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Archive pour 6 juin 2008

YSL : « C’est la mer allée avec le soleil… »

Vendredi 6 juin 2008

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Catherine Deneuve © Reuters

« Voilà, Yves, ce que je voulais te dire. Il va falloir se quitter maintenant et je ne sais comment le faire. Parce que je ne te quitterai jamais – nous sommes nous jamais quittés? – même si je sais que nous ne regarderons plus le soleil se coucher derrière les jardins de l’Aguedal, que nous ne partagerons plus d’émotion devant un tableau ou un objet d’art. Oui, tout cela je le sais, mais je sais aussi que je n’oublierai jamais ce que je te dois et qu’un jour, j’irai te rejoindre sous les palmiers marocains. Pour te quitter, Yves, je veux te dire mon admiration, mon profond respect et mon amour. » Pierre Bergé

Je le confesse volontiers. Entre mille choses à faire, j’ai passé la journée le nez collé aux photographies des obsèques d’Yves Saint Laurent hier en l’église Saint-Roch. Happé par le défilé des personnalités en couverture de nombreux journaux : imposante tribune en une du Herald Tribune, abandon total de Pierre Bergé à la tristesse, dignité de Mme Sarkozy tandis que Mme Chirac tenait, à la tradition, son rang. La mère et la soeur de Monsieur ; les muses, les académiciens, les financiers, les ministres de la Culture rangés par deux Betty Catroux, Loulou de la Falaise, Inès de la Fressange, Laetitia Casta, Farah Diba, Farida Kelfa, Angelo Rinaldi, Erik Orsenna, François Pinault, Bernard Arnault, Renaud Donnedieu de Vabres, Christine Albanel, les gens de couture Rykiel mère et fille, Valentino, Givenchy, Kenzo, les héritiers Gaultier, Galliano, Lacroix, Pilati, Elbaz et quelques amis encore, de proche ou de longue date, Claire Chazal, M. et Mme Bernard-Henri Lévy…
De la « Chanson des vieux amants », du parfum des lys et des jasmins à la présence des autorités du Maroc – djellabah de nacre et petit chapeau rouge – où les cendres d’Yves Saint Laurent seront jetés en jardins de Majorelle, rien ne nous fut caché de la cérémonie. Sauf peut-être l’émotion éperdue de Catherine Deneuve. Arrivée les bras chargés de verts épis de blés, le visage des temps sévères et de la tristesse, elle s’avançait, seule, parmi les premiers invités et gagnait une place tout près du cercueil du couturier recouvert d’un tissu jaune piqué lui aussi d’épis, laissant la rue et son brouhaha d’anonymes massés en foule sentimentale au pied de l’Eglise.
Pour lui, elle dit quelques lignes de Walt Whitman, tirées de « Feuilles d’herbe » que beaucoup d’articles retiennent en serment d’amitié éternelle : « Quant à toi, mort, il est vain d’essayer de m’effrayer »… Je pensais, moi, davantage aux mots de Rimbaud : « Elle est retrouvée / Quoi ? L’Eternité / C’est la mer allée avec le soleil ».

Un extrait vidéo de l’hommage de Pierre Bergé sur LCI