Tomas et Castella : l’éclat du courage

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José Tomas © DR

Bayonne ! Quelle tristesse que ton public ne soit pas à la hauteur du cartel d’exception présenté le 13 août dernier en ouverture d’un week-end tauromachique de belle tenue. El Fundi, l’ancien et encore sûr de lui, le messianique José Tomas et l’intrépide Sébastien Castella. Une affiche de grands tempéraments et l’une des brochettes les plus élégantes de la temporada 2009. Personne ne s’y était trompé, les arènes étaient pleines – trop pleines peut-être d’un public venu aux jeux du cirque, gueulant à déconcentrer les toreros, téléphonant, photographiant à coup de flashs bruyants, réclamant musique, oreilles et queue comme on agitait autrefois des petits papiers aux Jeux de 20h00, agitant de manière désordonnée ses mouchoirs blancs (bouts de sopalin, sortis de la cuisine, pliés en deux), et demandant encore la grâce d’un toro pas plus brave qu’un autre. Un cauchemar, avouons-le.
Sur le sable, on attendait José Tomas, ce fut Sébastien Castella qui tira le mieux son épingle du jeu. Le garçon, remis de ses blessures et ses anémies physiques et psychologiques, tenait la forme et fit la démonstration de son grand talent. Légèreté, intrépidité et ce courage hallucinant face au toro qui fait de lui le plus élégant et le plus courageux des toreros français, très loin devant le pâle et sérieux Juan Bautista. Et Tomas, alors ? Pas de chance, son lot de toros n’était pas à l’enjeu de cette dernière apparition de l’année dans les arènes françaises. Le maestro donna le meilleur de lui-même, danseur immobile d’un tango plus que triste. Regard perdu dans la violence des assauts du toro, à frôler la mort avec la tempérance d’un capitaine au long cours, José Tomas déploya la magie de sa faena malgré tout. Une discipline de fer devenue séduction, le mutisme comme le plus grand des charmes, tristesse et mélancolie attachée à la taille mince, boucle de cheveux en poivre presque sel au vent qui se levait, timide, sous le ciel couvert, José Tomas toréait ses bêtes de mauvaise fortune. Impassible, le grand homme triste.

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