Archive pour avril 2010

Jeff Wall : vue sur une Amérique en déclin

Dimanche 4 avril 2010

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Perquisition / Search of premises (2008) © Jeff Wall / Courtesy Marian Goodman

La lecture du « Monde » peut dans ses pages culturelles révéler de petites merveilles. C’était le cas l’autre semaine sous la plume de Michel Guerrin et Claire Guillot à propos de l’exposition du Canadien Jeff Wall à la galerie Marian Goodman. Un papier exemplaire sur l’approche d’un grand photographe actuel, un outil précieux dans la compréhension d’une œuvre, en pleine réinvention. A lire pour mieux appréhender ces huit photographies saisissantes qui replacent le photographe au coeur des problématiques du monde contemporain, alors que Jeff Wall commençait à nous lasser de ses natures urbaines grand format, éblouissantes de précision et de technicité, placées avantageusement dans des caissons lumineux à la manière des publicités d’Abribus, mais terriblement aseptisées. Le photographe, toute à son exigence, revient aujourd’hui à ses intentions premières : documenter d’un « nouveau réalisme » artistique le monde sous nos yeux, une Amérique en crise, en imposant une distance poétique qui distinguerait la photographie du photojournalisme. Et les sujets, désormais photographiés, en sont comme revitalisés, portés par une énergie neuve et proprement passionnante. Le déclin photographié de l’Empire américain par le plus minutieux des photographes.

« Jeff Wall », galerie Marian Goodman, jusqu’au 24 avril.

Le nouveau réalisme selon l’artiste Jeff Wall, par Michel Guerrin et Claire Guillot, Le Monde, 19 mars 2010.

El Juli, premier de rentrée à la Féria d’Arles

Dimanche 4 avril 2010

C’était la rentrée, avant-hier, aux arènes d’Arles. Veste noire, chemise blanche, chapeau, cigare pour ces messieurs, dames en variations Lacroix maintenant que le maître a fermé boutique, enfants et adolescents tentant une évolution street-wear mais la rigueur vestimentaire est à la mesure de l’événement. Arles défend son patrimoine tauromachique, les aficionados les yeux couleur sable et sang, prêts à porter l’épée contre les anti-corridas qui secouent les provinces espagnoles, les moins fervents l’œil précisément sur leur tiroir-caisse.

Dans l’arène, rien ne pesait bien lourd. Six toros sans allant, perdant tempérament et parfois sabot au mitan de la course, désespérant. En face de ces égarés, trois toreros de faible relief : Marco Leal, prenant alternative des mains d’El Juli, dernier venu de la lignée Leal, corps ferme, vigueur de jeune premier, technicien d’arène sympathique. Après lui, vient El Juli qui s’en tira à bon compte, trois oreilles à l’escarcelle, sans qu’on ait envie de le porter en triomphe. A nouveau, comme en chaque rentrée, il faut s’y faire, Sébastien Castella déçut. Le feu-follet, qui nous fait cavaler de Paris à Arles et retour, avait le toro ailleurs. Ni feu, ni flamme dans son toréo. Décevant.

Féria de Pâques, Arles, jusqu’au lundi 5 avril 2010.

Mathurin Bolze + Hedi Thabet = Ali

Samedi 3 avril 2010

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© Stéphane Rouaud

Il naît tous les soirs de cette semaine dans un recoin du Théâtre de Chaillot, que l’on découvre après force escaliers et couloirs lugubres, un drôle de créature à trois jambes, deux coeurs battants et une très belle âme : Ali. Il faut en dire peu pour que vous découvrirez, bientôt, partout en France, ce beau spectacle du circassien Mathurin Bolze et de son complice Hedi Thabet. Si le mot fraternité doit encore avoir un sens, ou s’il doit retrouver du sens, il est au coeur de ce spectacle. Le plus fort porte le plus faible, mais n’est pas le moins farfelu des deux, le plus simple n’est pourtant pas le plus faible. Dans cette ronde à béquille, Mathurin Bolze et Hédi Thabet nous éloignent de nos certitudes, pulvérisent nos bonnes intentions. Ils oeuvrent, heureux, simples, au plus beau des catéchismes artistiques. L’amour de l’autre.

Mathurin Bolze et Hedi Thabet, Ali, Théâtre de Chaillot, jusqu’au 4 avril, puis en tournée en France.

DeLaVallet Bidiefono : faut que ça danse !

Samedi 3 avril 2010

Quelques pas de danse africaine qui nous réveillent ! Créteil, Festival Exit ! On y va pour un spectacle iranien, finalement sans relief et on en repart content de la découverte de la compagnie congolaise Baninga / DeLaVallet Bidiefono. Cinquième création pour DeLaVallet Bidiefono, qui entend « au cœur de la nuit brazzavilloise, redonner une parole à cette jeunesse de la galère qui s’est faite, pour ainsi dire, contre et malgré tout, et qui aujourd’hui vit comme une sorte d’impératif le besoin de marquer, de poser une empreinte, parce qu’il y a urgence à faire plutôt qu’à dire. Une urgence toute vitale à redonner du sens. » Et c’est exactement ce que l’on voit sur scène, avec une belle modestie mais une énergie bienvenue.

Empreintes / on posera les mots après, par la compagnie Baninga / DeLaVallet Bidiefono. En tournée française.

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© Patrick Fabre

Rachida Dati : où sont les clés de la bagnole ?

Samedi 3 avril 2010

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Mme Rachida Dati et la première dame © Sipa

Drôle de République ! On se souvient, commère, de l’anecdote contée par Jacques Séguéla, organisateur providentiel de mariage au sommet de l’Etat. Carla Bruni dans les yeux du président Nicolas Sarkozy, fraîchement divorcé, lui demandant devant quelques courtisans ébahis : « Vous avez une bagnole ? » La suite de l’histoire, on la connaît. Disneyland, mariage, Cap Nègre et Patrouille de France… 
Il se murmure ces jours-ci que le couple Bruni – Sarkozy ait maille à partir avec la fidélité. Quand on sait le palmarès des deux protagonistes, rien n’étonne, mais qu’une autre commère, délicieuse, en la personne de Rachida Dati, s’en mêle, le président voit rouge. Une présence de trop sur les plateaux de télévision au soir des désastreuses élections régionales, une adresse au Président pour lui demander de revenir aux « fondamentaux » de sa victoire de 2007, et Nicolas Sarkozy, vexé, de prendre son téléphone. Non pas pour la virer – c’est déjà fait avec exil de première classe à Bruxelles – mais pour appeler le directeur de la police nationale et priver la péronnelle des derniers signes extérieurs de pouvoir et de proximité avec le Château : portable, officiers de sécurité, chauffeur, et voiture, tout y passe… Au nom, bien sûr, de la maîtrise des dépenses de l’Etat. Pour défaut de commérage, surtout. Le Président a mené son enquête, les services de renseignements ont craché le morceau. Un nom revient : Dati. Rachida débine Carlita, dans les dîners du Tout-Paris, tous les soirs que le jour fait. Prise la main dans le sac Dior, Rachida a piqué sa crise contre le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, son ennemi de longue date, demandé audience auprès du vice-président Guéant. Rien n’y fait : le Président refuse de la prendre au téléphone. La ligne est sans cesse occupée.

Madonna : la réinvention permanente

Samedi 3 avril 2010

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Madonna et Williams Pharrell © DR

Elle chante peut-être, elle danse plus sûrement, entourée d’une escouade de jeunes et éblouissants danseurs hip hop, diablement new-yorkais, customisés Adidas et American Apparel de la tête au pied. Vous me voyez arriver, je me suis encore fait avoir à acheter le nouvel opus « live » de Madonna. Sticky and Sweet Tour. J’avais boudé ses concerts parisiens, après deux expériences assez malheureuses à Bercy. Le coffret m’a fait de l’œil à l’aéroport, il aura finalement bien tenu l’aller Paris-Casablanca. Sur l’écran, une Madonna quinquagénaire, maîtrisant à son allure, donc à l’extrême ce qui fait son longévité : un audacieux culot, doublé d’une intelligence féroce de l’époque, le sens des affaires venant sans doute trois secondes après. Armée, bardée de ces convictions autant spirituelles que matérialistes, elle se donne en scène, enrôlant, bienheureux, les jeunes Pharrell, Timberlake ou Timbaland, et encore Barack Obama au soir de son élection (mémorable séquence à San Diego) à son seul panache. Redoutable et permanente réinvention, on ne se lasse pas d’observer un tel talent à durer. Irrésistible.

Madonna, Sticky & Sweet Tour, CD et DVD Warner Bros.

Ainsi va Françoise Hardy

Samedi 3 avril 2010

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Françoise Hardy © DR

Un air dans la tête, une jolie mélodie, et un texte empreint de douce mélancolie : la recette est imparable, infaillible et confine au génie quand elle est menée au cordeau par François Hardy et son escorte excelsior : Alain Lubrano le fidèle, Murat, Calogero, Arthur H ou encore la grande Sophie. De valeureux talents pour servir une grande dame de la chanson française, que le public suit fidèlement, sans qu’elle ait besoin de monter sur scène. Juste revenir tous les quatre ou cinq ans avec un nouvel album de vraies chansons qui tourneront longtemps dans les i-Pods.

Françoise Hardy, La pluie sans parapluie.

M’as-tu vu ? Episode 47

Jeudi 1 avril 2010

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Carla at home © Claude Gassian

Carlita s’ennuie ? Selon Europe 1, l’enseigne de mode japonaise Uniqlo a convaincu Carla Bruni-Sarkozy de créer une ligne sobre et élégante, a appris jeudi le site de L’Express. La marque devrait ainsi proposer des produits étiquetés « Uniqlo by Carla B. », précise le journal en ligne. « J’ai été séduite par l’idée de créer une ligne qui me correspondait, irréprochable quand je suis en représentation, décontractée quand je suis chez moi », a en outre indiqué la première dame de France dans un communiqué…