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La nuit vient de tomber, la vie reprend ses droits. De nouveau, de la circulation, des enfants courent pour attraper un bus, les voitures filent sur le périphérique. La nuit flamboie des phares des voitures, de l’éclairage urbain et des enseignes de grands hôtels. Au 10e étage du Jérusalem Gold Hôtel, les bruits de la ville nous parviennent enfin – quel bonheur que ce tintamarre. A croire qu’il nous manquait. Fin de shabbat dans la ville sainte, fin de cette parenthèse hebdomadaire qui fait de Jérusalem une ville quasi morte. Magasins et cafés fermés, musique arrêtée, circulation réduite à quelques taxis. Le temps de samedi. Il régnait pourtant une ambiance joyeuse hier soir, vendredi au coucher du soleil, près du Mur des Lamentations. Femmes en noir, cheveux ramassés sous un voile, contraintes par des vêtements mal taillés, hommes en majesté dans leurs costumes traditionnels, enfants par grappe courant au pas de leur père. Tous convergent vers le mur millénaire. Une marée humaine, noire et blanche, danse, chante, psalmodie et communie dans une fièvre électrique. Quelques taches vertes accrochent le regard : des adolescents soldats en permission de service militaire. Autour de cet étrange manège où les hommes sont séparés des femmes, des touristes du monde entier remplissent le vieux mur de leurs vœux. Un amour américain perdu, une ambition professionnelle anglaise en suspens, un désir d’enfant allemand, un prompt rétablissement français, le monde entier porte une kipa, couvre ses épaules d’un châle et espère.
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