David © Peter Hujar
Peter Hujar (1934 – 1987), une résurrection. Après la rétrospective à l’ICA de Londres, la couverture de l’album « I’m a bird now » d’Antony And The Johnsons, quelques images aux Rencontres d’Arles font revivre ce somptueux fantôme. Peut-on imaginer alors une plus large audience à son travail ? Il est vrai que sa photographie de « Candy Darling sur son lit de mort » fait encore écran à une part importante de son œuvre. Car, si Peter Hujar tutoie volontiers la mort, présentant pour sa seule grande exposition new-yorkaise en 1977 des images des corps momifiés des catacombes de Palerme qu’il associe à certains de ses portraits, où les modèles semblent, pensifs, arrêtés dans un autre monde, un demi-monde où la réalité est grave, la nuit new-yorkaise, photographiée avec un semblant de formalisme noir et blanc, sans le sensationnalisme d’un Weegee, est plus encore son terrain de prédilection.
La nuit, Peter Hujar photographie des ruelles sombres, à peine éclairées par les néons publicitaires, des no-man’s land au coin de Leroy Street, des terrains vagues de drague homo près de Meatpacking District, des jeunes filles en marge dormant dans un hall d’immeuble. Le jour, il tire le portrait de ses proches, faisant encore figure d’outsiders mais en passe de devenir d’autres lumières de cette ville-monde. New-York est pauvre mais riche de talents (Susan Sontag, Divine, Jackie Curtis, John Waters, Diana Vreeland, Robert Wilson, Fran Lebowitz) que Peter Hujar croise et photographie. Son oeuvre – notamment ses nus (Bruce de Saint-Croix) ou ses portraits d’animaux – qui influencera Robert Mapplethorpe et plus tard Nan Goldin, reste largement à connaître. Comme celle, d’ailleurs, de son compagnon David Wojnarowicz. Elles sont réunies, de manière laconique, dans l’exposition « I’m a cliché » d’Emma Lavigne, consacrée à l’histoire photographique du mouvement punk aux Rencontres d’Arles. Pourquoi dans ce cadre ? Va savoir mais ne boudons pas notre plaisir de pouvoir découvrir ces images.
© Peter Hujar
Peter Hujar, in « I’m a cliché, échos de l’esthétique punk », exposition aux Rencontres d’Arles, ateliers SNCF, jusqu’au 19 septembre.
Le site de la galerie Matthews Marks