Tous mes voeux pour cette nouvelle année. Pourvu qu’elle soit douce, aventureuse et heureuse !
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Archive pour décembre 2009
Season’s Greetings 2010
Jeudi 31 décembre 2009L’instant Persécution
Jeudi 31 décembre 2009S’il ne doit rester qu’un film de cet automne-hiver, ce sera celui de Patrice Chéreau. Persécution. Encore un grand film malade, bien sûr, Patrice Chéreau ne saura jamais décider s’il est un cinéaste, un romancier, un metteur en scène de théâtre ou un scénariste. Ce refus d’entrer en une seule religion est pour certains, une faiblesse, pour d’autres, une force ou plus précisément un tremblement. Persécution est donc une nouvelle œuvre au noir, mal aimable, âpre et difficile dans un chatoiement de sentiments humains et dévastateurs. Ouverture : un SDF frappe une femme, la miséricorde aux yeux. Un homme (admirable Romain Duris) et une femme (Charlotte Gainsbourg impeccable) s’aiment, un autre, le fou (émouvant Jean-Hughes Anglade) voudrait l’aimer, lui, Daniel, le garçon désagréable, celui qui « prend la tête » de ses amis, de sa fiancée au point qu’elle a besoin de distance avec lui pour le supporter, inventant ensemble une scène sublime d’amour au téléphone. Daniel, qui se frappe la tête contre les murs de ses contemporains, sur les chantiers qu’il dirige, au bistrot, dans la maison de retraite où il visite les petits vieux. Daniel, encore, a un secret. Celui d’un grand garçon seul. Seul, parce que, soudain ou peut-être trop vite, devenu adulte. Une persécution, pour tous.
Persécution, un film de Patrice Chéreau, avec Romain Duris, Charlotte Gainsbourg et Jean-Hughes Anglade (1h30).
Son nom est Cédric Andrieux. Il danse.
Dimanche 27 décembre 2009
© Théâtre de la Ville
On aura dansé tout l’automne (de belle manière, dans « La belle », ce conte raconté de traviole par Nasser Martin-Gousset comme un demy-divertissement assez heureux, plus hermétiquement à Gennevilliers avec Raimund Hoghe et Faustin Linyekela dans une partition « Sans titre », nouveau duo amoureux du chorégraphe allemand pour un danseur, Faustin prenant la place de l’adoré Lorenzo de Brabandere) et quand la bise fut venue, on aura vu le plus beau spectacle de cette saison au Théâtre de la Ville. Dans un théâtre comble, dans le cadre d’un hommage distancé à Merce Cunningham, un homme s’est avancé. Il a posé son sac et sa bouteille d’eau. Il n’a pas commencé par danser. Non, il a raconté. Son enfance à Brest. Sa mère. Ses cours de danse. Ses auditions au Conservatoire. Ses études. New-York. L’audition chez Merce. La difficulté du travail, les répétitions, l’ennui. L’amour d’un garçon, puis d’un autre, Gordon, le départ de New-York, la rencontre avec Jérôme Bel et le voici sur ce plateau. Cette belle autobiographie, aux mots justes, est par instants éclairée de quelques pas de danse, empruntés à différents chorégraphes. Le danseur s’appelle Cédric Andrieux et il donne son nom à ce spectacle divin, applaudi à tout rompre par une salle émue.
Théâtre 2009 : un grand festival d’automne !
Samedi 26 décembre 2009Quel automne de théâtre ! Quittant Avignon, on voyait la saison arriver pleine de figures imposées, de postures fièrement ennuyeuses et de répétitions à l’infini de faux scandales et véritables escroqueries de plateau. Rien, il n’en a rien été et le festival d’Automne a joué en maître une partition de découverte et d’enthousiasme qu’il faut franchement saluer.
Des bonheurs ? Simples comme la découverte du Wooster Group. La troupe new-yorkaise s’est emporté avec talent du Vieux Carré de Tennessee Williams et en a livré une version électrique, sombre et métaphorique qui annonce le grand retour du dramaturge du sud des Etats-Unis sur les scènes françaises puisqu’on attend pour février le Tramway de Warlikowski à l’Odéon avec Isabelle-Huppert-la-terreur… Saluons le talent de l’ami Robert Plagnol, qui a repris au Théâtre de la Commune (Aubervilliers) avec Benjamin Boyer ses brillantes adaptations d’Andrew Payne Synopsis / Squash. Du théâtre viril et très méchant.
Des confirmations ? Celle du letton Alvis Hermanis, découvert à l’occasion de la saison culturelle lettone en France, qui a inauguré le nouveau Silvia Montfort Théâtre avec une Sonia déjantée et cruelle. Le Nouveau Théâtre de Riga a de l’avenir, pas de doute ! Arthur Nauzyciel est brillantissime lorsqu’il délaisse la vieille Europe pour inventer à l’invitation des Américains des spectacles somptueux, sensibles et d’une intelligence rare. On se souvient à Avignon de son Koltès Black Battle with dogs, créé à Atlanta. Son Jules Caesar, présenté à Créteil dans le cadre du festival d’Automne, avait la même intensité. Retour, encore, de Rodrigo Garcia qui du festival Mettre en scène au TNB à Rennes (Muerte y reencarnacion en un Cow-boy) au Rond Point (Versus) a signé deux spectacles furieux et salvateurs sur nos états contemporains. Garcia revient à des mises en scène, plus sobres, mieux écrites, génie solitaire et vibrant misanthrope.
Des déceptions ? Le Merlin des Possédés, troupe amie et suivie avec intérêt qui pousse leur procédé à sa limite, maltraitant le mythe de la Table ronde et la quête du Graal, dans une débauche contemporaine éprouvante. La Paranoïa, par Marcial di Fonzo Bo, Elise Vigier, et leurs complices des Lucioles : un brouillard de 2h20, bizarre et pas vraiment décapant… La Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco, revue en 1991 par Jean-Luc Lagarce et reprise à l’Athénée : on s’enfuit au bout de vingt minutes devant du vieux théâtre absurde, vieilli et osons absolument rasoir ! Et terminons cette note par le fantomatique Steven Cohen, le performer sud-africain juché sur des stiletto en forme de crânes humains, a crucifié le Centre Pompidou quelques soirs de novembre avec son Golgotha, océan de tristesse et d’obsession personnelle, né du suicide de son frère : « Mon travail vise la fonction d’un speculum, non d’une suture, destiné à provoquer des questions plus qu’à fournir des réponses »…
Sur quelques airs d’opérette parisienne
Vendredi 25 décembre 2009
Philippe Découflé et les filles du Crazy © Crazy Horse
Une vie de cabaret, de cirque et d’opérette ! Loin des spectacles arty mainstream de cet hiver, dominés par une dépression et un ennui au long cours ; des spectacles du privé, ringards et vulgaires (Panique au ministère, on y reviendra), l’opérette et les musicals qui déferlent ces jours d’hiver ou de Noël sur les scènes françaises, se révèlent de belle facture. Commençons par LE temple d’une certaine nuit parisienne, l’illustre Crazy Horse que le chorégraphe et scénographe Philippe Decouflé revisite depuis quelques semaines… What’s new ? Pas grand chose si ce n’est un petit vent de liberté qui fait danser les girls « en cheveux ». Pour le reste, l’esprit « Bernardin » demeure, l’homme de « Sombreros » n’opère pas de révolution, modernisant à bon escient un corps de ballet « d’enfer », mais sans doute toujours orpheline d’un « patron ». Découflé aura été, le temps d’un été, un sympathique cousin d’Amérique, espiègle, malin. Rien de plus, soyons franc. D’ailleurs, il est déjà reparti. Vers Rennes pour de nouvelles aventures au Théâtre national de Bretagne, en tant que chorégraphe associé.
Chantons, dansons, jouons ! C’est sous cette bannière très agitée que se rassemblent les comédiens, chanteurs, musiciens – le tout à la fois – d’Alain Sachs pour une heureuse « Vie parisienne » au Théâtre Antoine. Offenbach y est servi avec justesse, malice et enthousiaste. Le public est conquis par cette modestie, qui fait entendre Offenbach, tout Offenbach et rien qu’Offenbach. On en redemande. Gardons le meilleur pour la fin. On avait découvert avec effroi la nouvelle programmation du Châtelet, cherchant sa distinction parisienne dans une discutable tentative d’installer Broadway près de la Seine. Et bien, il faut bien le saluer : Jean-Luc Choplin, son directeur, est en passe de gagner ce difficile pari. Sa « Mélodie du bonheur » au Châtelet est accomplie, excellente et professionnellement irréprochable. N’étaient le public de pépés et de mémés parisiennes, choucroutées et parfumées d’importance, accompagnés de leur petite progéniture – au prix des places, le spectacle ne s’offre pas à toutes les bourses ! – on se croirait sur Broadway ! « Que du bonheur !» titrait Eric Dahan il y a quelques jours dans Libération. On est bien d’accord.
Un dernier mot ? Oui, pardon, pour déconseiller « Pampa », le dernier spectacle du Cirque national Alexis Gruss au Bois de Bopulogne. Un vieux Gruss qui s’emmêle les chevaux, la génération suivante, virevoltante, mais bien lourde (sur les chevaux comme lors des navrants numéros de clowns), une Gipsy (la mémé) et ses chiens perdus sans collier ni talents et la dernière génération jonglant à l’avenant. Ca dure, ca dure, reste à sauver deux gamines au trapèze et un éléphant marrant. Qui ne trompe personne. Cela va de soi.
Cinéma 2009 : petites conversations familiales
Jeudi 24 décembre 2009
Le père de mes enfants, un film de Mia Hansen-Love© DR
Le cinéma nous aura créé des familles cet automne. De belles familles en chairs et parfois en larmes. Elles auront couru comme autant de cantates et autres petites conversations lumineuses, heureuses, puis malheureuses et encore heureuses. Comme d’habitude, peut-être ? Mieux que d’habitude, sans doute, puisque leurs étoiles continuent de briller longtemps. On pense à la solitude de Mme Chambon (Sandrine Kiberlain) et la famille de son amant (Vincent Lindon). On a les larmes aux yeux d’Alain Cavalier qui pleure son Irène, sa fière aimée. Irène, sa reine. Et puis ces Mère et fille, Marie-José Croze et Marina Hands, rassemblées autour de la figure butée de Catherine Deneuve et du débonnaire Michel Duchaussoy, quatuor talentueux pour un film fragile. Une père et sa fille. Un père et ses filles. Un père et sa femme. Un père de famille. Pouvait-on imaginer plus beau tombeau pour un père, Humbert Balsan, que celui subtil et lumineux de Mia Hansen-Love ? Son film Le père de mes enfants est un bijou sombre, le film de jolis coeurs en hiver qui connaîtront, c’est sûr, à nouveau le printemps…
Politique 2009 : en finir avec Benoît Hamon
Mercredi 23 décembre 2009
Benoît Hamon © Charles Platiau / Reuters
D’un coup de griffe, profitons de cette fin d’année qui aura brillé par son horreur politique pour solder nos comptes avec le terrible Benoît Hamon, qui, avec Frédéric Lefevre, Dominique Paillé, Julien Dray, Benjamin Lancar (les Jeunes Populaires), Jean Sarkozy, le Petit et le Grand Journal de Canal + auront fait tant de mal à la vie politique française.
Gardons avec humeur et humour pour le porte-parole du Parti Socialiste un chien de notre chienne (Baltique ?). Pourquoi ? Ses déclarations minables dans la fièvre de la polémique Polanski / Mitterrand – à décourager le moindre des socialistes, qui tient encore la gouvernance socialiste comme la possibilité d’une société différente, unie et responsable – auront au moins permis de démasquer le politicien manœuvrier et de prendre conscience du profil de la garde montante, acoquinée à Martine Aubry, pas éloignée du rigorisme jospinien sur la question des moeurs, et toujours en tête pour empêcher toute évolution « social-libérale » du Parti Socialiste. Nous n’en étions pas dupe mais ses quelques phrases, à la limite de l’homophobie, et promptes « à livrer aux chiens l’honneur d’un homme » auront anéanti l’estime déjà contrariée qu’on pouvait avoir pour ce jeune camarade désormais sans mandat, puisqu’emporté avec tant d’autres lors des dernières élections européennes. S’il donne des leçons à la terre entière (Soigne ta gauche !), Benoît Hamon ne les applique guère, se maintenant à son poste après sa sévère déculottée européenne, derrière le faiblard Harlem Désir, tête de liste, lui aussi, sans la moindre envergure. On l’annonce désormais aux côtés de l’épouvantable et rocardien Jean-Paul Huchon pour les régionales d’Ile-de-France ! Quelle chance d’avoir les malheureuses Valérie Pécresse et Cécile Duflot en face pour s’assurer des suffrages immérités. On suivra cela de près.
Art contemporain 2009 : animal, on est mal !
Lundi 21 décembre 2009Des cabinets de curiosités en tout genre ! On en aura couru des villes, des pays et des galeries pour l’amour de l’art contemporain. Des artistes en création qu’on suit, qu’on découvre, qu’on oublie aussi. Alors, pour terminer l’année, une rapide rétrospective de ces derniers mois et de nos plaisirs. D’abord, une petite déception, Simon Starling au Mac / Val de Vitry-sur-Seine. Dans un établissement désert, on découvre les récentes œuvres du britannique, fondu de fusions et de transformations techno-industrielles. Est-ce le lieu ou la froideur des installations ? On emprunte, volontaire, la trajectoire Starling mais rien ne prend. On s’ennuie terriblement. Même sensation au Musée d’art moderne de la Ville de Paris avec les expositions Deadline, rassemblant les derniers travaux de plusieurs artistes (Martin Kippenberger, Felix Gonzalez-Torres, Robert Mapplethorpe) et Primitive, l’installation du démiurge thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, qui met en scène les préparatifs de son prochain film dont une belle vidéo de jeunes footballers au ballon en boule de feu. Laissons-là les déceptions et rappelons-nous de vidéos saisissantes comme celle de Mark Wallinger (Threshold to the Kingdom, 2000) à Saint-Eustache, de Jesper Just (A voyage in Dwelling, 2008) au 104 lors de la Nuit blanche, et du collectif Berlin (idéal docu-reportage Moscou, 2009) au très bobo festival « Temps d’Images » de la Ferme-du-Buisson (Noisiel). Comme toujours, Londres offre son lot de belles manières : la remarquable exposition Anish Kapoor à la Royal Academy of arts, le Turner Prize et son lauréat Richard Wright à la Tate Britain. Mais Paris affiche tout de même de bonnes couleurs : les colliers de verre Murano de Jean-Michel Othoniel et les univers très « pop-life » de Takashi Murakami chez Emmanuel Perrotin, l’enfance au noir dans les filets d’Annette Messager chez Marian Goodman, la rousseur des belles photographiées ou filmées par Guy Bourdin au Bon Marché Rive Gauche. Et des ravissements, encore : le Self portrait de Louise Bourgeois à la galerie Pièce unique et surtout la Maison Deyrolle, l’un des plus fascinants cabinets d’histoire naturelle d’Europe, temple parisien des entomologistes, dévasté par un incendie en février 2008, qui a fêté sa belle renaissance par plusieurs expositions dont l’une en association avec le galeriste Kamel Mennour et le plasticien chinois Huang Yong Ping. Une merveilleuse arche de Noë au coeur la Chapelle de l’Ecole nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris !
M’as-tu vu ? Episode 44
Samedi 19 décembre 2009
Michale Mrontz et Guido Westerwelle © Reuters
Le couple de l’année 2009 ? Bien mieux que Johnny Hallyday et sa béquille médiatique de Laeticia ! Michaele Mronz et Guido Westerwelle. Ce dernier est le ministre des Affaires Etrangères de la chancelière Angela Merkel. On craignait que sa situation conjugale ne mette à mal la diplomatie allemande auprès de certains Etats ou dictatures peu ouvertes sur la question des moeurs. Il n’en a rien été. Un avancée ? Ou une nouvelle frilosité entretenue et balayée par les faits ? Ce faisant et dépassant la situation personnelle du ministre, on peut dénoncer et combattre les options politiques du très libéral patron de la deuxième force conservatrice allemande.