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Archive pour 14 décembre 2008

Dominique Blanc : douleur exquise…

Dimanche 14 décembre 2008

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Marguerite Duras, 1955 © Lipnitzki—Roger Viollet / Getty Images

Visage de Marguerite Duras, détresse d’une femme d’amour qui espère, attend le retour de son mari, Robert Antelme, des camps de la mort. Passage halluciné de François Mitterrand, alias Morland, résistant tardif peut-être mais résistant français, qui retrouve Antelme et organise son retour en France, chez Marguerite, dans l’appartement de la rue Saint-Benoît qu’elle ne quittera pas jusqu’à sa mort, trouvant dans sa propre agonie l’énergie d’embrasser Francois Mitterrand « encore et toujours » alors qu’il la précède de quelques mois dans la mort. Entre eux, on croit puissantes « les forces de l’esprit ». Ils ne se quitteront pas.
Robert Antelme est rentré. Mais le combat continue, une lutte pour la vie, observée des intestins fragiles du survivant jusqu’à ce qu’il ait ce mot : « J’ai faim ! » La lumière s’éteint. Pendant 1h15, Dominique Blanc a donné ce texte inouï. Sa présence fiévreuse vont bien aux mots de Duras. L’ »atmopshère » mise en scène par Patrice Chéreau paraît à la traîne, grandiloquente comme si le metteur en scène qui retrouve pour l’occasion son beau théâtre de Nanterre, devait ajouter sa signature à ce récit qui n’a pas besoin de lui. Un peu d’humilité suffisait.

La douleur, ms Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang, avec Dominique Blanc. En tournée dans toute la France.

M’as-tu vu ? Episode 18

Dimanche 14 décembre 2008

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Mme Rama Yade et M. Bernard Kouchner © DR

On sort de cette semaine politique consterné. Micro-remaniement ministériel pour faire une place à Patrick Devedjian et organiser sa succession au secrétariat général de l’UMP. L’ancien militant d’extrême droite se voit attribuer un ministère de la relance, autant dire un placard face à la toute-puissance de l’Elysée et des inspecteurs des finances de Bercy – même si Nicolas Sarkozy a eu la gentillesse pour son ancien porte-gâchette d’installer son maroquin sous l’autorité directe du premier ministre. C’est à n’y pas croire comme dirait Marguerite Duras. Place Vendôme, carrefour parisien des joailliers de luxe, Rachida Dati, sarkozyste d’amour et d’eau fraîche, a perdu la partie : de la une de Point de vue (« Le mystère de l’alliance ») à celle ahurissante du Point (« L’extravagante Mme Dati »), les médias la conspuent.
Peut-être faudrait-il que Bernard Kouchner, ministre diaboliquement médiatique, se méfie et médite sa déchéance ? Sa manière peu commune de célébrer le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, en exécutant Rama Yade sur instruction de l’Elysée, « fortement agacé » par la sortie de la jeune sous-ministre, refusant la tête de la liste francilienne pour les élections européennes (qu’elle compare drôlement avec un mariage avec le prince Albert – quelle triste vision de l’Europe !) marquera. Le mot de la fin revient pour une fois à la très inspirée Martine Aubry : « Bernard Kouchner n’est plus Bernard Kouchner »…

Hunger : le poulain dans le mauvais temps

Dimanche 14 décembre 2008

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Hunger de Steve McQueen © DR / MK2

Le film de Steve Mc Queen « Hunger » tient encore pour quelques semaines l’affiche de quelques salles d’art et d’essai à Paris et en régions. Le plasticien dont on a pu voir les derniers travaux à la galerie Marian Godmann à Paris en novembre – des vidéos en mur de brique, un cheval fourbu, une bicyclette au fond d’une rivière, dit comme cela ce n’est rien, vu par l’oeil de Mc Queen, c’est essentiel et puissant – raconte les années d’emprisonnement et la mort de l’activiste nord-irlandais Bobby Sands face au pouvoir thatcherien. Ce premier film de cinéma a reçu la Caméra d’or au festival de Cannes 2008. Et ce prix lui va bien : il consacre un film dont la réalisation est inédite, le regard de Steve McQueen sur le combat et la déchéance de Bobby Sands emporte l’adhésion par son souci du corps meurtri, la ritualisation des humiliations et vexations subies par les prisonniers. Avec Michael Fassbender, Mc Queen a trouvé un acteur à la hauteur de son obsession : il le filme comme un résistant à mesure que la faim lui arrache la vie. On peut regretter un certain maniérisme « christique », des facilités dans le traitement de la violence des geôliers mais ce film est vivant, fort et engageant.

Hunger, un film de Steve McQueen. En salles.

La galerie Marian Goodman