste noire, chemise blanche, chapeau, cigare pour ces messieurs, dames en variations Lacroix maintenant que le maître a fermé boutique, enfants et adolescents tentant une évolution street-wear mais la rigueur vestimentaire est à la mesure de l’événement. Arles défend son patrimoine tauromachique, les aficionados les yeux couleur sable et sang, prêts à porter l’épée contre les anti-corridas qui secouent les provinces espagnoles, les moins fervents l’œil précisément sur leur tiroir-caisse.

Dans l’arène, rien ne pesait bien lourd. Six toros sans allant, perdant tempérament et parfois sabot au mitan de la course, désespérant. En face de ces égarés, trois toreros de faible relief : Marco Leal, prenant alternative des mains d’El Juli, dernier venu de la lignée Leal, corps ferme, vigueur de jeune premier, technicien d’arène sympathique. Après lui, vient El Juli qui s’en tira à bon compte, trois oreilles à l’escarcelle, sans qu’on ait envie de le porter en triomphe. A nouveau, comme en chaque rentrée, il faut s’y faire, Sébastien Castella déçut. Le feu-follet, qui nous fait cavaler de Paris à Arles et retour, avait le toro ailleurs. Ni feu, ni flamme dans son toréo. Décevant.

Féria de Pâques, Arles, jusqu’au lundi 5 avril 2010.

Sébastien Castella en triomphe à Nîmes

Dimanche 20 septembre 2009

Décidément, les « figuras » de la temporada 2009 n’auront pas laissé de grandes émotions dans les arènes françaises. On se souvient, encore malheureux, des échecs de José Tomas à Bayonne fin juillet et on oubliera très vite la pâle prestation de Morante de la Puebla ce dimanche à Nîmes dans un mano a mano attendu avec Sébastien Castella. Le torero espagnol fit trois tours et s’en fut sans le moindre trophée après trois faenas plates et déconcentrées. Les dames méchantes – elles sont légions sur les bancs des arènes nîmoises – mirent en doute sa souplesse, lui reprochant un embonpoint naissant, contrariant toute vélocité. Les mêmes firent une nouvelle fois les yeux de Chimène à l’intrépide Castella. Le petit prince est devenu Roi. Incontestablement. Il offrit deux séquences d’exception et laissa l’assistance chavirée par tant de bravoure au combat. Il quitta l’arène en triomphe, nos mains rougies de tant d’applaudissements.

Bayonne : un Tendero de jeunesse

Jeudi 20 août 2009

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Miguel Tendero © manon 71 / flickr

Juste un mot comme le dernier rayon de soleil avant que l’ombre ne recouvre l’arène. Un mot pour saluer la fougue de Miguel Tendero, jeune matador de toros qui faisait sa présentation à Bayonne le 15 août dernier en remplacement de Morante de la Puebla blessé. Il fut face au pâle et aphasique Julio Apparicio et un José Maria Manzaneres bien frileux l’éclat de cette journée, se plaçant fort devant les toros, leur arrachant quelques passes de panache et ne résistant pas au plaisir des applaudissements. Sa faena encore hachée, têtue, maladroite autant que brouillonne est à ses débuts, rappelant en bien des gestes les manières du jeune Castella. Celui d’avant les blessures et autres anémies. La voie Castella comme déjà une école de bravoure.

Ombres sans soleil sur les arènes françaises

Vendredi 14 août 2009

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Morante de la Puebla © DR

Il a une allure folle, dandy écarlate au milieu de l’arène. Et un talent de même tempérament. A la ville, l’homme est élégant, chapeau melon et cigare au bec. On lui connaît aussi de sublimes foulards, qu’il porte à l’ancienne. On l’attendait avec ferveur dans les arènes de Bayonne. Blessé, il ne sera pas au rendez-vous, remplacé par un inconnu, Miguel Tendero. Après un José Tomas au triomphe modeste la semaine passée, une navrante corrida d’ouverture à Béziers ce jeudi, l’humeur est vagabonde. Noël Morato, subtil chroniqueur taurin, en rajoute ce matin dans « L’Hérault du jour » : « Béziers sera toujours l’arène des surprises, est celle qu’on a connu en fin de corrida hier soir est de taille. Au dernier toro, Sébastien Castella, après une faena de qualité, n’a pas entendu de pétition d’oreille. Impensable, mais si vrai, et si ressemblant à l’aficion biterroise, que cela ne vaut qu’un qualificatif : médiocrité ». Après cela, qu’espérer ?

Tomas et Castella : l’éclat du courage

Lundi 10 août 2009

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José Tomas © DR

Bayonne ! Quelle tristesse que ton public ne soit pas à la hauteur du cartel d’exception présenté le 13 août dernier en ouverture d’un week-end tauromachique de belle tenue. El Fundi, l’ancien et encore sûr de lui, le messianique José Tomas et l’intrépide Sébastien Castella. Une affiche de grands tempéraments et l’une des brochettes les plus élégantes de la temporada 2009. Personne ne s’y était trompé, les arènes étaient pleines – trop pleines peut-être d’un public venu aux jeux du cirque, gueulant à déconcentrer les toreros, téléphonant, photographiant à coup de flashs bruyants, réclamant musique, oreilles et queue comme on agitait autrefois des petits papiers aux Jeux de 20h00, agitant de manière désordonnée ses mouchoirs blancs (bouts de sopalin, sortis de la cuisine, pliés en deux), et demandant encore la grâce d’un toro pas plus brave qu’un autre. Un cauchemar, avouons-le.
Sur le sable, on attendait José Tomas, ce fut Sébastien Castella qui tira le mieux son épingle du jeu. Le garçon, remis de ses blessures et ses anémies physiques et psychologiques, tenait la forme et fit la démonstration de son grand talent. Légèreté, intrépidité et ce courage hallucinant face au toro qui fait de lui le plus élégant et le plus courageux des toreros français, très loin devant le pâle et sérieux Juan Bautista. Et Tomas, alors ? Pas de chance, son lot de toros n’était pas à l’enjeu de cette dernière apparition de l’année dans les arènes françaises. Le maestro donna le meilleur de lui-même, danseur immobile d’un tango plus que triste. Regard perdu dans la violence des assauts du toro, à frôler la mort avec la tempérance d’un capitaine au long cours, José Tomas déploya la magie de sa faena malgré tout. Une discipline de fer devenue séduction, le mutisme comme le plus grand des charmes, tristesse et mélancolie attachée à la taille mince, boucle de cheveux en poivre presque sel au vent qui se levait, timide, sous le ciel couvert, José Tomas toréait ses bêtes de mauvaise fortune. Impassible, le grand homme triste.

José Tomas : l’attente des fêtes de Bayonne

Jeudi 23 juillet 2009

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© The Guardian

Revenir… revenir à ce blog, le mois de juillet, et plus encore celui d’août offrant plus de temps et la longue distance pour tenir au quotidien cette heureuse messagerie. Oui, revenir avec une image parmi plusieurs autres de la semaine, du mois, du trimestre. L’image d’un maître, le toréro espagnol José Tomas qui fera l’événement dans les arènes de Bayonne le 7 août prochain. Un seigneur parmi les très élégants El Fundi et Sébastien Castella. On y sera, j’y reviendrai…

Plaza de Toros, Bayonne, août – septembre, 2009.

Castella torero : la lumière des étoiles mortes

Lundi 8 septembre 2008

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Sébastien Castella © DR

Il voulait « mettre de la folie dans les gradins » à Béziers le 15 août dernier. On en garde plutôt le souvenir d’une fête assez triste. Le vent, des toros sans allant et toutes les explications du monde… L’adage espagnol s’est vérifié une nouvelle fois : « corrida d’espectacion, corrida de decepcion ». Traduisez : « corrida de grande espérance, corrida décevante ». Mais qu’est-il arrivé à Sébastien Castella ? Espoir impétueux devenu star absolue de la corrida en 2006, il ne reste deux saisons plus tard que l’ombre de lui-même. Superbe dans son habit de lumière noir, il semble porter le deuil de sa magnificence. Des blessures, bien sûr, lui qui toréait si près des cornes, des convalescences négligées pour retrouver au plus vite le sable des arènes, la pression des impresarios et de son entourage, on peut imaginer, le succès, l’argent… Castella le Magnifique traîne aujourd’hui la patte, échoue régulièrement à l’estocade. Dépassé par José Tomas, Morante de la Puebla, Miguel Angel Perrera ou même José Maria Manzanarès II. Parfois de beaux gestes rappellent les temps anciens, les gradins soulevés de passion mais l’émotion n’est plus la même et la ferveur des aficionados s’en ressent. Nous voudrions tous vibrer, retrouver intacte la fièvre de ses grands soirs mais le feu-follet biterrois a disparu, laissant la place à un pantin timide aux cheveux longs, près du toro encore, sensible toujours mais désincarné. Sommes-nous injustes, brûlant ce que nous avons adoré ? Peut-être. Les arènes d’Arles ou du Sud-ouest lui ont claqué la porte au nez. De rage, blessé de ces mauvaises manières, Sébastien Castella a accepté un combat nîmois inutile : seul face à six toros à la féria des vendanges. Pour rivaliser avec l’ennuyeux El Juli, plus constant que lui, éternel numéro 1. « Mon cœur m’a dit de le faire. Je voulais frapper un grand coup en fin de saison. C’est une façon de répondre aux arènes qui m’ont exclu ». Espérons que ce ne sera pas le combat de trop et que ce mois de septembre annonce la résurrection du Magnifique.

Sébastien Castella face à six toros, Feria des Vendanges, Arènes de Nimes. Le 20 septembre à 17h00.

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