Archive de la catégorie ‘Mode’

M’as-tu vu ? Episode 47

Jeudi 1 avril 2010

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Carla at home © Claude Gassian

Carlita s’ennuie ? Selon Europe 1, l’enseigne de mode japonaise Uniqlo a convaincu Carla Bruni-Sarkozy de créer une ligne sobre et élégante, a appris jeudi le site de L’Express. La marque devrait ainsi proposer des produits étiquetés « Uniqlo by Carla B. », précise le journal en ligne. « J’ai été séduite par l’idée de créer une ligne qui me correspondait, irréprochable quand je suis en représentation, décontractée quand je suis chez moi », a en outre indiqué la première dame de France dans un communiqué…

Est-ce Saint Laurent qu’on ressuscite ?

Mercredi 17 mars 2010

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Yves Saint Laurent © DR

On ne sait plus où donner du Saint Laurent ! Une exposition au Petit Palais, orchestrée par le fidèle Pierre Bergé qui publie chez Gallimard ses « Lettres à Yves », un album photo de Jeanloup Sieff dont la fameuse image de « Saint Laurent naked », des documentaires plus ou moins visibles (le désormais célèbre mais invisible Célébration d’Olivier Meyrou, qui a le tort, entre autres, d’être le compagnon de Christophe Girard, ennemi intime de M. Bergé), une biographie de Marie-Dominique Lelièvre (« Saint Laurent mauvais garçon », Flammarion) qu’elle revendique de ne pas avoir écrit « sous la dictée de Pierre Bergé », un petit livre mode et mal ficelé de Laurence Benaïm (« Requiem pour Saint Laurent », Grasset). Sans oublier le livre disque d’Alain Chamfort et Pierre-Dominique Burgaud (« Une vie Saint Laurent », Albin Michel), qui est sans conteste le travail de création le plus éloquent, le plus sûr de cette déferlante Saint-Laurent. C’est dit justement, chanté délicatement : tout est subtilité et distance heureuse avec la mythologie en cours de construction.

M’as-tu vu ? Episode 35

Vendredi 28 août 2009

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Lorenzo et Marc © Gamma

Il se murmure que ces deux-là, le créateur Marc Jacobs et son « boy-friend » brésilien Lorenzo Martone, sont passés devant Monsieur le maire la semaine dernière à Princetown. La rumeur lancée par le New York Post a fait le tour du monde. Bref, on en a beaucoup parlé avant, mais très peu ensuite, faute d’images et de témoins. Il semble que l’homme de Louis Vuitton ait convolé dans la plus stricte intimité, attendant des jours d’automne pour une « after-party ». A quelques heures de la cérémonie, ils paradaient à la première du documentaire de R.J. Curtis « The september issue » consacrée à « la » Wintour et à son célèbre magazine « Vogue »…

Woodstock en trompe-l’œil

Vendredi 21 août 2009

« Summer of love » sur Arte, dossiers de plusieurs pages dans la presse écrite, numéro spécial et fac-similé de Rolling Stone, impossible de passer à côté du 40e anniversaire du Woodstock Music Festival and Art Fair, plus connu sous le nom de « Woodstock », le rassemblement de la paix et de l’amour qui eut lieu à Bethel dans l’Etat de New-York, où 450 000 pacifistes et jeunes de toute l’Amérique vinrent écouter Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Joe Cocker, Carlos Santana, Joan Baez, Arlo Guthrie en pleine guerre du Vietnam. Trois journées entières dans les prés à se droguer, à faire l’amour et écouter de la musique que beaucoup n’entendirent pas, trop éloignés de la scène.
Woodstock, la fin du mouvement hippie, les beatniks, les premiers babas, plus ou moins cools : un mythe qui dure pour ceux qui étaient, comme pour ceux qui courent après… Libération, dans un dossier dominé par un bon article « historique » d’Eric Dahan, est allé à la rencontre de quelques « vétérans » dont Bobbi et Nick Ercoline. La photographie du couple, enroulé dans une couverture au lever du jour, a fait le tour du monde sur la pochette de l’album-live. Depuis, à chaque anniversaire, ils témoignent, une horde de journalistes à leur trousse. Et le plus étonnant dans l’histoire est qu’ils ne sont pas ceux qu’on attend. « Nous n’étions pas franchement hippies (…) Nous avons réalisé que très tard l’importance de cette escapade pour notre génération ». Cinq amis en goguette, des « gosses de la campagne » – ils vivent à 70 km de Bethel – vont à un festival de musique. Une opération commerciale, à l’origine, dont les organisateurs seront bientôt submergés par l’affluence. Voiture abandonnée à des kilomètres de la scène, du vin et de la bière pour la soif, ils découvrent : « Le vrai spectacle était sous nos yeux, tantôt un groupe improvisait un barbecue, tantôt une couple s’aimait, d’autres chantaient ou dansaient. Woodstock, c’était des moments volés d’intimité partagée ». Ils sont toujours ensemble. Elle vote républicain, faisant une exception pour Obama, lui démocrate. La couette ? Ils l’ont ramassée parmi les sacs à dos, chaussures et autres vêtements abandonnés. Sur la route…

Libération, Aimer Woodstock, 15 – 16 août 2009.

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Bobbi et Nick Ercoline © Burk Uzzle

Jacques de Bascher : lui terriblement

Lundi 10 août 2009

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Jacques de Bascher de Beaumarchais © DR

Jacques de Bascher, rajouter de Beaumarchais pour le faire sourire dans sa tombe. De lui, on ne savait que très peu de choses. Son portrait « allongé » par David Hockney, quelques photographies du jeune homme à la fine moustache au côté de Karl Lagerfeld, comme une carte du Tendre impossible à déchiffrer dans le miroir complaisant que tend Rodolphe Marconi au styliste allemand dans son « Lagerfeld Confidential ». Rien de plus, au point de se demander si le garçon a réellement existé, sa mort précoce en 1988 des suites du sida le faisant disparaître d’un seul coup de toutes les mémoires… Malgré les procès et les tentatives de censure, la journaliste Alice Drake nous fait découvrir le dandy, compagnon de longue route de Karl Lagerfeld et épisodique béguin d’Yves Saint Laurent dans « Beautiful people », document paru chez Denoël à l’automne 2008.
De la fin des années 50 aux adieux d’Yves Saint Laurent à la mode en 2002, son récit maladroit parfois mais documenté ressuscite l’atmosphère d’un Paris survolté, où se croisent ces enfants d’après-guerre devenus enfants terribles des années 70, pleines d’alcool, de drogues, de sexe et de fric avant qu’overdose, sida et dépression ne viennent terrasser les plus fragiles d’entre eux au milieu des années 80. Au centre de la photo : Karl Lagerfeld, Yves Saint Laurent, Pierre Bergé, Victoire Doutreleau, Betty et François Catroux, Paloma Picasso, Diane de Beauvau-Craon, Fabrice Emaer, Loulou de la Falaise et quelques autres, artistes, mannequins, créateurs dont Andy Warhol, Kenzo, David Hockney, les richissimes Marie-Hélène de Rothschild ou Hélène Rochas… Et, bien sûr, fascinant filles et garçons de son âge, Jacques de Bascher, chouan de fortune, fils de famille à particule et modeste château, homme du monde et de noblesse, cocaïnomane et noceur invétéré qui fera pour cette étincelante bande d’irréguliers des nuits plus belles que chacun de leurs jours. « Jacques de Bascher jeune, c’était le diable fait homme avec une tête de Garbo. Il avait un chic absolu. Il s’habillait comme personne, avant tout le monde. C’est la personne qui m’amusait le plus, il était mon opposé. Il était aussi impossible, odieux. Il était parfait. Il a inspiré des jalousies effroyables. Ce n’est pas ma faute si Yves est tombé amoureux de lui ! » (1). Une vie comme on n’en pourrait plus, facilitée par les largesses d’un Lagerfeld multipliant de jour comme de nuit les collaborations de Chloé à Fendi en passant par d’obscurs contrats allemands pendant que MM. Saint Laurent et Bergé bâtissent leur empire, enfermant année après année le haut couturier dans sa tour d’ivoire de solitude proustienne et d’excès de tous genres. Portraits de solitaires en groupe, figure d’une époque révolue dont seul l’astre de Karl Lagerfeld – à la manière d’une étoile morte – continue de briller au firmament d’un métier dont il dit qu’il est « éphémère, dangereux et injuste ». Tous y ont laissé des plumes, leurs vies. Alicia Drake le raconte avec précision et perspicacité, faisant de Jacques de Bascher le symbole de ce monde en larmes.

(1). Interview de Karl Lagerfeld, Elle, octobre 2008.

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A table, à la Coupole, avec Karl © DR

Meeting Dita in Paris at Crazy Horse Saloon

Lundi 16 février 2009

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Dita von Teese © DR

Retour au Crazy Horse. On ne boude pas son plaisir malgré la longue demi-heure d’attente devant le célèbre cabaret de l’avenue Georges V. C’est la foule des grands soirs pour applaudir les trois numéros de la strip-teaseuse du Michigan et ex-girl-friend du gothique Marilyn Manson. L’étiquette lui colle à la guêpière comme le sparadrap au capitaine Haddock. Mais Dita, déshabillée chic par Elie Saab, est exceptionnelle dans ce numéro de charme et le Crazy, nostalgique d’Alain Bernardin, en impose encore à quelques jours de sa reprise en main et en jambes par le chorégraphe Philippe Decouflé. Pin up rose et rouge d’abord, entourée des girls, puis brune fatale en manière de Gilda, elle termine son tour par le très fameux « bain noir », lovée au creux d’une baignoire, se donnant de la fraîcheur entre deux beaux soupirs et clins d’œils qui nous ramèneraient à l’adolescence. Scandaleuse et merveilleuse créature, charmeuse Dita.

M’as-tu vu ? Episode 20

Dimanche 25 janvier 2009

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Marc Jacobs © DR

Juste d’un mot, parce que l’ouverture du magasin a fait cet automne la une des journaux et des suppléments mode, décrire l’atmosphère de la minuscule boutique Marc by Marc Jacobs, censée renouveler la « shopping addiction » parisienne par ses mini-prix et autres gadgets tendance signés par le délicat directeur artistique de la maison Vuitton. Quelle déception que ce bric-à-brac de bottes en caoutchouc, de bijoux de pacotille et de tee-shirts faussement militants. A New-York, les mêmes « concept-stores » sont remplis de petites japonaises hurlantes qu’il faut évacuer régulièrement pour laisser un peu de place aux clients suivants. A Paris, on surveille avec des airs de mijaurées très élevées les banlieusards à casquette siglées « VL » pour qu’ils ne tirent pas la camelote…

La horde sauvage de Nan Goldin

Jeudi 8 janvier 2009

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Wild horses © Nan Goldin / Dior Homme

Kris van Assche, la jeune recrue de la maison Dior, chargée de prolonger l’instant Slimane, a confié lors d’un défilé au début de l’été, ses jeunes modèles à la désormais parisienne Nan Goldin. Le résultat : une série attachante de jeunes sud américains vigoureux s’ébrouant dans un jardin parisien que l’on a pu découvrir à Tokyo et dans quelques magazines de mode très lancés. Sens du flou, plastique parfaite, un travail intéressant à rapprocher des publicités que la photographe avait réalisées pour les transports en commun de la banlieue parisienne.

Les trésors d’un siècle Saint Laurent

Vendredi 14 novembre 2008

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Pierre Bergé devant le portrait d’Y. Saint Laurent par A. Warhol © F. de Serres

Juste pour mémoire et dans l’émotion toujours vive de la mort d’Yves Saint Laurent, ravivée ces jours-ci par la parution de la biographie croisée de Saint Laurent et de Lagerfeld chez Denoël, signaler la publication de l’enquête d’Annick Cojean sur la vente dite « du siècle », celle de la collection de Pierre Bergé et d’Yves Saint Laurent en février 2009 chez Sotheby’s. Elle s’annonce exceptionnelle et unique comme le créateur disparu et le couple que les deux hommes formaient.

La vente du siècle, par Annick Cojean, Le Monde, 27 septembre 2008.

Alicia Drake, Beautiful people, splendeurs et misères de la mode, Denoël.

Pierre Bergé, L’art de la préface, Gallimard.

Docteur Nadeau et miss Vreeland

Dimanche 28 septembre 2008

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Diana Vreeland © Horn

Il est des salles de théâtre qui vous disent d’instinct ce que le spectacle sera. Samedi, à 18h30, au Théâtre du Rond-Point, Claire Nadeau donnait « La divine miss V. ». Sur le gradin, un aéropage de garçons sensibles, quelques solitaires, des familles de théâtreux, un garçon androgyne à sa maman et des femmes âgées assez chics tendance 16e qu’on appellerait plus communément des « mémés » dont le sillage révèle une addiction aux parfums Yves Saint-Laurent. « Yvresse » quand tu nous tiens !
Mais revenons à cette miss V. V comme Vreeland. Diana Vreeland. Mémorable rédactrice en chef du « Vogue » américain, figure du Tout-New-York, Anna Wintour (le diable en Prada !) avant l’heure, immense professionnelle et monstre de colère dans la même minute, virée de son cher magazine en 1971 et consultante ensuite pour l’Institut du costume du Metropolitan Museum de New-York, où elle meurt en 1989. En 1995, Mark Hampton et Mary Louise Wilson créent en Californie puis à New-York « Full gallop », un one-woman show qui retrace la « déchéance » de la Vreeland. La pièce est un succès. Elle est jouée aujourd’hui pour la première fois à Paris dans une adaptation de Jean-Marie Besset, également à l’affiche à 21h00 avec un déplorable « Perthus », lamentablement soutenu par la vieille garde de la critique théâtrale française (Jean-Pierre Léonardini, Gilles Costaz, Jacques Nerson)…
Une histoire vraie, donc – celle d’une femme désargentée, portant toujours le deuil de son Reed de mari, cherchant coûte que coûte à refaire surface après un long voyage en Europe, servie par une Claire Nadeau au mieux de sa forme, masque blafarde et ensemble noir chic, rang de perles idoine. Une actrice dans son registre – pose snob et débit de New-Yorkaise de Lexington avenue, porte-cigarette compris - que le public connaît par le café théâtre (une complice de Coluche), la publicité (« les quenelles Petit-Jean, c’est bon, mangez-en ») ou la télévision (« Mme Foldingue » de Stéphane Collaro, « Palace » de Jean-Michel Ribes) et oublie qu’elle a joué aussi chez Michel Deville (« Dossier 51″), Claude Sautet (« Nelly et M. Arnaud »).
Pour le reste, peut-on parler de mise en scène ? Une fois installée, dans le décor lourd, reconstitution efficace de la chambre de Diana Vreeland, Jean-Paul Muel ne sait plus quoi faire de son actrice. Elle donne le texte avec un certain éclat, mais dérive très vite dans cette hystérie de rouge. Si bien ou surtout si mal que l’on s’ennuie rapidement à cette litanie de mondanités boulevardières. Une heure et quart passe jusqu’à la scène finale où la journaliste retrouve sa superbe et nous émeut, mais il est trop tard, le rideau vient de tomber.

La divine miss V., ms Jean-Paul Muel, Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 26 octobre.

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