Archive de la catégorie ‘Photographie’

Hedi Slimane au Musac : l’image d’attente

Mardi 19 février 2008

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© Hedi Slimane / Musac

Une première image. Une image d’attente. Avant de découvrir à partir du 17 mai 2008 l’exposition-événement d’Hedi Slimane au Musac, musée « pour le 21e siècle » de Léon en Castille (Espagne). Sur le site Internet du musée d’art contemporain, on n’en apprend guère davantage. Sont également annoncées aux mêmes dates, avec la même économie d’informations, les expositions de Dominique Gonzalez-Foerster
, Ana Laura Aláez
 et Carmela García
.
Pour l’ancien révolutionnaire du vestiaire masculin de la maison Dior, dans une interview récente à « Playboy », il s’agit de « documenter » le Benicassim Festival de juillet 2007 où brillaient la fine fleur rock du moment : Iggy & The Stooges, Nouvelle Vague, Dinosaur Jr, Amy Winehouse, Cassius, Muse, Unklle.
« Documenter » ? Le mot est à la mode. Il accompagne la démarche de nouveaux artistes « multimédias », cherchant à rassembler divers « documents » artistiques pour épuiser une idée, un sujet en un parcours vidéo, sonore et photographique… L’exposition d’Hedi Slimane « Perfect Stranger » à la galerie Almine Rech cet hiver à Paris, passionnante sur le plan photographique, plus faible sur les installations en dressaient les contours. Cette nouvelle image – tranquille garçon de jeunesse, nu sous son pull capuche – est de cette veine-là. Espérons alors qu’au Musac nos grandes espérances seront comblées…

Musac, Musée pour le 21e siècle, Léon (Castille, Espagne).

Harry Gruyaert près de tout rivage…

Samedi 16 février 2008

Comment croire que l’une des plus belles expositions photographiques du moment se trouve comme perdue au milieu des marques de luxe du Bon marché Rive gauche ? Au sous-sol du temple des anciennes Dames de France, en un large espace, Harry Gruyaert, photographe (né à Anvers en 1941) de l’impeccable agence Magnum, nous offre ses plus beaux rivages. Plages d’Ostende et de la mer du nord, paysages colorés d’Inde ou verdoyants d’Irlande, éclairés de rares humanités, ciels chargés de pluie et champs gras de la Côte d’Opale, le voyage vaut le détour.

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© Magnum

Michael Stevenson Gallery : l’oeil du Cap

Samedi 2 février 2008

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© Guy Tillim

Michael Stevenson Gallery, Cape Town (Afrique du Sud). Sans conteste la plus belle galerie mêlant art contemporain et photographie de toute l’Afrique et le regard le plus intéressant sur la photographie africaine de nos jours. On y croise David Goldblatt, actuellement exposé, mais aussi Youssef Nabil, Willem Boshoff, Pieter Hugo, Wim Botha… Il y a deux ans, les Rencontres internationales de la photographie de Bamako, coordonnées par Simon Njami, donnait carte blanche à la galerie qui proposait de découvrir le travail formidable de Guy Tillim sur Johannesburg dans une installation de fortune, photographies superbement encadrées posées sur des chaises de classe, dans la Pyramide de la jeunesse de la capitale malienne. Ces photographies, celles d’un chaos total, humanité perdue d’exode rural en townships, corps blessés par la précarité dans un désordre de détritus et de misère, ont été publiées en 2005 par les Editions Filigranes.

Le site de la Michael Stevenson Gallery

Youssef Nabil : le grand sommeil

Samedi 2 février 2008

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Marc © Youssef Nabil / Michael Stevenson Gallery

Dernières heures à Cape Town. Le temps de découvrir dans un joli album publié par la Galerie Michael Stevenson les photographies peintes de Youssef Nabil. Nostalgiques et suaves comme le parfum de son Caire natal. Certaines sont connues : elles sont régulièrement publiées par le magazine « Têtu » et ont pour motifs des garçons méditerranéens dans d’assez simples appareils. L’intérêt de ce catalogue, intitulé « Sleep in my arms » est de dépasser le cliché homo-sensible pour donner à voir une œuvre véritable dans un plus large mouvement. Des autoportraits d’abord, qui le mettent en scène dans un abandon réel. Empire du doute et perplexité. Youssef Nabil enlumine ensuite des nocturnes, peint son obsession du sommeil qui mène à la mort ou au fantasme de corps jeunes et désirés. Ces garçons endormis sont autant de fantômes alanguis, tremblant de rêves qui pourraient aussi être des cauchemars d’amours contrariés.

Le site de Youssef Nabil

Livret de famille !

Mercredi 30 janvier 2008

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PFC Heather Ragan, 19, Oklahoma City, from the series « Young American Soldiers in Aghanistan » © Chad Hunt

Chaque année, la national Portrait Gallery de Londres ouvre ses salles au Photographic Portrait Prize. Des prix conséquents sont remis aux meilleurs photographes portraitistes, un catalogue de bonne facture est en vente à la librairie du musée. Une nouvelle fois, la sélection internationale 2007 est de haute volée. Les images se suivent, marquant des univers et des situations très différentes mais formant dans le regard des photographes une grande famille, humanité fragile saisie dans la guerre ou la pauvreté, personnages près de la monstruosité par la laideur de leurs intérieurs, physiques esquintés par la graisse ou la maladie, natures mortes et jeunesse virevoltante. L’ensemble se découvre avec un très grand plaisir, et plus encore dit l’état du monde avec une acuité rare.

Photographic Portrait Prize 2007, National Portrait Gallery, Londres, jusqu’au 24 février 2008.

Sur la route de Jari Silomäki

Vendredi 18 janvier 2008

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© Jari Silomäki

Il y a du Duane Michals chez Jari Silomäki qu’on tiendrait volontiers pour un excellent compagnon de voyage. Né en 1975 à Parkano en Finlande, après des études de photographies, d’art et de design, Jari Silomäki vit et travaille à Helsinki. Découvert dans le cadre de l’exposition « Nature of the evil » au Musée national de la photographie d’Helsinki, il a déjà derrière lui une œuvre exposée en Italie, Hongrie, France, Grande-Bretagne, Suède, Australie dont le caractère ludique ne doit pas faire perdre de vue que nous sommes en présence d’un vrai artiste, doublé d’un poète photographie. Le cheveu bouclé, la barbe de quelques jours en broussaille, il arpente le monde comme ses photographies puis vient les commenter d’une phrase poétique et sensible. Un autre photographe finlandais à découvrir !

www.jarisilomaki.com

Philip-Lorca diCorcia : 1000 !

Vendredi 18 janvier 2008

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Wellfleet © Philip-Lorca diCorcia

1000 ! 1000 photographies merveilleuses de Philip-Lorca diCorcia, rassemblées en un bel album de papier-bible par les éditions Steidl. Et rien à jeter. Paysages américains, quotidiens de passants, objets et scène de vie quotidienne : le temps suspendu d’une fraction de seconde que le photographe rend gracieux, irradie d’une lumière nouvelle comme un hymne à la vie sans romantisme, ni lyrisme.

Thousand, Philip Lorca-diCorcia, Steidl Editions.

Les femmes fantômes d’Aino Kannisto

Vendredi 18 janvier 2008

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© Aino Kannisto

Voir des photographies à en perdre le regard : c’est parfois notre sensation. Trop de spectacles d’images vaines à force de musées et d’expositions… Mais quand votre regard croise celui, inoubliable, d’Anno Kannisto : c’est une autre histoire, comme une renaissance !
Ce sont des scènes photographiques qui d’emblée sembleraient sans relief, fades ou fanées. Quelque chose d’un aimant vous attire pourtant au plus près d’elles. Aino Kannisto (Espoo, Finlande, 1973) se met elle-même en scène en se grimant et en se costumant. Influence directe de Cindy Sherman ? Non, parce que ses photographies évoquent avant tout des états d’esprit, des atmosphères, ou des scènes de la vie de femmes imaginaires… qui peuvent finir la tête la première dans une poubelle… Et c’est au bord de ce précipice fait de gestes quotidiens, portée par ses propres femmes fantômes qu’Aino Kannisto excelle à nouveau rendre inquiet. La raison même de la photographie.

www.m-bochum.de

Rive gauche à Paris : si tendre soit la nuit…

Mardi 15 janvier 2008

Si tendre soit la nuit elle passe / Oh ma Zelda c’est fini Montparnasse / Miles Davis qui sonne sa Greco / Tous les morts y sonnent leur Nico / Rive Gauche à Paris / Oh mon île Oh mon pays / De musique et de poésie / D’art et de liberté éprise / Elle s’est fait prendre elle est prise / Elle va mourir quoi qu’on en dise / Et ma chanson la mélancolise…
La chanson de Souchon en quittant la Closerie des Lilas hier soir où Sandrine Roudeix recevait pour le premier accrochage parisien de ses photographies. Des écrivains et des sièges de toute sorte, des photographies espiègles, faites de l’amour des livres. Ainsi un très beau Beigbeder, sympathique Monsieur Hulot, suivi de quelques chaises !
Autour d’elle, des éditeurs, des journalistes et plusieurs écrivains qu’elle avait photographiés : Dan Franck, Jean Rouaud. Arriva Philippe Sollers et la fidèle Josiane Savigneau. Ils ne restèrent pas longtemps, saluèrent quelques amis et sortirent sur la terrasse. On ne fume plus à la Closerie des Lilas…

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Philippe Sollers © Thierry Dudoit / L’Express

Le site de Sandrine Roudeix, reporter-photographe.

Nan Goldin : à la vie, à la mort

Vendredi 11 janvier 2008

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Guido on the dock, Venise, 1998 © Nan Goldin

Ce sera peut-être sa « Chapelle Sixtine », son chef d’oeuvre, son plus beau sourire… En 2007, Nan Goldin a reçu le très prestigieux Prix Hasselblad que beaucoup tiennent pour le Nobel de la photographie. Ses précédesseurs témoignent du goût assez sûr du jury : Sidibé, Cartier-Bresson, Sherman, Eggleston, Strömhölm, Frank, Penn, Wall, Friedlander !
Pour l’occasion, les Editions Steidl publient une compilation idéale (osons le dire ainsi) des photographies de Nan Goldin. Nombre d’entre elles sont bien connues. Apparaissent, de tant à autre, quelques clichés pris en 2007 mais l’essentiel n’est peut-être là…
Le plus touchant réside, pour qui aime Goldin absolument, dans les remerciements publiés en fin d’ouvrage. Ils se présentent sous la forme du discours prononcé par Nan Goldin lors de la réception du Prix à Göteborg. Ces lignes sont magnifiques. Elles disent la géographie généreuse, amicale et sensible de la photographe. On y croise la famille, bien sûr : les parents, Simon le neveu ; des galeristes et collaborateurs chéris, sans doute pour beaucoup épuisés à force d’exposition, de doute, d’angoisse, de dépression et de nuits sans sommeil ; les amis échappés des photographies : Guido Costa, Clemens Schick, Nicolas Pages, Joanna Preiss, Siodhan Liddell, Valerie Massadian ; les amis disparus : Cookie, Greer, Kenny, Gilles… Et d’autres encore, Jean-Christian Bourcart, Claire Denis ou Maria de Medeiros. Morts ou vifs, ils forment le monde de Nan Goldin. Un univers dont on ne sort pas photographiquement indemne.

The beautiful smile, by Nan Goldin, The Hasselblad Award 2007, Steidl
Editions Steidl
Prix Hasselblad

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