Stefano Caselli, le Succo de Cédric Kahn © DR
« Quand ils vous diront que je suis mort, ne pleurez pas trop, je serai en train d’écouter le chant des oiseaux… » Roberto Zucco.
Il y a quelques jours, France 2 proposait une nouvelle diffusion de l’émission de Christophe Hondelatte « Faites entrer l’accusé » consacrée à la dérive meurtrière du parricide italien Roberto Succo. Après avoir séjourné cinq ans en asile psychiatrique, il s’évade en 1986 et s’installe à Toulon. Du Var jusqu’à la Savoie, il tue, vole, agresse avant de rentrer en Italie où il sera finalement arrêté grâce aux indications de son ancienne petite amie et de la police française qui l’a identifié. Six victimes, des automobilistes kidnappés et traumatisés, une disparue, l’homme au treillis fit couler autant de sang que d’encre. Cette histoire est vieille de vingt ans et aujourd’hui, au cimetière de Mestre, on ne retrouve plus trace de la tombe de Succo, suicidé dans sa prison, en 1988, après avoir tenté une évasion très médiatisée sur le toit de sa maison d’arrêt. La concession a été revendue, les os dispersés.
Pourquoi Roberto Succo continue-t-il de fasciner autant le public, les journalistes et les écrivains, rejoignant la longue liste des assassins médiatiques : Simone Weber, Marie Besnard, Gaston Dominici, Landru et autres Petiot ? A la manière d’un Thierry Paulin qui fut le sujet de « J’ai pas sommeil », le plus beau film de cinéaste Claire Denis, Roberto Succo eut les honneurs d’un livre très documenté de Pascale Froment, d’une pièce controversée de Bernard-Marie Koltès, montée dernièrement par Philippe Calvario au Théâtre des Bouffes du nord, et d’un film de Cédric Khan sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes. Sa cavale, ce mélange de folie et beauté, l’insolence du psychopathe pour finalement cette mort de misère, la tête asphyxiée dans un sac en plastique ? Quoi d’autre ? Pas de poésie. A découvrir les images d’archives du documentaire de France 2, à revoir quelques jours plus tard le beau film glacé de Cédric Kahn, nappé par la voix et les guitares de Marianne Faithfull, j’en étais presque à me reprocher cette soudaine rechute…
Roberto Succo, Succo le fou, Faites entrer l’accusé, France 2.
Roberto Zucco, de Bernard-Marie Koltès, Editions de Minuit, 2000.
Roberto Succo : Je te tue, histoire vraie d’un assassin sans raison, de Pascale Froment, Folio Gallimard (paru 1991)