• Accueil
  • > Archives pour janvier 2009

Archive pour janvier 2009

A la Fondation HCB, Guy Tillim manque d’air

Mardi 27 janvier 2009

tillim.jpg
Johannesbourg © Guy Tillim – Michael Stevenson Gallery

Quel plaisir de retrouver Guy Tillim, découvert aux Rencontres africaines de la photographie de Bamako, retrouvé à Cape Town à la galerie Michael Stevenson. Le photographe sud africain est un des talents les plus intéressants de la photographie africaine contemporaine et la Fondation Henri Cartier-Bresson accroche sur ses murs étroits deux pans emblématiques de son travail documentaire. Au premier étage, des photographies saisissantes de la vie des townships de Johannesbourg, où la violence urbaine et l’exclusion rivalisent avec une humanité sans repères. La seconde exposition, présentée pour la première fois en Europe, intitulée « Avenue Patrice Lumumba », est une errance photographique dans une Afrique-fantôme, malade de ses frêles démocraties. Etrangement, la juxtaposition de ces deux expositions convainc moins, trop austère, trop pessimiste – ne laissant aucune place à l’espoir. Peut-être manque-t-elles d’air, les images collées les unes aux autres ne laissant aucun répit dans cette vision trop sombre d’une Afrique abandonnée…

Guy Tillim, Fondation Henri Cartier-Bresson, jusqu’au 19 avril 2009

Music hall : Fanny Ardant n’est pas « la Fille »

Lundi 26 janvier 2009

fannyardantreference.jpg
Fanny Ardant © DR

Lambert Wilson la voulait. Il l’a eue et pourtant Fanny Ardant ne sera jamais « la Fille ». Celle, tragique, vulgaire et désabusée de la pièce de Jean-Luc Lagarce qu’il met en scène au Théâtre des Bouffes du Nord que le vaniteux Peter Brook a préféré céder à deux entrepreneurs de spectacles plutôt qu’au prometteur Joël Pommerat.
Le comédien-chanteur, désormais metteur en scène, le dit dans toutes les interviews : monter cette pièce avec Fanny Ardant dans le décor pompéien des Bouffes du nord était proprement « casse-gueule ». Et c’est finalement ce qui arrive, à jouer les boulevardières, les femmes déchues d’un théâtre misérable de salle des fêtes, Fanny Ardant trébuche et ne tient pas la rampe. « La Fille », non, ce n’est pas elle, elle n’y arrive pas. Elle, c’est définitivement Fanny Ardant qui débite du Lagarce comme elle livrerait, nature, quelques fulgurances de Duras. Et les mots résistent et rien ne va : ni ses deux acolytes en faire-valoir qui n’y peuvent pas grand chose, encore moins ce décor de planches faussement crasseux que Fanny Ardant n’arrive pas à arpenter, ni cette musique légère, la chanson de Joséphine Baker, qui ne sort jamais juste de sa bouche… Vers la fin, Ardant jette sa perruque blonde, elle parle encore, les yeux au bord des larmes. Qui arriverait à cet instant, se croirait dans la « Maladie de la mort »… En sortant, on repense à Hervé Pierre, oui, Hervé Pierre, dans le rôle de « la Fille ». Epoustouflant, superbe – lui ne craignait pas le ridicule, et jouait, jouait, encore jouait avec un plaisir rare et engageant. J’aurai peut-être dû rester sur cette belle impression.

Music-hall, de Jean-Luc Lagarce, ms Lambert Wilson, Théâtres des Bouffes du nord, jusqu’au 12 février 2009.

Winslet / Di Caprio : l’ennui de noces

Lundi 26 janvier 2009

19020473.jpg
Leonardo Di Caprio et Kate Winslet © DR

Il y a des semaines comme cela. Des semaines où le cinéma vous tombe des bras. Des yeux il serait mieux de dire. Deux heures de crise conjugale en pavillon de banlieue chic et voisinage idoine, vue par Sam Mendes, tout heureux de réunir le couple légendaire de « Titanic », soit un Leonardo Di Caprio vieillisant mal et une Kate Winslet, déjà toute auréolée d’un Golden Globe, attendant de pied ferme l’Oscar. Du début à la fin, le film sent la performance et procure un ennui colossal. L’un baise, l’autre pas, puis c’est soudain l’inverse. L’un rêve, l’autre pas et à nouveau l’inverse. Les dernières scènes du film, astucieuses, voudraient sauver l’ensemble, mais rien n’y fait. L’émotion est restée à la porte du garage.

Les noces rebelles (Revolutionary Road), un film de Sam Mendes. En salles

M’as-tu vu ? Episode 21

Lundi 26 janvier 2009

610x.jpg
Jeanne Moreau © DR

Il faut croire que la connivence des médias est sans limite. Sinon, comment comprendre l’unanimisme autour du film médiocre d’Amos Gitaï tiré du livre de l’éternel président d’Arte France, Jérôme Clément ? Le patron fabiusien, ayant survécu à tous les régimes, reçoit encore pour l’adaptation de son livre « Plus tard, tu comprendras » (Le Seuil) des assauts de louanges, des tresses d’adjectifs admiratifs, tandis que dans la même semaine, sa soeur, Catherine, pareillement concernée par le drame familial, publie opportunément ses « Mémoires » aux éditions Stock. Que le film soit sans grande qualité, peu importe : le plan marketing est de première main, les réseaux tournent à plein régime pour fourguer au plus grand nombre cette histoire familiale édifiante. On voudrait un peu plus de décence…

« Plus tard, tu comprendras », un film d’Amos Gitaï, avec Jeanne Moreau, Hippolyte Girardot, Emmanuelle Devos, Dominique Blanc. En salles.

Catherine Deneuve avec vue sur le Liban

Dimanche 25 janvier 2009

18934159.jpg
Rabih Mroué et Catherine Deneuve © DR

Elle est intrépide et définitivement la plus grande actrice française. La plus intriguante aussi, loin des minauderies de ses consœurs : Moreau, Ardant, Huppert, Adjani ou Béart. Elle a dit oui à deux jeunes cinéastes, venus de l’art contemporain. Oui pour partir avec eux, malgré son statut encombrant de reine du cinéma français, pour témoigner, route faisant, de la situation du Liban. Le prétexte d’un gala de charité à Beyrouth, et là voilà, déjà, dans la voiture de l’artiste Rabih Mroué, sans même le connaître, à sillonner son Liban natal. Vers le Sud et la frontière israélienne. Il ne se passe que peu de choses dans ce film : des secousses et des inquiétudes face à des terrains minés, des ciels changeants, des bâtiments en ruines, une maison familiale que l’on ne retrouve plus, quelques voisins, et encore des ruines comme un désert qui avance. Catherine Deneuve se promène à peine, regarde et s’en dort comme pour fuir le réel. Quelques heures plus tard, quand elle s’installe à la table de l’ambassadeur de France, elle guette à tout instant l’arrivée d’un homme : Rabih Mroué, devenu un guide, un ami.

« Je veux voir », un film de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige . En salles.

Two lovers : un homme pour deux femmes

Dimanche 25 janvier 2009

19001886.jpg
Joaquin Phoenix dans Two lovers © Wild Bunch

Il est avec Paul Thomas Anderson un des meilleurs cinéastes de sa génération. Après un long purgatoire suite aux difficultés pour réaliser « The Yard », James Gray, revient à peine un an après « La nuit nous appartient » avec un nouveau film et toujours Joaquin Phoenix en alter-ego dans un mélo urbain de la meilleure facture. Un homme, deux femmes, des êtres fragiles, bousculés par leur famille et finalement grandis trop vite, qui s’essaient à leur propre destin. Au centre, balbutiant dans sa vie d’adulte, Joaquin Phoenix, immensément perdu, doublement amoureux, donne le plus émouvant de lui-même.

Two lovers, un film de James Gray (1h50). En salles.

Les garçons, regard triste, de Djamel Tatah

Dimanche 25 janvier 2009

06022.jpg
© Djamel Tatah / Galerie Kamel Mennour

Je n’ai rien dit, manque de temps, de la très belle exposition de Djamel Tatah à la galerie Kamel Mennour en décembre dernier. Un catalogue à découvrir et à acheter à la galerie de la rue Saint-André-des-Arts, permet de se faire une belle idée de ce travail si intense, si particulier. Des silhouettes errantes, suspendues dans des atmosphères de couleurs éteintes, le visage souvent triste comme happé par un quotidien sans éclat. Des garçons, en une salle magnifique, mains dans les poches, tête baissée. Uniques.

M’as-tu vu ? Episode 20

Dimanche 25 janvier 2009

marcjacobsexhibition.jpg
Marc Jacobs © DR

Juste d’un mot, parce que l’ouverture du magasin a fait cet automne la une des journaux et des suppléments mode, décrire l’atmosphère de la minuscule boutique Marc by Marc Jacobs, censée renouveler la « shopping addiction » parisienne par ses mini-prix et autres gadgets tendance signés par le délicat directeur artistique de la maison Vuitton. Quelle déception que ce bric-à-brac de bottes en caoutchouc, de bijoux de pacotille et de tee-shirts faussement militants. A New-York, les mêmes « concept-stores » sont remplis de petites japonaises hurlantes qu’il faut évacuer régulièrement pour laisser un peu de place aux clients suivants. A Paris, on surveille avec des airs de mijaurées très élevées les banlieusards à casquette siglées « VL » pour qu’ils ne tirent pas la camelote…

La soif de l’or noir, péché du nouveau monde

Dimanche 25 janvier 2009

18827504.jpg
© DR

Un grand héros de cinéma est né. Daniel Plainview, un chercheur d’or noir, magnifiquement interprêté par Daniel Day Lewis. Pour ce rôle, il a obtenu fort justement l’Oscar du Meilleur Acteur, retrouvant le rang qu’il n’aurait jamais du quitter depuis « My left foot ». Acteur immense pour un film-monde, « There will be blood », quête insensée pour des gisements de pétrole, fable familiale de violence et de tristesse, se voit et se revoit avec un plaisir toujours renouvelé. Paul Thomas Anderson, à qui l’on doit aussi le très beau « Magnolia », y promène la même mélancolie. Essentiel.

There will be blood, de Paul Thomas Anderson. En DVD.

L’échange : la dame dans le tram

Dimanche 25 janvier 2009

18994792.jpg
Angelina Jolie dans « L’échange » © DR

Merveille encore de ce cinéma américain, qui résiste à tout et refuse l’ennui. Même quand il joue en mode mineur, un film de Clint Eastwood est un plaisir de cinéma. C’est encore le cas de cet « Echange », bâti sur le récit d’une histoire vraie, celle d’une femme ayant perdu son enfant à qui la police corrompue mais inquiète de ses résultats en ramène un autre. Angelina Jolie – dont on peut souvent douter qu’elle soit une actrice accomplie – livre avec justesse ce combat, l’acharnement de toute une vie, au plus de près de la folie, au plus proche de sa conviction que cet enfant, le sien, n’est peut-être pas mort, sous les coups d’un maniaque. Eastwood, à son habitude, prend parti et son film, sans pardon, est une réussite.

12