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Archive pour octobre 2009

Raoul : James Thierrée et son double

Mercredi 21 octobre 2009

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James Thierrée dans « Raoul » © DR

Il arrive en courant sur la scène du Barbican Theater de Londres. Dans la salle, on parle anglais mais aussi français, allemand, sans doute par quelques travées, espagnol. Pour James Thierrée, une Europe se déplace, comme la possibilité d’un enchantement, un divertimento furieux, un esperanto de haute voltige. Déjà, il danse, se dédouble, mime et nous conte des histoires à dormir debout. Des songes d’enfants ébouriffés, les joues rouges à courir le poisson-chat, la méduse à voiles, à s’endormir, fourbus, sur le flanc d’un éléphant malin. Bric et broc, ménagère enfantine en tête de frelon, James Thierrée – faut-il rappeler encore son ascendance chaplinesque ? – est un poème, quelques vers « animal » du poète Eugène Savitzkaya, une traversée de l’Afrique, de l’Asie et retour, par grand vent de tempête, au cœur de son Europe, solidaire et sensible, solaire et amoureux. Au final, il rit encore, danse, et remercie. En français !

Raoul, écrit, mis en scène et joué par James Thierrée. En tournée, à La Rochelle (du 5 au 8 novembre), Clermont-Ferrand (du 30 novembre au 2 décembre) et Paris (Théâtre de la Ville, du 19 décembre au 5 janvier 2010).

Chasse à l’homme, par Eric Fottorino

Dimanche 11 octobre 2009

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Frédéric Mitterrand © Yury Toroptsov / Libération

Frédéric Mitterrand a commis au moins deux erreurs : réagir par trop d’émotion à l’affaire Polanski ; se livrer à des actes sexuels tarifés avec de jeunes prostitués thaïlandais. Aveu qui n’en est pas un puisqu’il figure dans son récit paru en 2005, La Mauvaise Vie, dont la critique salua la force. Il n’est pas simple pour un individu de confesser ses bassesses, et il faut avoir lu le livre – ce qu’à l’évidence n’ont pas fait les esprits vengeurs du moment – pour mesurer la part d’humanité et de remords qui court au long de ces pages suffocantes d’où sourdent malheur et malaise.
Mais soyons précis : dans son texte écrit sans autre contrainte que celle de la sincérité, Frédéric Mitterrand parle d’acte homosexuel, pas de pédophilie ; de relation entre adultes consentants, même si la prostitution, dans le tiers-monde plus qu’ailleurs encore, inclut toujours une sujétion par l’argent. Sur ce tas de faux secrets, certains ont engagé une chasse à l’homme. Avec le Front national et quelques figures socialistes en chefs de meute. Bel attelage en vérité, que celui de l’hypocrisie, de la vindicte et du populisme mêlés. La proie est si tentante. Pensez ! Un ministre d’ouverture, donc faible. Peu considéré à droite, regardé plus que de travers à gauche, pain bénit d’une extrême droite qui veut se refaire à bon compte.
Mais revenons aux faits. Ce livre était-il connu ? Oui. M. Mitterrand a-t-il commis un viol ? Non. L’homosexualité est-elle un crime, un délit ? Pas davantage. Alors ? Alors si le ministre de la culture n’a pas menti sur l’âge de ses partenaires sexuels, le lynchage dont il est la victime est une tache sur tous ceux qui, au nom d’intérêts mesquins, hurlent avec les loups.

Eric Fottorino, Le Monde, le 10 octobre 09

M’as-tu vu ? Episode 43

Vendredi 2 octobre 2009

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© White House Photo.

Les Obama et Zapatero avec des membres de la famille Adams ? Non, juste les filles du couple Zapatero en pleine adolescence. En total look gothique, la belle affaire ! Une erreur du service de presse de la Maison blanche et les voici en une du quotidien de droite « El Mundo », malgré la demande de leur père aux médias de ne pas diffuser ces images. Le gouvernement Zapatero connaît actuellement des difficultés, les médias d’opposition en profitent et se scandalisent de la tenue « inappropriée » des adolescentes, âgées de 13 et 16 ans, pour rencontrer les Obama. On peut penser le contraire et voir dans cette image la bonne santé de la jeunesse espagnole, héritière d’une lointaine movida madrilène. Pourvu qu’elles soient libres, créatives, curieuses et heureuses pour ce merveilleux pied de nez aux conservateurs de tout poil ! On attend avec impatience la réponse de Malia et Sasha, les filles Obama, qui, elles aussi, peuvent désormais prétendre à pareille liberté !

Vie privée au Théâtre Antoine (no trespassing)

Vendredi 2 octobre 2009

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Anne Brochet et Julien Boisselier © Théâtre Antoine

Ah que l’on s’est bien fait avoir ! La belle affiche : Anne Brochet et les garçons, Julien Boisselier au premier rang, François Vincentelli aussi. La belle pièce : l’adaptation pour la scène du film « Philadelphia story » de Cukor (1940). On est les premiers aux premières ! De l’élégance du film, il ne reste qu’un décor hollywoodien. On passe du noir et blanc au beige, sans pourtant y gagner au change. Le rideau se lève sur trois cruches qui s’essaient à la comédie à l’américaine. Elles n’ont aucun allant, sont raides comme des piquets, d’une mollesse coupable pour une comédie du « remariage » qui se voudrait endiablée. La pauvre Anne Brochet tient le pompom. Elle récite son texte avec une emphase aristocratique ridicule. Pas de quoi réveiller le fantôme de Katharine Hepburn ! Les garçons arrivent et avec eux, l’intrigue et le naufrage. Ces messieurs se prennent pour Cary Grant et James Stewart, avec des poses affectées qu’on ne saurait décrire sans être cruel. Y a plus qu’à tirer l’échelle, et prendre la poudre d’escampette, l’entracte sonné…

Vie privée, adaptation et mise en scène Pierre Laville, Théâtre Antoine.

M’as-tu vu ? Episode 42

Jeudi 1 octobre 2009

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Mmes Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy © Claude Gassian / Le Figaro Magazine

« Je vois en effet Carla régulièrement. On se téléphone assez souvent. Nous avons dîné cet été au Cap Nègre, très agréablement. Je la trouve très belle, élégante, tout en étant très simple, sobre. C’est une vraie artiste. Elle est très gaie, amusante. Elle apporte beaucoup au président dans cette vie stressante, cette course permanente contre la montre. Et puis, elle n’a rien abdiqué de ses convictions ni de sa personnalité. C’est le signe d’une belle intelligence et d’un grand caractère. »

Bernadette Chirac, interview dans Le Parisien, le 1er octobre 09.

Le québécois Pierre Lapointe nous revient

Jeudi 1 octobre 2009

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Pierre Lapointe © DR

Trois ans après « La forêt des mal-aimés », l’auteur-compositeur-interprète québécois revient avec son troisième album « Sentiments humains » et c’est une nouvelle réussite, au point qu’il tient l’affiche de la petite Boule noire à Paris pendant près d’un mois. Il faut le voir, il faut l’écouter. Le jeune homme avait du talent, on le savait. Il gagne aujourd’hui en maturité avec une douzaine de chansons élégantes, aux mots choisis, des mélodies qui se font vite jolies rengaines. Elles disent l’amour et ses mystères, mêlant les confessions intimes et cet univers de mystère qui fait la singularité de ce cher Pierre Lapointe. Oui, alors, on est heureux qu’il nous revienne et qu’il soit à nous !

Sentiments humains, Pierre Lapointe.

En tournée dans toute la France et à Paris à la Boule noire, jusqu’au 17 octobre.

Drôle d’aubergistes à Woodstock

Jeudi 1 octobre 2009

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Demetri Martin dans « Hotel Woodstock » © DR

On avait laissé Ang Lee à Brokeback Mountain, deux cowboys éperdus d’amour l’un pour l’autre. On le retrouve à Woodstock, sur les pas d’un drôle d’Eliott, garçon sensible s’ennuyant à Bethel, écrasé par une mère ashkénaze, jamais remise de la guerre et de son exil, un père falot et taiseux, naviguant entre le motel familial et New York où il tente une laborieuse carrière artistique. En quelques jours, sa verte vallée deviendra, par son entregent libertaire, le mythique « Woodstock », et son hôtel vétuste le carrefour de toutes les expériences hippies. Eliott, lui, embrassera et couchera avec un solide garçon au regard triste, se laissera aller à un trip flower-power, protégé par un body-guard transgenre (excellent Liev Schreiber). Vivre, vivre enfin : c’est le credo d’Ang Lee depuis ses premiers films. A Woodstock, la démonstration est intéressante mais tourne un peu court tant la reconstitution est caricaturale et les personnages campés grossièrement. On aurait aimé une part documentaire plus grande, moins légendaire pour que le film sonne plus juste. Il n’empêche, cet Eliott, sa famille, ses nouveaux amis, sont attachants et portent le film de toutes leurs maladresses.

Hôtel Woodstock, un film d’Ang Lee. En salles.

L’Européenne : illusions comiques

Jeudi 1 octobre 2009

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L’Européenne © DR – Théâtre de la Ville.

Après l’émouvante « Commission centrale de l’enfance », on pensait assister à la naissance d’un auteur, David Lescot. Las, rien ne s’est passé comme imaginé et le spectacle proposé par l’auteur et metteur en scène au Théâtre des Abbesses en plus de la reprise de la « Commission » n’est pas à la hauteur nos espoirs. Commencée tambour battant sur une hilarante affaire de traduction, la pièce perd vite toute sa substance pour finir en une immense gesticulation. Il est, ensuite, question des arcanes de l’institution européenne vu par ses multiples interprètes, puis d’un hypothétique nouvel hymne pour la commission européenne en remplacement de la célébrissime « Ode à la Joie » de Beethoven. Les comédiens et musiciens s’agitent sans pouvoir donner corps à ces sujets et s’appuyer sur un texte digne d’intérêt. Ils ne sont pourtant pas mauvais, jeunes, généreux et pleins d’allant. Mais, sans texte, que faire si ce n’est tourner en rond jusqu’à ce final malheureux en forme de comédie musicale navrante ? Rien de convaincant, des bavardages, des images sans fondement… On oublie.

L’européenne, ms David Lescot, Théâtre de la Ville – Les Abbesses, jusqu’au 3 octobre 09.