Archive de la catégorie ‘Cinema’

Deep End : le garçon des Bains douches

Mercredi 20 juillet 2011

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John Moulder Brown dans Deep End.

Comme un vieux vinyl, laissé trop longtemps à l’arrière d’une bagnole, on redécouvre, à la faveur d’une reprise estival, le très beau Deep End de Jerzy Skolimowski, sorti en 1970. Sublime petite bulle pop, au délicieux parfum seventies, les fragments cocasses et tragiques des premiers émois de Mike, un garçon de bain amoureux de sa belle et rousse collègue Susan…

En salles depuis le 13 juillet.

La Beat generation, loin du bout du rouleau

Jeudi 5 août 2010

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Peter Orlovsky et son amant Allen Ginsberg © DR

Le 21e siècle sera beat ou ne sera pas ! Impossible, ces jours-ci, de passer à côté de ce revival heureux de la Beat generation. Gallimard publie la nouvelle traduction de « Sur la route » de Jack Kerouac. Il s’agit du rouleau original, la première version écrite « d’un trait » par Kerouac, avant tripatouillage, coupe et censure de son éditeur lors de sa parution en 1957. De ce livre, fortement inspiré par la rencontre de Kerouac avec Neal Cassady « chauffard génial, prophète gigolo à la bisexualité triomphale, pique-assiette inspiré et vagabond mystique », Ginsberg écrira : « Quand tout le monde sera mort, le roman sera publié dans toute sa folie ». Kerouac, disparu prématuré à 47 ans, en 1969, Ginsberg en 1996, Peter Orlovsky, le 30 mai dernier, on peut désormais lire « Sur la route » dans toute sa folie, puis retrouve les mêmes dans le bel album « Beat memories », catalogue d’une exposition de photographies d’Allen Ginsberg à la National gallery of Art, documentant cette période entre New York et Tanger avec des portraits de William Burroughs, Gregory Corso, Francesco Clemente. Bientôt viendra aussi un film « Howl » de Rob Epstein (« The celluloid closet » et « The times of Harvey Milk ») et Jeffrey Friedman avec le sympathique James Franco. Qu’il soit l’occasion de relire « Howl et autres poèmes » de Ginsberg, paru à l’automne 1956 (Editions Bourgois). A sa publication, le recueil fut saisi par les services de douane américains et la police de San Francisco, puis fit l’objet d’un long procès au cours duquel un certain nombre de poètes et de professeurs témoignèrent devant la Cour que ce livre n’était pas obscène. L’époque, rassurons-nous, a bien changée…

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Aaron Tveit et James Franco dans « Howl » © Werc Werk Work

Beat memories, the photographs of Allen Ginsberg, National Gallery of Art, jusqu’au 16 septembre 2010.

L’ombre d’une jeune fille en fleur

Mardi 3 août 2010

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© Sophie Dulac Distribution

Un film détonant, sortant au milieu de l’été, alors qu’on le dirait plutôt d’automne. Mystère de la distribution, sans doute. Au final, ne doutons pas que le film de Katell Quillévéré, prix Jean Vigo, puisse affronter tous les temps, par sa singularité et, partant, sa noirceur. Une jeune fille, un grand-père un pied dans la tombe, mais parfois encore vert, des parents qui se déchirent, un curé tourmenté, un petit gars à la moto et des premiers baisers. Une éducation sentimentale au coeur d’une Bretagne revêche et catholique, autant dire déréglée du côté des hormones et des sentiments, où tout explose pour que se libèrent enfin les sensations, la possibilité de vivre pleinement.

Un poison violent, un film de Katell Quillévéré, avec Lio, Michel Galabru, Thierry Neuvic (1h32). En salles.

François Sagat superstar

Dimanche 1 août 2010

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François Sagat vu de dos © Le Pacte

Allez, savoir pourquoi, voici venu le temps de François Sagat. On lui connaissait une allure guerrière, un sourire narquois, idole des fantasmes gays et musclés. Le voici, par l’émotion de quelques-uns, érigé en icône de cette prochaine rentrée. La couverture des Inrocks, dans les bras de Louise Bourgoin, vaut plan de reconversion pour la porn-star, déjà casté par Bruce Labruce pour un obscur film de zombies (« L.A. Zombie »). Attendons donc cet « Homme au bain », en référence à une toile de Caillebotte, pour nous faire une véritable idée de la bête, filmée au côté de Chiara Mastroianni par Christophe Honoré dans le cadre d’une carte blanche du Théâtre de Gennevilliers. Le pitch ? « Entre Gennevilliers et New-York, Omar et Emmanuel ne s’épargnent rien pour apporter à l’autre la preuve qu’ils ne s’aiment plus. »

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François Sagat et Louise Bourgoin © François Rousseau

Homme au bain, un film de Christophe Honoré. En salles le 22 septembre.

Copacabana : Babou, je m’appelle Babou

Samedi 31 juillet 2010

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© Jérôme Prébois / Mars Distribution

Une aimable comédie, enlevée par le talent de ces comédiens. Isabelle Huppert, la première, à en faire des tonnes pour paraître marrante. Ce qui est, en soi, son rôle de plus grande composition depuis longtemps (La cérémonie, en 1995 ?). Face à elle, de fringuants seconds rôles, Lolita Chammah, fifille Huppert que Maman vient aider en ce début de carrière poussif, Luis Régo, impeccable en loser du Nord-Pas de-calais, Noémie Lvovsky, la bonne copine du cinéma français. Et Aure Atika, attifée comme l’as de pique, en horrible sales manager, qui, après «  »Mademoiselle Chambon, est en passe de devenir the girl next door la plus convaincante du cinéma français. La comédie ? Elle est sociale et légère, rose babou et coeur gros comme cela. Tout finira bien, fille et mère réconciliées. Au fait, pourquoi le Brésil ? Parce Babou en pince pour les rythmes latino brazil, bien sûr…

Copacabana, un film de Marc Fitoussi (1h43). En salles.

Des affaires de genre, comme ils disent…

Vendredi 30 juillet 2010

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Plan B © Happiness

Il n’est pas sur qu’il faille cavaler dans les salles obscures pour découvrir ces deux comédies explicitement gay, qui dessinent une singulière internationale homo. Un plan B, argentin, qui voit le chevelu Bruno fondre sur son rival en tentant de lui enlever son ex, Laura. Deux frères (dont le romanzo criminale Riccardo Scarmarcio), dans cette charmante petite ville de Lecce, dans les Pouilles italiennes, pris au piège d’une famille de fabricants de pâte, gentiment conservatrice… Il faudra la mort de la mamma par overdose de sucreries pour réunir la famille. Entre temps, on sera passé par une série de scènes au comique lamentable. On se demande bien ce qui a fait se gondoler toute l’Italie, où le film a connu un très grand succès. En Argentine, ce sont d’interminables plans de contemplation, plaqués art et essai, qui ralentiront à souhait une intrigue cousue de fils blancs. Et tout, de part et d’autre de l’Atlantique, finira bien, dans les seules scènes justes et travaillées de ces deux films, où les réalisateurs ne se privent pas pour déshabiller, du petit matin jusqu’au soir, et encore sous la douche ou à la plage, leurs interprètes masculins. Suivez mon regard…

Plan B, un film de Marco Berger (1h43). En salles.

Le premier qui l’a dit, un film de Ferzhan Ozpetek (1h50). En salles.

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Le premier qui l’a dit © Pyramide Distribution

Le souffle de Carlos

Mardi 27 juillet 2010

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Edgar Ramirez © Films en stock

Invoquant un ancêtre vénézuélien commun, le terroriste Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, 60 ans, a envoyé une lettre manuscrite et en français depuis sa prison de Poissy (Yvelines), à l’acteur Edgar Ramirez, qui l’incarne dans le film Carlos, d’Olivier Assayas, présenté à Cannes : « Pourquoi, Edgar, acceptes-tu de travestir la vérité historique ? Pourquoi te prêtes-tu à une oeuvre de propagande contre-révolutionnaire, diffamant le plus connu des Ramirez ?, demande Carlos. Ne laisse pas la gloire éphémère à la sauce Hollywood te faire tourner la tête. »
Anecdote ! Pour le reste, voyez le film d’Olivier Assayas. Il est à couper le souffle !

En DVD.

White material : le mystère du chien jaune

Samedi 12 juin 2010

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Isabelle Huppert © Wild Bunch Distribution

On sait mes faibles dispositions à endurer les gesticulations de Mme Huppert. Sa rencontre en Sainte Trinité avec Claire Denis, Marie Ndiaye laissait présager le pire. La presse était respectueuse, sans enthousiasme, micro tendu sans évanouissement, ni pâmoison. On allait voir. Disons le d’emblée : ce « White material » – étrangement déjà le nom du projet que Claire Denis préparait avec Bernard-Marie Koltès avant sa mort – est à tout le moins sensationnel. Claire Denis signe son film le plus intéressant depuis plusieurs années. Sans manière, sans explication, sans afféterie stylistique, sans pose. Le coeur de l’Afrique bat, coule dans les veines de ce film et les acteurs, toujours délicatement mis en « condition », en sont la pulsation visible. Huppert, d’abord, Huppert d’accord mais aussi le furieux Nicolas Duvauchelle en fils de famille flingué, Christophe Lambert en pleine résurrection, Michel Subor comme échappé d’un « Apocalypse Now » africain.
Quelque part en Afrique, dans une région en proie à la guerre civile, Maria refuse d’abandonner sa plantation de café avant la fin de la récolte. Terre rouge d’Afrique, comme sentier de guerre et de résistance, hommes et femmes en rebélllion, armés jusqu’aux dents, tête de mouton égorgé qu’on jette dans les sacs de café en signe de défiance, métamorphose canine. Naissance d’un Afrique fantôme. Le domaine est bientôt la proie des flammes. Il faut fuire. Dans cette fuite, les réminiscences d’une vie de labeur, un goût du travail sur cette terre fragile forment un superbe chant funèbre, un adieu à l’Afrique d’une femme, à jamais bouleversée par ce continent.

White material, un film de Claire Denis, avec Isabelle Huppert, Nicolas Duvauchelle, Christophe Lambert, Isaach de Bankolé. En salles (1h42).

Mammuth : un film gros comme ça

Samedi 12 juin 2010

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Gérard Depardieu et Miss Ming © DR

Une mélodie en sous-sol. Couleurs charbonneuses, profils et trognes généreuses d’amour tendre. L’histoire tient d’un fil, mais quel fil, surréaliste et quotidien, minable et de hauts sentiments. Mammuth, on y croirait pas à dérouler le casting : réalisateurs, distribution, rien ne se prête à notre curiosité, on aura pu passer à côté. Pourtant, le film de Benoît Delépine et Gustave Kervern a vraiment de la grâce, celle des éclopés célestes, celle des désirs assouvis sans se poser de questions, celle d’une humanité encore possible. Et Depardieu, énorme, au mieux de son instinct, féroce comme un sanglier, le coeur noble, pareil à celui d’un cerf. Près de lui, gros mammouth, la tendresse à fleur de peau, Yolande Moreau, égale à elle-même mais sourire, Adjani en fleur vénéneuse, Anna Mouglalis boulevardière, et l’ahurissante Miss Ming, prix de la découverte de ce film heureux.

Mammuth, un film de Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Isabelle Adjani et Anna Mouglalis (1h32).

Les larmes amères de la famille Jordan

Vendredi 11 juin 2010

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Life during wartime © DR

Un film atmosphérique, qui, à la manière de rien, vous fiche une sacrée trempe. Quelques mois et autant de jours au sein de la famille Jordan, à ne plus pouvoir supporter les familles. Un ballet de méduses, des névroses transportées par camion-benne, sans discernement de père, de mère, de soeur et futur ex beau-père. On s’y aime comme on peut, donc on ne s’y aime pas beaucoup et on se cantonne d’à peu-près, comme un cinglant viatique. Comme un renoncement furieusement psy à tout american way of love…

Life during wartime, un film de Todd Solondz (1h30). Prix du scénario, Mostra de Venise 2009.

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