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Archive pour 20 juin 2008

Karl Lagerfeld, dame patronnesse

Vendredi 20 juin 2008

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© Prévention routière

On avait laissé Karl Lagerfeld flambant, inspiré et d’une délicieuse méchanceté dans le film bien trop sage de Rodolphe Marconi « Lagerfeld confidentiel » qui sort ces jours-ci en DVD. Voyage de jet entre Paris et New-York, garçons alanguis sous le faux prétexte de photographie de mode, donzelles enamourées du maître, prêtes à tous les sacrifices de personnalité pour se maintenir à ses ciseaux, homme inaccessible et volontairement seul, beau jeune homme de compagnie à qui l’on donne du monsieur, personnel attentif et intimidé, grimaces de la douairière de Monaco, blagues vulgaires juste admissibles dans la haute, il arrive même que le tailleur allemand dont les rêves ravissent les frères Wertheimer enlève ses lunettes… A longueur d’entretiens vachards, Karl Lagerfeld fustige le politiquement correct et les bonnes âmes. Un vrai sacerdoce, semble-t-il. Alors pourquoi se transformer le temps de cette campagne pour la Prévention routière en dame patronnesse ? A son tour, Karl, en pleine contradiction, rêverait-il d’être aimé ?

Lagerfeld Confidentiel, de Rodolphe Marconi, en DVD.

Tout le plaisir était pour moi…

Vendredi 20 juin 2008

Je courais. Dans les rues de Toulouse, à la recherche de quelques valises égarées dans un grand hôtel. Ma course s’arrêta devant lui. Parce qu’il convenait de le saluer. Jean d’Ormesson traversait la place Wilson aux bras de sa fille Héloïse. Et déjà, il riait, ravi que nous nous rencontrions enfin. Après tant de messages au téléphone pour préparer sa lecture au Marathon des mots. Ensemble, nous avions choisi ses carnets de voyage vénitiens. A cela, j’avais ajouté quelques pages sur l’écriture, son amour du soleil et le plaisir à profiter de l’existence, et, par la même, redécouvert une plume joyeuse.
Le lendemain, à peine une heure avant le déjeuner, je me proposais de le rejoindre avec quelques autres invités. Il voulait manger un cassoulet. Un ami lui avait conseillé les restaurants du marché Victor Hugo. Nous nous retrouvions au Louchebem. Au premier étage du marché toulousain, c’est une foule joyeuse et familiale qui se sustante : foie gras de tradition ancestrale, pièces de bœuf de premier choix, cassoulet, Tariquet et crème catalane remplissent les estomacs.
Au centre de la tablée, Jean d’Ormesson est heureux, sautille, se marre, nous étourdit de citations, pique ses collègues écrivains ou académiciens, donne un compliment à une actrice et salue élégamment tous les personnes qui viennent le saluer, lui demander une dédicace. Il est populaire, le sait et s’en amuse. A ses dires, ce seraient Laurent Gerra, Fonelle et Julien Doré qui lui auraient offert ce regain de popularité, lui l’écrivain, ancien patron du Figaro, qui aurait du comme tant d’autres sombrer avec les années dans l’anonymat. Qui se souvient de Roger Caillois ? me demande-t-il, bien conscient de sa chance… Nous en rions comme des chenapans, parlons encore de quelques écrivains, des prochains candidats à l’Académie et de sa dernière visite au président François Mitterrand avant que ce dernier ne quitte quelques minutes plus tard l’Elysée. En sortant du palais présidentiel, le public l’interrogeait : « Vous êtes venu pour Chirac ? ». Lui répondait, hilare : « non pour Mitterrand ! »
Deux belles heures ont passé. Il a maintenant un rendez-vous improvisé à l’instant avec une écrivain installée à Toulouse. Son oeil bleu oxford brille de la belle complicité qu’il entretient avec elle. Encore des photographies, encore des mains serrées. On se quitte, on s’embrasse…
Le lendemain, un message au téléphone : « Monsieur Serge Roué, c’est Jean d’Ormesson. Je voulais vous remercier. Vous avez merveilleux, je vous suis très reconnaissant. J’ai passé grâce à vous des heures délicieuses à Toulouse. Et je m’en serai voulu de ne pas vous dire ma gratitude. J’essaye de vous rappeler mais je voulais dès à présent vous remercier. Bonne chance à vous, à bientôt, au revoir. » Tout le plaisir était pour moi, cher Jean d’Ormesson.

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Jean d’Ormesson © Le Figaro