J’aime à la folie « Point de côté », le livre-témoignage de Josyane Savigneau, paru ces jours-ci aux Editions Stock. Celui d’une femme-tempête qui, malgré une jeunesse perdue entre Châtellerault et Poitiers, a pris son destin en main avant de courir le monde à la rencontre d’elle-même et de tant d’écrivains (Marguerite Yourcenar, Philippe Roth). Femme de presse, immensément attachée à son journal « Le Monde » et à sa grandeur que certains disent aujourd’hui « passée ».
Sur quelques 300 pages, sa volonté farouche – étincelantes pages de formation new-yorkaise – et de beaux hasards la construisent. Josyane Savigneau déroule ainsi des instants précieux de sa vie avec pudeur et un humour vache qui me plaît à tomber. Le récit de ses amitiés – Philippe Sollers, Dominique Rolin, Edwige Feuillère, Juliette Gréco, Hector Bianciotti – se savoure. Des morts passent, une île devient son refuge. Sa haine et son mépris des tièdes nous rassurent sur son endurance face aux calomnies d’un Jean-Edern Hallier, aux coups de menton des Naulleau-Jourde ou aux chausses-trappes de ses collègues. Un poil de mondanité ne lui déplaît jamais. Seule parfois nous ennuie son antienne sur la lutte des classes, mais entendons qu’elle ait pu en souffrir. A preuve cette horrible sortie de Régine Deforges, la rejetant à la caisse d’un supermarché du Poitou ! Pas de temps à perdre, précipitez-vous sur ce livre, cette femme a mis un talent rare dans sa vie !
Josyane Savigneau, Point de côté, Stock. En librairie.