Jean-Christophe Rufin © Stéphane de Sakutin
A lui aussi, la Sarkozye aura tout donné – un prestigieux poste d’ambassadeur au Sénégal, illustration de la nouvelle diplomatie française, à l’heure de l’heureuse ouverture kouchnerienne – et soudain, au nom des intérêts supérieurs de la France en Afrique et à la manière de ce pauvre monsieur Bockel, tout repris. Ne le plaignons pas non plus, peut-être qu’à partir du 30 juin, date à laquelle il a décidé « unilatéralement de quitter ses fonctions », ses collègues du Quai Conti auront le plaisir de le croiser davantage aux séances du dictionnaire de l’Académie Française. La politique africaine de la France se fait à l’Elysée, Monsieur Rufin ! Le vice-président Guéant la dirige d’une main de fer, sans le moindre gant de velours, entouré de ses émissaires attitrés, Robert Bourgi entre autres.
Le président Wade n’en pouvait plus de ce serviteur de l’Etat français, épris des nobles valeurs d’égalité, de fraternité et de liberté. Il aurait encore eu cette phrase malheureuse au détour d’une télégramme diplomatique, à propos d’investissements supplémentaires demandés par le président sénégalais sans exigeance de réformes démocratiques. Tout crédit octroyé reviendrait à « fournir à un toxicomane la dose qu’il demande, mais qui le conduit un peu plus sûrement vers sa fin ». Wade père et fils n’ont pas aimé, le téléphone a sonné à l’Elysée. On a proposé au turbulent ambassadeur de diriger l’ »Institut français », la nouvelle agence de promotion de la culture française à l’étranger. Il a refusé, faute de crédits et de prestige suffisant. Las, rupture des négociations, ces jours-ci, alors qu’on célèbre de par le continent le 50e anniversaire des Indépendances africaines : l’ambassadeur Rufin sera remplacé à la fin du mois par un vieux routier du continent africain Nicolas Normand. Fini de jouer les Paul Claudel, retour au macadam parisien, avec une furieuse envie de flinguer du Sarkozy, semble-t-il…