
Duane Michals, Renaissance © DR
Comme le songe d’une nuit d’été mais ce peut-être un conte de toutes les saisons. Le photographe américain Duane Michals fait l’objet d’une rétrospective aux Rencontres d’Arles. L’exposition est de toute beauté et vous embarque, en deux images, dans le monde bien singulier de Duane Michals, 78 ans, connu comme portraitiste – il a travaillé pour le « New York Times », « Vogue », « Esquire » – de Magritte, Warhol, Clouzot, Robert Duvall, Jeanne Moreau, et surtout le « virtuose de la narration séquentielle ». Au Palais de l’Archevêché à Arles, en quatre salles, ses meilleures séquences (« La condition humaine », « Le voyage de l’esprit après la mort », « Le paradis retrouvé », « L’ange déchu », « Le rêve de la jeune fille », « Prends-en une et vois le Fujiyama », « La mort vient à la vieille dame ») ravissent. Elles disent un monde peuplé d’anges, d’esprits et de revenants. Entre songe et réalité, sans doute inspiré du surréalisme. Elles racontent aussi un homme, Duane Michals, fils d’immigrés, élevé par sa grand-mère – sa mère domestique, vivant chez ses maîtres – qui prend son destin artistique en main, découvre la photographie et en fait un art majeur. Chacun de ces éléments biographiques a sa part et devient un matériau dans la pratique photographique de Duane Michals.
Au-delà des images, il y encore les textes de Duane Michals, réunis aujourd’hui dans un livre aux Editions Delpire. Ses mots libres, ses poèmes accompagnent peu à peu ses séries ou instantanés photographiques, accentuant leur poésie ou marquant un engagement très clair pour les minorités, qu’elles soient sexuelles ou raciales (« Salvation »). C’est que le photographe n’a pas ses mots dans sa poche, qu’il s’agisse de la défense des noirs et des gays, de sa détestation de nombreux artistes contemporains (Tillmans, Sherman, Serrano, Prince, Wall, Weigman), Michals cogne. Ses aphorismes sur l’art et son texte « Ce qui confond art et mode », même s’il est d’une belle mauvaise foi, méritent d’être médités. On peut ainsi lire « Ne faites jamais confiance à une photographie de si grand format qu’elle ne peut trouver place que dans un musée »…
Duane Michals, The once and always now, Rencontres internationales de la photographie d’Arles (Palais de l’Archevêché), jusqu’au 13 septembre 2009.
Duane Michals, Ce que j’ai écrit, Delpire.
Duane Michals, Photo Poche (Actes Sud), avec une préface de Renaud Camus.
Lire aussi les textes d’Hervé Guibert sur Duane Michals dans « La photo inéluctablement » (Gallimard), recueil des articles de l’écrivain sur la photographie, parus dans « Le Monde. » L’écrivain photographe s’est beaucoup inspiré dans ses sujets et ses mises en scène du travail de Duane Michals.