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Archive pour janvier 2010

Fille parfaite, risotto aux courgettes

Mercredi 27 janvier 2010

Arnaud Fleurent-Didier, nouvelle coqueluche des médias de haute culture ! Le matraquage bien organisé nous mène direct au premier concert qu’il donne place Clichy au Théâtre Méry. Son disque convaincant à défaut d’être furieusement original (juste une rengaine astucieuse et peut-être mesquine, France Culture) ne tient pourtant pas la scène. Il faut être indulgent pour de premiers pas sur scène, bien évidemment, mais on peut aussi se lasser de ces nouveaux chanteurs à la croix de bohème qui font sempiternellement rimer « fille parfaite » avec « risotto aux courgettes », le petit quotidien avec la mélancolie du dandy. Rendu là, on déguerpit prestement avant même le premier rappel.

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© DR

Arnaud Fleurent-Didier, La reproduction (CD).

Invictus : good morning Madiba !

Mercredi 20 janvier 2010

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Matt Damon © Warner Bros. France

C’est du cinéma américain, gonflé à l’hélium du « biopic » à la manière du torse body-buildé de Matt Damon, acteur bubble-gum du cinéma américain. Une histoire édifiante et édifiée par Clint Eastwood, que nous avons connu plus subtil et moins manichéen, à la gloire politique du stratège Nelson Mandela (Morgan Freeman, en attendant l’Oscar) qui s’emparant de la Coupe du monde de rugby en fit un « lieu » de réconciliation entre les sud africains noirs et blancs. Le film, pavé de bonnes intentions et de dépassement de soi, se regarde, la larme facile mais l’Histoire n’est pas vraiment celle-là.

Invictus, un film de Clint Eastwood, avec Morgan Freeman et Matt Damon (2h13). En salles.

Souvenirs d’un joli conte d’été en Bretagne

Mardi 12 janvier 2010

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Melvil Poupaud dans « Conte d’été » (1996) © Les Films du Losange

Eric Rohmer (1920 -2010)

Bright Star : d’un papillon à une étoile filante

Lundi 11 janvier 2010

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© Greig Fraser

Jane Campion aime les marges et plus encore celles qui naissent des plus fortes conventions. Souvenez-vous de la déjà lourde en crinoline « Leçon de piano ». A l’époque, le sirop Nyman dans les oreilles, on avait adoré le film. Alors comment se fait-il que le charme cette fois n’opère pas ? Un ennui profond et quelques scènes émouvantes pour un film qu’on était prêt à chérir… Les amours du jeune poète Keats, sa poésie incandescente d’amour et d’eau fraîche, tout tombe à plat malgré de bons acteurs. Un scénario alangui et notre intérêt vacille. D’autres en sortiront les yeux rougis.

Bright Star, un film de Jane Campion (1h59). En salles.

Philippe Séguin : un républicain, un vrai

Vendredi 8 janvier 2010

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Philippe Séguin © DR

Il n’y a rien à rajouter à la chronique de Thomas Legrand, toujours en ligne sur le site de France Inter. En trois minutes, avec une belle lucidité, il a fait ce vendredi le portrait politique et spirituel de Philippe Séguin et mieux que cela, éclairé le lien intime fait de respect et d’admiration qui rassemble, aujourd’hui dans les hommages, nombreux observateurs et acteurs de la vie politique. Alain Duhamel le qualifiait de « plus intéressante conscience de droite de la Ve République après le général de Gaulle », d’accord mais l’analyse n’est pas suffisante. Non, ce qui nous lie à Philippe Séguin et qui nous fait regretter sa disparition, c’est cette foi lucide et permanente en la République, ambition plus haute encore que celle d’une « certaine idée de la France ». La République toute simplement comme la plus noble et juste des valeurs. Avec la disparition de Philippe Séguin, la République perd l’un de ses plus imposants gardiens et cela nous attriste, au-delà même d’engagements politiques différents.

Plein Sud : un coeur qu’on croirait en hiver

Jeudi 7 janvier 2010

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Yannick Rénier et Théo Frilet © Ad Vitam

Ce sont des corps d’abord. Des corps agités, de soleil, de musique et de danse. Des corps et des cœurs meurtris qui sans qu’on nous l’explique se sont retrouvés là, au bord d’une route de Normandie. Cap au sud, vers le sud, celui d’abord de l’Atlantique, puis courir le Pays Basque, traverser les Pyrénées et rejoindre Tuleda, loin, plus loin que Saragosse. En chemin, certains rencontrent d’autres corps, solides de vie et de désirs. Se rencontreront-ils eux-mêmes ? La partie n’est pas facile, quand le cœur se mêle aux corps, tout devient plus difficile. En quelques motifs, en trois phrases étouffées par l’éclat d’un coup de feu ou la fureur d’un jembé une nuit d’été et autant de flashbacks, Sébastien Lifshitz, dont on aime à suivre la piste depuis son solaire « Presque rien », risque un film qui à chacun instant menace de sombrer dans la mièvrerie.
Un frère, une sœur, elle est enceinte, il aime les garçons. Ils ont la beauté du diable. Ils rencontrent Sam, joli garçon triste. Ensemble, ils roulent dans une vieille américaine. C’est presque l’été, ils n’ont rien d’autre à faire que fuir. Fuir pour mieux se trouver. La règle du jeu est simple, donnée dès le début du film. Très court pour un film d’une heure trente, vous me direz… Pourtant, il se passe quelque chose dans ce film fragile et timide qui trouve peu à peu sa puissance dans un monologue avec Samuel (Yannick Rénier) : son mutisme, la recherche d’un dialogue perdu avec la mère, l’impossibilité d’un partage avec le frère, la mort du père impossible à venger et le désir de revenir à la vie auprès d’une famille qu’on se serait choisie. Au final, il faudra à Samuel la solitude pour renaître. Et cette renaissance est belle à vivre au regard de Sébastien Lifshitz. Plein sud, comme un plein soleil sur un être rare et élégant en quête de lui-même. Un « faible cœur», le titre choisi par Lifshitz pour son film avant que ses producteurs ne lui conseillent ce « Plein sud » pour une sortie en plein cœur de l’hiver…

Plein sud, un film de Sébastien Lifshitz, avec Yannick Rénier, Léa Seydoux, Nicole Garcia (1h30). En salles.

Quoi de neuf ? Lionel Jospin ?

Jeudi 7 janvier 2010

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Lionel Jospin © DR

Après la nostalgie Mitterrand, il y aurait-il une nostalgie Jospin ? On croit rêver à lire les commentaires suite à la projection en avant-première du portrait de Lionel Jospin par le documentariste Patrick Rotman qui sera diffusé sur France 2 les 14 et 21 janvier prochains Lionel raconte Jospin. Les quelques extraits qu’on a pu lire dans Le Journal du dimanche ce week-end et les quelques images diffusées hier lors du 20h00 de David Pujadas appelle à la prudence. On y lit, on y voit Lionel Jospin, après quelques déclarations et révélations contenues sur Mitterrand, Chirac, Villepin et son appartenance à l’OCI de Pierre Lambert, esquisser son pas favori avec cette manière faussement « modeste » de s’appliquer le principe, édicté par lui-même, du désormais célèbre « droit d’inventaire ».
Huit ans après le funeste 21 avril, cette morgue mêlée de suffisance reste insupportable. Lionel a beau essayé de critiquer Jospin, Jospin prend à tout coup le dessus. Dans une formule alambiquée, assumant « par définition » l’entière responsabilité de la défaite, il se trouve encore bien des excuses : il a selon lui « surestimé le rejet de Jacques Chirac, surestimé la perception positive de mon bilan, sous-estimé l’impact qu’avait la division de la gauche et sous-estimé le premier tour», jugeant sa campagne « pas assez offensive ». Bref, rien de nouveau sous le soleil… Et, étonnamment, pas le moindre commentaire sur sa tentative ratée de retour à la vie politique lors de l’Université d’été de La Rochelle en août 2006, à quelques jours de la clôture des candidatures pour les primaires socialistes…
Pourquoi alors tant de micros, tant de caméras, ce plan média rondement mené (les bonnes feuilles à L’Obs, l’interview exclusive chez Demorand ce matin et au Grand Journal ce soir), des camarades (Jean Glavany, Martine Aubry, Pierre Mauroy, François Hollande, Pierre Moscovici, Christian Paul, Jean-Paul Huchon sans oublier Daniel Vaillant, Jack Lang et même Robert Hue !) et des commentateurs les larmes à l’œil ? Sans doute parce que ces mêmes socialistes rêvent de retrouver la martingale, emportée par Mitterrand dans sa tombe, perdue en cours de mandat par Jospin. La machine à gagner les élections et à se maintenir au pouvoir !

Lionel raconte Jospin, Le Seuil.