« Hauts murs, comme un linceul, m’ensevelissent ». La furie Pippo Delbono en ouverture d’Evento hier soir à Bordeaux. Sublime, fragile et maladroit parfois, mais tellement beau quand il cite Rimbaud, Pasolini, enflamme et rallume en plein nuit la place de la Comédie. Le public de notables bordelais (les ministres Juppé et Mitterrand compris), inculte à force de conventions, fuit. Restent sur la place les « cultureux » comme le dit ce matin une abrutie de Sud Ouest. Fallait pas l’inviter, le Delbono ! Il ne faut pas demander aux artistes d’être sage, plus encore quand on leur donne Carte blanche et qu’on se targue de défendre l’art contemporain…
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Archive de la catégorie ‘Culture’
Pippo Delbono : une terrible beauté est née
Vendredi 7 octobre 2011Un été entre planches, écrans et cimaises
Mercredi 24 août 2011AMOUR, ACIDE ET NOIX
© Denis Farley
Un écho, juin semble déjà loin, mais le souvenir toujours vif du danseur Emmanuel Proulx et du spectacle du québécois Daniel Leveillé. Amour, acide et noix, programmé en clôture du Festival de danse et des arts multiples de Marseille, une manifestation pluridisciplinaire au programme impeccable !
BRILLIANT CORNERS
© Emanuel Gat Company
Que d’eau, que d’eau à Paris ! Et l’annulation de la dernière du spectacle de l’israélien Emanuel Gat Brilliant Corners nous prive du plaisir de découvrir son travail, présenté à Montpellier Danse puis à Paris Quartiers d’Eté. On y reviendra en octobre à Londres dans le cadre du festival Dance Umbrella.
AMERICAN PRAYER
© Richard Prince
En un bric-à-brac, prodigieusement pensé et aménagé, Richard Prince nous plonge dans ses fascinations. American prayer, le titre de l’exposition à la Bibliothèque nationale de France, dit tout de ce formidable grenier dédié à la culture populaire américaine que Richard Prince collectionne avec une acuité rare. Une merveille de balade littéraire, musicale et cinématographique entre Chester Himes, Kerouac, Salinger, Brautigan, Capote, Warhol, Ginsberg et le Velvet underground.
1957 : BRASSAI EN AMERIQUE
© Estate of Brassaï
Comme on s’ennuie ferme à Arles face à la programmation sans queue ni tête de François Hébel aux Rencontres photographiques, on fuit les ateliers SNCF pour se précipiter au Pavillon populaire de Montpellier où Gilles Mora présente avec la complicité de l’experte Agnès de Gouvion Saint-Cyr les 110 photographies américaines de Brassaï, prises lors d’un voyage entre New York et la Louisiane en 1957. Un trésor retrouvé dans une boîte à chaussures, une plongée en images dans l’Amérique multicolore des années 1950.
THE CROOKED PATH
© Jeff Wall
A Bruxelles, Jeff Wall fait des siennes. Rétrospective de haute volée (The crooked path) en une vingtaine d’œuvres choisies et dispersés (parfois maladroitement) au Palais des Beaux-Arts (Bozar) au milieu d’autres pointures artistiques du monde entier ayant influencé le photographe (Robert Bresson, Diane Arbus, Walker Evans, Marcel Duchamp) ou se revendiquant de son influence. Un poil prétentieux, mais irrésistible.
LA PIEL QUE HABITO
© DR
Chez Almodovar (La piel que habito), tout n’est que beauté et virtuosité. Etrange lumière froide d’un film clinique qui trifouille, sans la moindre hystérie, au milieu de vos entrailles. Film de chair, film de passion violente. Exceptionnel.
MELANCHOLIA
© Les Films du Losange
Après le bruit et la fureur de Cannes, la Melancholia de Lars von Trier arrive sur les écrans. Un ravissement de tristesse, beauté des astres qui nous mènent vers la fin du monde et la mort. Une sarabande, éloge à la dépression, magnifiquement portée par Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, Charlotte Rampling qui auraient mérité une récompense collective pour leurs interprétations dans ce film noir et funeste, à la photographie gracieuse et désespérée.
IMPARDONNABLES
© UGC Distribution
Impardonnables est bien fragile. Le retour d’André Téchiné certes en petite forme, mêlant à l’excès des intrigues sentimentales dans une Venise où son œil et sa caméra font pourtant encore des merveilles. La faute à qui ? L’inspiration de Philippe Djian n’est sans doute pas celle, plus vagabonde et plus sombre de Téchiné qui reste un directeur et découvreur d’acteurs (Adriana Asti, Carole Bouquet brune et blonde, André Dussollier dont on se rappelle soudain qu’il a un corps, le jeune Mauro Conte) épatant…
J’AIME REGARDER LES FILLES
Pierre Niney © Bac Distribution
Passe ton bac d’abord, mais aime, aime la vie. ! J’aime regarder les filles, un film comme le plus bel âge de la vie. Primo, Antoine Doinel d’un mai 1981, plein de promesses et de désillusions, découvre la politique (un peu), la vie (beaucoup), l’amour (passionnément) à Paris. Un film sur un fil et un comédien idéal, le jeune Pierre Niney, pensionnaire de la Comédie Française…
UN AMOUR DE JEUNESSE
© Les Films du Losange
Un amour de jeunesse ou les belles manières de Mia Hansen-Love, à nouveau à son meilleur après Le père de mes enfants. La vie d’une petite amoureuse au long cours, un amour de jeunesse comme la possibilité d’un fleuve d’émotion éternelle. Cette belle, folle et amoureuse jeunesse, celle dont Conrad disait : « … ma jeunesse, ce sentiment qui ne reviendra plus, le sentiment, que je pouvais durer éternellement, survivre à la mer, au ciel, à tous les hommes : ce sentiment dont l’attrait décevant nous porte vers des joies, des dangers, vers l’amour, vers l’effort illusoire, vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au cœur, qui chaque année s’affaiblit, se refroidit et s’éteint trop tôt, trop tôt, avant la vie elle-même… »
FILMS US
Captain America © Paramount Pictures
L’été, le divertissement de films américains, plaisir coupable et régressif. Citons pêle-mêle mais dans l’ordre Les origines de la planète des singes, énième revival du roman d’anticipation de Pierre Boulle l’amusant Super 8 où une bande de chenapans font revivre le futur cinéma des années 80, hommage heureux au cinéma de Steven Spielberg. Et dernièrement, Captain America, là encore resucée Marvel, vraiment molle de la conscience. Mais pas de doute, dans le genre, les américains sont indéniablement les meilleurs !
LA LESBIENNE INVISIBLE
La lesbienne invisible © DR
Océanerosemarie ! Mieux connue sous le nom de lesbienne invisible. Au Studio du Théâtre du Gymnase Marie Bell, elle joue ce qu’il est convenu d’appeler un one-woman-show, enlevé et sympathique. Une lesbienne d’aujourd’hui en une dizaine de leçons, bien senties mais un rien répétitives, entre ombre et lumière.
Et maintenant, la rentrée !
M’as-tu vu ? Episode 55
Samedi 7 août 2010
A day in Gay America : Jake Shears © The Advocate
A découvrir dans le numéro d’août du magazine « The Advocate » et sur le site Internet du journal une série intitulée « A day in Gay America ». Beau reportage sur la diversité culturelle, intellectuelle, sociale et politique des homosexuels aux Etats-Unis. Et parmi eux, le sautillant Jake Shears des Scissor Sisters dont on recommande le récent « Night Work ».
Monumenta Boltanski : le coeur en écho
Mercredi 17 février 2010Un souvenir assourdissant. Des allées de vêtements sur le sol dessinent une ville-fantôme, une cité industrielle qui bruit d’un coeur battant et de l’enfer d’un engin mécanique, machine de mort infernale à broyer des destins. Des silhouettes s’élèvent et se fracassent, inlassablement, par milliers de minutes et d’individus. Il n’y a rien à dire qu’à sentir. Christian Boltanski, à son projet monumental, ne le rend que plus intime. On traverse en quelques minutes cet ensemble tragique qui porte la mémoire de la Shoah au plus près du coeur : c’est un travail remarquable.
Sur quelques airs d’opérette parisienne
Vendredi 25 décembre 2009
Philippe Découflé et les filles du Crazy © Crazy Horse
Une vie de cabaret, de cirque et d’opérette ! Loin des spectacles arty mainstream de cet hiver, dominés par une dépression et un ennui au long cours ; des spectacles du privé, ringards et vulgaires (Panique au ministère, on y reviendra), l’opérette et les musicals qui déferlent ces jours d’hiver ou de Noël sur les scènes françaises, se révèlent de belle facture. Commençons par LE temple d’une certaine nuit parisienne, l’illustre Crazy Horse que le chorégraphe et scénographe Philippe Decouflé revisite depuis quelques semaines… What’s new ? Pas grand chose si ce n’est un petit vent de liberté qui fait danser les girls « en cheveux ». Pour le reste, l’esprit « Bernardin » demeure, l’homme de « Sombreros » n’opère pas de révolution, modernisant à bon escient un corps de ballet « d’enfer », mais sans doute toujours orpheline d’un « patron ». Découflé aura été, le temps d’un été, un sympathique cousin d’Amérique, espiègle, malin. Rien de plus, soyons franc. D’ailleurs, il est déjà reparti. Vers Rennes pour de nouvelles aventures au Théâtre national de Bretagne, en tant que chorégraphe associé.
Chantons, dansons, jouons ! C’est sous cette bannière très agitée que se rassemblent les comédiens, chanteurs, musiciens – le tout à la fois – d’Alain Sachs pour une heureuse « Vie parisienne » au Théâtre Antoine. Offenbach y est servi avec justesse, malice et enthousiaste. Le public est conquis par cette modestie, qui fait entendre Offenbach, tout Offenbach et rien qu’Offenbach. On en redemande. Gardons le meilleur pour la fin. On avait découvert avec effroi la nouvelle programmation du Châtelet, cherchant sa distinction parisienne dans une discutable tentative d’installer Broadway près de la Seine. Et bien, il faut bien le saluer : Jean-Luc Choplin, son directeur, est en passe de gagner ce difficile pari. Sa « Mélodie du bonheur » au Châtelet est accomplie, excellente et professionnellement irréprochable. N’étaient le public de pépés et de mémés parisiennes, choucroutées et parfumées d’importance, accompagnés de leur petite progéniture – au prix des places, le spectacle ne s’offre pas à toutes les bourses ! – on se croirait sur Broadway ! « Que du bonheur !» titrait Eric Dahan il y a quelques jours dans Libération. On est bien d’accord.
Un dernier mot ? Oui, pardon, pour déconseiller « Pampa », le dernier spectacle du Cirque national Alexis Gruss au Bois de Bopulogne. Un vieux Gruss qui s’emmêle les chevaux, la génération suivante, virevoltante, mais bien lourde (sur les chevaux comme lors des navrants numéros de clowns), une Gipsy (la mémé) et ses chiens perdus sans collier ni talents et la dernière génération jonglant à l’avenant. Ca dure, ca dure, reste à sauver deux gamines au trapèze et un éléphant marrant. Qui ne trompe personne. Cela va de soi.
Art contemporain 2009 : animal, on est mal !
Lundi 21 décembre 2009Des cabinets de curiosités en tout genre ! On en aura couru des villes, des pays et des galeries pour l’amour de l’art contemporain. Des artistes en création qu’on suit, qu’on découvre, qu’on oublie aussi. Alors, pour terminer l’année, une rapide rétrospective de ces derniers mois et de nos plaisirs. D’abord, une petite déception, Simon Starling au Mac / Val de Vitry-sur-Seine. Dans un établissement désert, on découvre les récentes œuvres du britannique, fondu de fusions et de transformations techno-industrielles. Est-ce le lieu ou la froideur des installations ? On emprunte, volontaire, la trajectoire Starling mais rien ne prend. On s’ennuie terriblement. Même sensation au Musée d’art moderne de la Ville de Paris avec les expositions Deadline, rassemblant les derniers travaux de plusieurs artistes (Martin Kippenberger, Felix Gonzalez-Torres, Robert Mapplethorpe) et Primitive, l’installation du démiurge thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, qui met en scène les préparatifs de son prochain film dont une belle vidéo de jeunes footballers au ballon en boule de feu. Laissons-là les déceptions et rappelons-nous de vidéos saisissantes comme celle de Mark Wallinger (Threshold to the Kingdom, 2000) à Saint-Eustache, de Jesper Just (A voyage in Dwelling, 2008) au 104 lors de la Nuit blanche, et du collectif Berlin (idéal docu-reportage Moscou, 2009) au très bobo festival « Temps d’Images » de la Ferme-du-Buisson (Noisiel). Comme toujours, Londres offre son lot de belles manières : la remarquable exposition Anish Kapoor à la Royal Academy of arts, le Turner Prize et son lauréat Richard Wright à la Tate Britain. Mais Paris affiche tout de même de bonnes couleurs : les colliers de verre Murano de Jean-Michel Othoniel et les univers très « pop-life » de Takashi Murakami chez Emmanuel Perrotin, l’enfance au noir dans les filets d’Annette Messager chez Marian Goodman, la rousseur des belles photographiées ou filmées par Guy Bourdin au Bon Marché Rive Gauche. Et des ravissements, encore : le Self portrait de Louise Bourgeois à la galerie Pièce unique et surtout la Maison Deyrolle, l’un des plus fascinants cabinets d’histoire naturelle d’Europe, temple parisien des entomologistes, dévasté par un incendie en février 2008, qui a fêté sa belle renaissance par plusieurs expositions dont l’une en association avec le galeriste Kamel Mennour et le plasticien chinois Huang Yong Ping. Une merveilleuse arche de Noë au coeur la Chapelle de l’Ecole nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris !
Chasse à l’homme, par Eric Fottorino
Dimanche 11 octobre 2009
Frédéric Mitterrand © Yury Toroptsov / Libération
Frédéric Mitterrand a commis au moins deux erreurs : réagir par trop d’émotion à l’affaire Polanski ; se livrer à des actes sexuels tarifés avec de jeunes prostitués thaïlandais. Aveu qui n’en est pas un puisqu’il figure dans son récit paru en 2005, La Mauvaise Vie, dont la critique salua la force. Il n’est pas simple pour un individu de confesser ses bassesses, et il faut avoir lu le livre – ce qu’à l’évidence n’ont pas fait les esprits vengeurs du moment – pour mesurer la part d’humanité et de remords qui court au long de ces pages suffocantes d’où sourdent malheur et malaise.
Mais soyons précis : dans son texte écrit sans autre contrainte que celle de la sincérité, Frédéric Mitterrand parle d’acte homosexuel, pas de pédophilie ; de relation entre adultes consentants, même si la prostitution, dans le tiers-monde plus qu’ailleurs encore, inclut toujours une sujétion par l’argent. Sur ce tas de faux secrets, certains ont engagé une chasse à l’homme. Avec le Front national et quelques figures socialistes en chefs de meute. Bel attelage en vérité, que celui de l’hypocrisie, de la vindicte et du populisme mêlés. La proie est si tentante. Pensez ! Un ministre d’ouverture, donc faible. Peu considéré à droite, regardé plus que de travers à gauche, pain bénit d’une extrême droite qui veut se refaire à bon compte.
Mais revenons aux faits. Ce livre était-il connu ? Oui. M. Mitterrand a-t-il commis un viol ? Non. L’homosexualité est-elle un crime, un délit ? Pas davantage. Alors ? Alors si le ministre de la culture n’a pas menti sur l’âge de ses partenaires sexuels, le lynchage dont il est la victime est une tache sur tous ceux qui, au nom d’intérêts mesquins, hurlent avec les loups.
Eric Fottorino, Le Monde, le 10 octobre 09
Marjane Satrapi : « A Paris, j’aime tout »
Dimanche 23 août 2009Jolie interview de la bédéaste Marjane Strapi qu’on n’aime d’ordinaire pas beaucoup mais à qui on reconnaît un talent certain. Elle se raconte, avec d’autres immigrés désormais reconnus dont le mythomane Pal Sarkozy, dans une série d’été pour Le Monde. Elle raconte à Catherine Simon cette anecdote savoureuse sur sa vie désormais parisienne : « A Paris, j’aime tout », résume-t-elle sans ambages. Y compris l’odeur du métro, « l’odeur de la liberté », loin de l’Iran et des ayatollahs. Elle aime tout, y compris les Parisiens mufles ou grincheux. Comme cet aveugle qu’elle remarque un jour, planté au bord du trottoir, et à qui elle propose gentiment son aide pour traverser la rue. « Tu ne vois pas que j’attends le bus, connasse ? », l’envoie bouler l’atrabilaire, suscitant embarras et admiration chez sa fugace bienfaitrice. »
Le parfum de liberté, entretien avec Catherine Simon, Le Monde, 21 aout 2009.
Woodstock en trompe-l’œil
Vendredi 21 août 2009« Summer of love » sur Arte, dossiers de plusieurs pages dans la presse écrite, numéro spécial et fac-similé de Rolling Stone, impossible de passer à côté du 40e anniversaire du Woodstock Music Festival and Art Fair, plus connu sous le nom de « Woodstock », le rassemblement de la paix et de l’amour qui eut lieu à Bethel dans l’Etat de New-York, où 450 000 pacifistes et jeunes de toute l’Amérique vinrent écouter Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Joe Cocker, Carlos Santana, Joan Baez, Arlo Guthrie en pleine guerre du Vietnam. Trois journées entières dans les prés à se droguer, à faire l’amour et écouter de la musique que beaucoup n’entendirent pas, trop éloignés de la scène.
Woodstock, la fin du mouvement hippie, les beatniks, les premiers babas, plus ou moins cools : un mythe qui dure pour ceux qui étaient, comme pour ceux qui courent après… Libération, dans un dossier dominé par un bon article « historique » d’Eric Dahan, est allé à la rencontre de quelques « vétérans » dont Bobbi et Nick Ercoline. La photographie du couple, enroulé dans une couverture au lever du jour, a fait le tour du monde sur la pochette de l’album-live. Depuis, à chaque anniversaire, ils témoignent, une horde de journalistes à leur trousse. Et le plus étonnant dans l’histoire est qu’ils ne sont pas ceux qu’on attend. « Nous n’étions pas franchement hippies (…) Nous avons réalisé que très tard l’importance de cette escapade pour notre génération ». Cinq amis en goguette, des « gosses de la campagne » – ils vivent à 70 km de Bethel – vont à un festival de musique. Une opération commerciale, à l’origine, dont les organisateurs seront bientôt submergés par l’affluence. Voiture abandonnée à des kilomètres de la scène, du vin et de la bière pour la soif, ils découvrent : « Le vrai spectacle était sous nos yeux, tantôt un groupe improvisait un barbecue, tantôt une couple s’aimait, d’autres chantaient ou dansaient. Woodstock, c’était des moments volés d’intimité partagée ». Ils sont toujours ensemble. Elle vote républicain, faisant une exception pour Obama, lui démocrate. La couette ? Ils l’ont ramassée parmi les sacs à dos, chaussures et autres vêtements abandonnés. Sur la route…
Libération, Aimer Woodstock, 15 – 16 août 2009.
Bobbi et Nick Ercoline © Burk Uzzle
Philippe Decouflé fait son entrée au Crazy
Jeudi 20 août 2009
Philippe Decouflé et les girls © DR
Réjouissons-nous ! L’événement chorégraphique de ce début de saison n’aura pas lieu dans un digne théâtre subventionné, mais dans le bouclard le plus sélect de l’avenue Georges V. Philippe Decouflé, nouveau directeur artistique de la maison Bernardin, créée en 1951, présentera à partir du 21 septembre la nouvelle revue du Crazy Horse Saloon. Après les années de deuil, suite au décès du fondateur en 1994, les guest-stars de luxe (Arielle Dombasle, Dita von Teese), l’arrivée de Philippe Decouflé, 47 ans, maître de cérémonies de l’Ouverture des Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville (1992), du 50e Festival de Cannes (1997), signe le temps du renouveau. Fini, les girls soldées dans les émissions de réveillon de Michel Drucker ou Mireille Dumas, retour à la barre et au spectacle à l’heure où le burlesque est en plein revival.
Que sait-on de la revue 2009 ? Pour le moment, peu de choses si ce ne sont les déclarations d’intentions du chorégraphe : « C’était devenu un peu désuet, ces derniers temps, mais on contribue à moderniser le show, dans le respect de la tradition d’Alain Bernardin, cet esprit très « nu chic », pop, coloré, graphique (…) Je souhaite que ce lieu attire à nouveau les Parisiens, à qui j’ai envie de dire : venez, le Crazy est redevenu un lieu de création plus bizarre, plus rigolo (…) Il faut donc le modifier petit à petit. C’est ce que je fais depuis six mois. A ce jour, j’ai changé tous les interludes vidéo et la moitié des numéros. Mais j’ai conservé des tableaux « patrimoniaux » comme la danse des horse guards un petit bijou et j’ai remonté de vieux numéros comme celui des pirates. A l’arrivée, en septembre, ce sera un spectacle renouvelé, mais pas intégralement changé (…) En fait, c’est la première fois que j’ai un corps de ballet impeccable. Les filles ont toutes des jambes à peu près identiques. Pour travailler sur l’unité, c’est ce qu’il faut. Mais j’essaye tout de même de rendre l’ensemble moins standardisé : je fais ressortir les caractères, les spécificités de chacune. Par exemple, je débarrasse petit à petit le spectacle des perruques, pour qu’on voie leurs vrais cheveux, leurs vrais visages, qu’on les identifie… ». On y court.