Après la nostalgie Mitterrand, il y aurait-il une nostalgie Jospin ? On croit rêver à lire les commentaires suite à la projection en avant-première du portrait de Lionel Jospin par le documentariste Patrick Rotman qui sera diffusé sur France 2 les 14 et 21 janvier prochains Lionel raconte Jospin. Les quelques extraits qu’on a pu lire dans Le Journal du dimanche ce week-end et les quelques images diffusées hier lors du 20h00 de David Pujadas appelle à la prudence. On y lit, on y voit Lionel Jospin, après quelques déclarations et révélations contenues sur Mitterrand, Chirac, Villepin et son appartenance à l’OCI de Pierre Lambert, esquisser son pas favori avec cette manière faussement « modeste » de s’appliquer le principe, édicté par lui-même, du désormais célèbre « droit d’inventaire ».
Huit ans après le funeste 21 avril, cette morgue mêlée de suffisance reste insupportable. Lionel a beau essayé de critiquer Jospin, Jospin prend à tout coup le dessus. Dans une formule alambiquée, assumant « par définition » l’entière responsabilité de la défaite, il se trouve encore bien des excuses : il a selon lui « surestimé le rejet de Jacques Chirac, surestimé la perception positive de mon bilan, sous-estimé l’impact qu’avait la division de la gauche et sous-estimé le premier tour», jugeant sa campagne « pas assez offensive ». Bref, rien de nouveau sous le soleil… Et, étonnamment, pas le moindre commentaire sur sa tentative ratée de retour à la vie politique lors de l’Université d’été de La Rochelle en août 2006, à quelques jours de la clôture des candidatures pour les primaires socialistes…
Pourquoi alors tant de micros, tant de caméras, ce plan média rondement mené (les bonnes feuilles à L’Obs, l’interview exclusive chez Demorand ce matin et au Grand Journal ce soir), des camarades (Jean Glavany, Martine Aubry, Pierre Mauroy, François Hollande, Pierre Moscovici, Christian Paul, Jean-Paul Huchon sans oublier Daniel Vaillant, Jack Lang et même Robert Hue !) et des commentateurs les larmes à l’œil ? Sans doute parce que ces mêmes socialistes rêvent de retrouver la martingale, emportée par Mitterrand dans sa tombe, perdue en cours de mandat par Jospin. La machine à gagner les élections et à se maintenir au pouvoir !
Lionel raconte Jospin, Le Seuil.
Bonjour,
je trouve dommage de se concentrer sur le style, les défauts de la personnalité (c’est d’ailleurs souvent un travers de vos critiques des personnalités que vous décidez d’ « allumer », même si je partage votre analyse sur B Hamon). Vous oblitérez un bilan honorable sur le fond : le gouvernement de Lionel Jospin a apporté du sérieux, de la crédibilité et de la justice sociale de 97 à 2002. Sa campagne aux présidentielles a été ratée mais ce n’est vraiment pas une raison pour ne pas lui reconnaître ces qualités de gouvernement dont nous sommes trop gravement privés depuis.
Sébastien C