Une somme. 875 pages, index compris. A cette époque, les journalistes les plus éminents ne tenaient pas de blog tel l’excellent Jean-Michel Apathie. Pas de blog, mais de solides carnets. Ceux-là même que Michèle Cotta ouvre aujourd’hui et décide de livrer aux curieux des arcanes de la vie politique française.
Le premier tome de ses « Carnets secrets de la Ve République » court de 1965 à 1977. De la première présidentielle au suffrage universel au début des années Barre. Du journalisme au cœur du pouvoir. « Embedded », dit-on aujourd’hui avec beaucoup de défiance. Mais c’était le temps d’avant la communication politique et les chaînes d’information continue qui broient, asphyxient désormais l’homme et le temps politiques – et pourtant déjà une révolution. Françoise Giroud, patronne de l’Express envoyait alors ses amazones – Michèle Cotta, Catherine Nay, pour les plus illustres – salle des quatre colonnes à l’Assemblée nationale recueillir les confidences des politiques.
Frémissement du « microcosme politico-médiatique », cher à Raymond Barre ! De la même manière que les « Journaux » de Françoise Giroud ou de Jacques Julliard révélaient cette société d’extrême connivence, les notes de Michèle Cotta racontent les premières heures d’un déferlement annoncé… dont le sommet ou l’ironie, restera, pour elle, ce débat des élections présidentielles 1988. Beaucoup furent étonnés de sa présence : elle, qui avait connu une telle « intimité » avec les deux candidats.
Carnets secrets de la Ve République, Michèle Cotta, Editions Fayard. Prochain tome, en octobre.
L’année des dupes, Jacques Julliard, Le Seuil, 1996
Journal d’une parisienne, Françoise Giroud, Le Seuil (plusieurs tomes, en poche)