Frédéric Mitterrand © Yury Toroptsov / Libération
Frédéric Mitterrand a commis au moins deux erreurs : réagir par trop d’émotion à l’affaire Polanski ; se livrer à des actes sexuels tarifés avec de jeunes prostitués thaïlandais. Aveu qui n’en est pas un puisqu’il figure dans son récit paru en 2005, La Mauvaise Vie, dont la critique salua la force. Il n’est pas simple pour un individu de confesser ses bassesses, et il faut avoir lu le livre – ce qu’à l’évidence n’ont pas fait les esprits vengeurs du moment – pour mesurer la part d’humanité et de remords qui court au long de ces pages suffocantes d’où sourdent malheur et malaise.
Mais soyons précis : dans son texte écrit sans autre contrainte que celle de la sincérité, Frédéric Mitterrand parle d’acte homosexuel, pas de pédophilie ; de relation entre adultes consentants, même si la prostitution, dans le tiers-monde plus qu’ailleurs encore, inclut toujours une sujétion par l’argent. Sur ce tas de faux secrets, certains ont engagé une chasse à l’homme. Avec le Front national et quelques figures socialistes en chefs de meute. Bel attelage en vérité, que celui de l’hypocrisie, de la vindicte et du populisme mêlés. La proie est si tentante. Pensez ! Un ministre d’ouverture, donc faible. Peu considéré à droite, regardé plus que de travers à gauche, pain bénit d’une extrême droite qui veut se refaire à bon compte.
Mais revenons aux faits. Ce livre était-il connu ? Oui. M. Mitterrand a-t-il commis un viol ? Non. L’homosexualité est-elle un crime, un délit ? Pas davantage. Alors ? Alors si le ministre de la culture n’a pas menti sur l’âge de ses partenaires sexuels, le lynchage dont il est la victime est une tache sur tous ceux qui, au nom d’intérêts mesquins, hurlent avec les loups.
Eric Fottorino, Le Monde, le 10 octobre 09
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