Archive pour août 2009

Pour 100 000 euros, t’as plus rien…

Vendredi 28 août 2009

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Emeric (le comédien) et Christopher © TF1

Il faut avoir vu cette bêtise une fois, comme une piqûre de rappel, et ne jamais oublier ce dont la télévision est capable. « Mon incroyable fiancé 2″, donc. Pour doper ses audiences défaillantes, TF1 vire sa cuti et met en scène deux jeunes « hétéros » censés faire croire à leur famille qu’à la faveur d’un jeu télévisé, ils se sont rencontrés à Marbella, qu’ils s’aiment et qu’ils vont se marier, profitant – merci Zapatero ! – des avantageuses lois espagnoles autorisant le mariage homosexuel. Les deux candidats doivent réussir à ce que leurs parents assistent à leur prétendu mariage pour gagner un salutaire chèque de 100 000 euros… Mais derrière l’un des deux protagonistes se cache un comédien, Emeric, qui a tôt fait de tomber amoureux et de déclarer sa (fausse) flamme à un Christopher, morceau de bois franc, peu tenté par les caresses entre garçons.
L’affaire est cousue de fils blancs et de déclarations niaiseuses sur la difficulté du coming out, l’acceptation de l’homosexualité et le dépassement de soi. A la fin, le malheureux candidat perd – son (vrai) père ayant foutu le camp en apprenant les amours nouvelles de son fils – mais gagne, la production trouvant son attitude des plus méritantes et ouvertes à la cause homosexuelle. Découvrant le pot-aux-roses, le désormais gagnant aura ses mots définitifs et évidents : « Mon dieu, je me suis bien fait avoir, vous êtes une bande d’enculés ». Classieux.

Mon incroyable fiancé 2, la vidéo.

Le ravissement « Chéri »

Vendredi 28 août 2009

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Michelle Pfeiffer © DR

Y aller et y revenir. Revu l’autre dimanche le très beau film de Stephen Frears, tiré de « Chéri » et « La fin de Chéri », deux romans de Colette. Il n’y a rien à dire, sinon que c’est un film impeccable, en pleine grâce et intelligence, porté par Michelle Pfeiffer et Kathy Bates, qui s’affrontent en un sémillant jeu de dames. Encore un film à costumes, où Stephen Frears s’enivre d’organza, de taffetas et autres crinolines ? Non, Frears se saisit d’un siècle naissant, d’un homme et de quelques femmes décadents dans un monde qui bientôt ne sera plus le leur. Il faut un générique et quelques photographies pour que le cinéaste et son formidable scénariste Christopher Hampton placent leurs regards narquois sur ces personnages d’un autre temps pour que le film démarre, brillant, et ne s’arrête plus. Chéri, Nounoune, les cocottes, défilent. Bientôt Maxim’s ouvre ses portes à l’heure de souper, on s’endort à l’hôtel Régina aux Tuileries, on se réveille, en mal d’amour, à l’Hôtel du Palais à Biarritz. L’amour, la fantaisie, vieillir sans jamais mourir. Un ravissement.

Chéri, un film de Stephen Frears. Sortie DVD en octobre 2009.

M’as-tu vu ? Episode 35

Vendredi 28 août 2009

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Lorenzo et Marc © Gamma

Il se murmure que ces deux-là, le créateur Marc Jacobs et son « boy-friend » brésilien Lorenzo Martone, sont passés devant Monsieur le maire la semaine dernière à Princetown. La rumeur lancée par le New York Post a fait le tour du monde. Bref, on en a beaucoup parlé avant, mais très peu ensuite, faute d’images et de témoins. Il semble que l’homme de Louis Vuitton ait convolé dans la plus stricte intimité, attendant des jours d’automne pour une « after-party ». A quelques heures de la cérémonie, ils paradaient à la première du documentaire de R.J. Curtis « The september issue » consacrée à « la » Wintour et à son célèbre magazine « Vogue »…

Quentin Tarantino fait de la résistance

Dimanche 23 août 2009

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Quentin Tarantino et ses « Inglorious Basterds » © Universal

« Il est permis de violer l’histoire, à condition de lui faire de beaux enfants » disait Alexandre Dumas. Une phrase qu’a du méditer Quentin Tarantino ! De beaux enfants, ces bâtards sans gloire ? Pas vraiment, mais un farce sympathique comme une lettre d’amour au cinéma de série B avec la vitalité furieuse dont Tarantino sait faire la démonstration. Bien sûr, c’est bien trop long, bien trop bavard, lourdingue, mais quel esprit donne le cinéaste à ces comédiens. Christoph Waltz en haut de l’affiche, les égéries françaises Kruger et Laurent au mieux de leur talent, Brad Pitt ridicule à souhait mais heureux de l’être et une mine de seconds rôles épatants (Daniel Brühl, Michael Fassbender). C’est un festival de cinéma et il ne faut rien lui demander d’autre !

Inglorious Basterds, un film de Quentin Tarantino (2h28). En salles.

Marjane Satrapi : « A Paris, j’aime tout »

Dimanche 23 août 2009

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Marjane Satrapi © DR

Jolie interview de la bédéaste Marjane Strapi qu’on n’aime d’ordinaire pas beaucoup mais à qui on reconnaît un talent certain. Elle se raconte, avec d’autres immigrés désormais reconnus dont le mythomane Pal Sarkozy, dans une série d’été pour Le Monde. Elle raconte à Catherine Simon cette anecdote savoureuse sur sa vie désormais parisienne : « A Paris, j’aime tout », résume-t-elle sans ambages. Y compris l’odeur du métro, « l’odeur de la liberté », loin de l’Iran et des ayatollahs. Elle aime tout, y compris les Parisiens mufles ou grincheux. Comme cet aveugle qu’elle remarque un jour, planté au bord du trottoir, et à qui elle propose gentiment son aide pour traverser la rue. « Tu ne vois pas que j’attends le bus, connasse ? », l’envoie bouler l’atrabilaire, suscitant embarras et admiration chez sa fugace bienfaitrice. »

Le parfum de liberté, entretien avec Catherine Simon, Le Monde, 21 aout 2009.

M’as-tu vu ? Episode 34

Vendredi 21 août 2009

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Bill Clinton en Corée du Nord. © Reuters /KCNA

Et le voici de nouveau, l’éternel come-back boy ! Les médias du monde entier ont ainsi salué le retour de Bill Clinton sur la scène internationale à l’occasion des négociations pour la libération des deux journalistes américaines Laura Ling et Euna Lee par Kim Jong-il. L’infâme tyran de Pyongyang avait demandé au secrétariat d’Etat sa venue, il est venu, les journalistes sont libérées moins de vingt heures après son arrivée. S’invente ainsi une diplomatie américaine à trois têtes, Barack Obama en première ligne, fixant les contours d’une nouvelle ère post-Bush, secondée par les époux Clinton, comme au bon vieux temps de leur Maison Blanche et de la sévère Madeleine Allbright. On pourrait crier au scandale, à la diplomatie parallèle, mais que voulez-vous, Bill Clinton apparaît et les caméras se tournent vers lui, simple, direct, décontracté et charmeur, sans qu’Obama ou Hillary y puissent quelque chose. Faisant campagne pour son épouse lors des primaires démocrates, il avait prévenu : c’était « Deux Clinton pour le prix d’un » !

Qui connaît monsieur Bockel ?

Vendredi 21 août 2009

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Jean-Marie Bockel © DR

Il était une figure reconnue du Parti Socialiste, maire de Mulhouse, tenant de l’aile libérale de premier parti de gauche. Il n’en pouvait plus de ne pas être entendu, considéré à sa juste valeur. Après un flirt avec Nicolas Sarkozy, il a accepté le baiser de l’ouverture. Sa voix contre de jolies gambettes comme la petite sirène du conte d’Andersen et la possibilité enfin de courir vers le succès de ses idées ? Rien, à la différence du populaire Bernard Kouchner réalisant son rêve (ministre des affaires étrangères, tu te rends compte, Christine !) ou d’Eric Besson traître majuscule, Jean-Marie Bockel n’a eu rien en échange de son passage à droite. Des peaux de banane, tout juste : un secrétariat d’Etat à la Coopération, où il s’imaginait libre de ses paroles, pourtant vite rattrapé par la réalité de francafrique, un secrétariat d’Etat à la Défense et aux anciens combattants, où il est difficile de faire entendre son goût pour les dossiers économiques et politiques et désormais – il est de tous les remaniements – un secrétariat sans affectation auprès de la Garde des Sceaux, ministre d’Etat. Il pensait être sous-ministre des prisons, un dossier cher au président, Michèle Alliot-Marie, femme de tête et vieux routier des gouvernements (elle est ministre depuis 8 ans !), ne lui a rien lâché. Il le concède dans un entretien hier au Figaro : « Quand j’ai été nommé place Vendôme, il m’a falllu trouver mes marques. Je pensais avoir des attributions que je n’ai finalement pas. Je fais avec beaucoup de plaisir ce que ma ministre de tutelle me demande de faire, et je compte être présent sur tous les sujets car je n’ai pas d’attributions limitatives »…
Pour passer le temps, il a crée un parti, La gauche moderne, 1500 adhérents au compteur, deux députés européens en cadeau mais là encore, Jean-Marie Bockel doit avaler toutes les couleuvres. La plus grosse, cet été, est l’arrivée de souverainiste Philippe de Villiers au sein du comité de liaison de la majorité, machine à gagner les élections régionales, dirigée avec doigté par le sénateur marseillais Jean-Claude Gaudin. Apprenant le ralliement du MPF (et des chasseurs) à l’UMP, Jean-Marie Bockel avait promis une explication « virile ». Las, il a suffi que Gaudin et Besson sortent du bois et traitent par l’ironie le pauvre monsieur Bockel lors du passage de la caravane UMP à Marseille pour que le même rentre dans le rang. Plus question de montrer ses muscles, il veut « continuer à travailler de manière positive en réfléchissant à une plate-forme dans laquelle chacune des composantes de la majorité pourra se retrouver… ». On le plaint…

Entretien avec Anne Rovan, Le Figaro, 20 août 2009.

Woodstock en trompe-l’œil

Vendredi 21 août 2009

« Summer of love » sur Arte, dossiers de plusieurs pages dans la presse écrite, numéro spécial et fac-similé de Rolling Stone, impossible de passer à côté du 40e anniversaire du Woodstock Music Festival and Art Fair, plus connu sous le nom de « Woodstock », le rassemblement de la paix et de l’amour qui eut lieu à Bethel dans l’Etat de New-York, où 450 000 pacifistes et jeunes de toute l’Amérique vinrent écouter Jimmy Hendrix, Janis Joplin, Joe Cocker, Carlos Santana, Joan Baez, Arlo Guthrie en pleine guerre du Vietnam. Trois journées entières dans les prés à se droguer, à faire l’amour et écouter de la musique que beaucoup n’entendirent pas, trop éloignés de la scène.
Woodstock, la fin du mouvement hippie, les beatniks, les premiers babas, plus ou moins cools : un mythe qui dure pour ceux qui étaient, comme pour ceux qui courent après… Libération, dans un dossier dominé par un bon article « historique » d’Eric Dahan, est allé à la rencontre de quelques « vétérans » dont Bobbi et Nick Ercoline. La photographie du couple, enroulé dans une couverture au lever du jour, a fait le tour du monde sur la pochette de l’album-live. Depuis, à chaque anniversaire, ils témoignent, une horde de journalistes à leur trousse. Et le plus étonnant dans l’histoire est qu’ils ne sont pas ceux qu’on attend. « Nous n’étions pas franchement hippies (…) Nous avons réalisé que très tard l’importance de cette escapade pour notre génération ». Cinq amis en goguette, des « gosses de la campagne » – ils vivent à 70 km de Bethel – vont à un festival de musique. Une opération commerciale, à l’origine, dont les organisateurs seront bientôt submergés par l’affluence. Voiture abandonnée à des kilomètres de la scène, du vin et de la bière pour la soif, ils découvrent : « Le vrai spectacle était sous nos yeux, tantôt un groupe improvisait un barbecue, tantôt une couple s’aimait, d’autres chantaient ou dansaient. Woodstock, c’était des moments volés d’intimité partagée ». Ils sont toujours ensemble. Elle vote républicain, faisant une exception pour Obama, lui démocrate. La couette ? Ils l’ont ramassée parmi les sacs à dos, chaussures et autres vêtements abandonnés. Sur la route…

Libération, Aimer Woodstock, 15 – 16 août 2009.

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Bobbi et Nick Ercoline © Burk Uzzle

Partir, revenir

Jeudi 20 août 2009

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Kristin Scott Thomas © DR

Une jolie maison dans le Gard, cigales chantantes, baies vitrées sur le jardin, tableaux et mobiliers confortables. Deux adolescents, une femme anglaise pour un mari chirurgien. Les ouvriers travaillent dans l’atelier. Suzanne. Une femme s’ennuie, une femme s’enflamme pour le plus « brave » de ses ouvriers. Un catalan replet, poilu de dos comme de face, ancien taulard. Un diable de l’amour. Catherine Corsini, que l’on avait connu nettement moins inspirée, filme son actrice Kristin Scott-Thomas. Elle est de tous les plans, par tous les temps. Une femme et deux hommes. Rosalie, César, David, comme avant eux, Jules et Jim. L’histoire commence et finit d’un coup de fusil. D’emblée, Catherine Corsini prend la voie Truffaut jusqu’à utiliser en bande originale les musiques composées par Georges Delerue pour ses films. Son récit cavale. Il ne s’arrêtera pratiquement pas. Le scénario est sans relief mais Catherine en pince pour Kristin et c’est avec la performance nerveuse d’Yvan Attal, enfin, revenu devant la caméra, le meilleur de ce film aux situations attendues comme la ritournelle connue, perdue de vue, reconnue. Celle de la passion d’une femme amoureuse.

Partir, un film de Catherine Corsini (1h25). En salles.

Philippe Decouflé fait son entrée au Crazy

Jeudi 20 août 2009

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Philippe Decouflé et les girls © DR

Réjouissons-nous ! L’événement chorégraphique de ce début de saison n’aura pas lieu dans un digne théâtre subventionné, mais dans le bouclard le plus sélect de l’avenue Georges V. Philippe Decouflé, nouveau directeur artistique de la maison Bernardin, créée en 1951, présentera à partir du 21 septembre la nouvelle revue du Crazy Horse Saloon. Après les années de deuil, suite au décès du fondateur en 1994, les guest-stars de luxe (Arielle Dombasle, Dita von Teese), l’arrivée de Philippe Decouflé, 47 ans, maître de cérémonies de l’Ouverture des Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville (1992), du 50e Festival de Cannes (1997), signe le temps du renouveau. Fini, les girls soldées dans les émissions de réveillon de Michel Drucker ou Mireille Dumas, retour à la barre et au spectacle à l’heure où le burlesque est en plein revival.
Que sait-on de la revue 2009 ? Pour le moment, peu de choses si ce ne sont les déclarations d’intentions du chorégraphe : « C’était devenu un peu désuet, ces derniers temps, mais on contribue à moderniser le show, dans le respect de la tradition d’Alain Bernardin, cet esprit très « nu chic », pop, coloré, graphique (…) Je souhaite que ce lieu attire à nouveau les Parisiens, à qui j’ai envie de dire : venez, le Crazy est redevenu un lieu de création plus bizarre, plus rigolo (…) Il faut donc le modifier petit à petit. C’est ce que je fais depuis six mois. A ce jour, j’ai changé tous les interludes vidéo et la moitié des numéros. Mais j’ai conservé des tableaux « patrimoniaux » comme la danse des horse guards un petit bijou et j’ai remonté de vieux numéros comme celui des pirates. A l’arrivée, en septembre, ce sera un spectacle renouvelé, mais pas intégralement changé (…) En fait, c’est la première fois que j’ai un corps de ballet impeccable. Les filles ont toutes des jambes à peu près identiques. Pour travailler sur l’unité, c’est ce qu’il faut. Mais j’essaye tout de même de rendre l’ensemble moins standardisé : je fais ressortir les caractères, les spécificités de chacune. Par exemple, je débarrasse petit à petit le spectacle des perruques, pour qu’on voie leurs vrais cheveux, leurs vrais visages, qu’on les identifie… ». On y court.

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