Le « Off » d’Avignon s’est terminé hier, le « In » la semaine dernière sur une fréquentation en hausse, des louanges de toute part pour Vincent Baudriller et Hortense Archambault, les directeurs du « In » après la curée et la circonspection des années précédentes.
J’ai peu écrit sur les débats critiques en cours et les quelques spectacles vus en Avignon (Purgatorio, Faune(s), Atropa) : pas de découverte, pas de grand éblouissement, une vraie difficulté à circuler d’un spectacle à l’autre, une « communion » insupportable et consensuelle du public pour des formes théâtrales qui si elles sont pour la plupart innovantes et « performantes », laissent peu de place aux textes, à la direction d’acteurs (merveilleuse chez Guy Cassiers) et à la mise en scène (jusqu’à la disparition du metteur en scène dans le spectacle d’ouverture « Le partage de midi » de Claudel dont se sont emparés Valérie Dréville et sa horde prétentieuse) et trouvent plus souvent dans la brutalité et le « viol » la manière de dialoguer avec le public. Pour la beauté du geste et la poésie, il faudra revenir.
Naturellement, on applaudit ces spectacles parce qu’ils osent, prennent violemment parti mais je ne peux m’empêcher de trouver leurs champs de vision et d’interprétation limités. Où est le monde, ses chaos, l’étrangeté de la rencontre avec autrui ? Ici, dans le théâtre de cette vieille Europe moribonde de sa consanguinité, que de mondes clos, enfermés dans le désespoir de soi, dans la connivence de ses troubles, rien qui ne soit éveil, ouverture au mélange des cultures et des genres qui permettrait de revitaliser les esprits, irriguer les réflexions…
Alors, de Libération au Monde en passant par Télérama, dans le retrait accablant du Figaro des débats faute de journalistes présents au festival, par cette critique soldée au seul émerveillement de sa survie, on acclame, à la quasi-unanimité, un paysage avignonnais méritant, mais si personne ni prend garde, bientôt dans le coma idéologique. Malgré les salles pleines de gens heureux de ce bel et rassurant « entre-soi », si perturbant soit-il…
Le site du festival d’Avignon
Le blog de Vincent Josse sur le site de France Inter.
Le blog de Laurence Liban sur le site de l’Express