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Archive pour 2 juin 2008

Yves Saint Laurent : bonjour, tristesse

Lundi 2 juin 2008

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Yves Saint Laurent © Jeanloup Sieff / DR

« Tout homme pour vivre a besoin de fantômes esthétiques. Je les ai poursuivis, cherchés, traqués. Je suis passé par bien des angoisses, bien des enfers. J’ai connu la peur et la terrible solitude. Les faux amis que sont les tranquillisants et les stupéfiants. La prison de la dépression et celle des maisons de santé. De tout cela, un jour je suis sorti, ébloui mais dégrisé. Marcel Proust m’avait appris que « la magnifique et lamentable famille des nerveux est le sel de la terre ». J’ai, sans le savoir, fait partie de cette famille. C’est la mienne. Je n’ai pas choisi cette lignée fatale, pourtant c’est grâce à elle que je me suis élevé dans le ciel de la création, que j’ai côtoyé les faiseurs de feu dont parle Rimbaud, que je me suis trouvé, que j’ai compris que la rencontre la plus importante de la vie est la rencontre avec soi-même » Yves Saint Laurent, 7 janvier 2002

L’ami Vincent J. nous réveille de cette sombre nouvelle. Yves Saint Laurent est mort.
Les rumeurs couraient. Une maladresse journalistique avait même fait il y a quelques jours diffuser sa nécrologie sur LCI. Aujourd’hui la tristesse est de mise. On pense à cette photographie parue dans « Point de vue », la seule visible, montrant le couturier très affaibli, Catherine Deneuve et le président Sarkozy à ses côtés pour la remise de la Croix de Grand Officier de la Légion d’honneur…
Yves Saint Laurent, ce splendide vieux lion croisé un soir de première au Théâtre de Nanterre, le compagnon subtil de Catherine Deneuve dans ses plus belles extravagances vestimentaires, les sahariennes en jardins de Majorelle, la femme-smoking par Helmut Newton, le portrait de Warhol, la robe de scène d’Ingrid Caven, et cette photographie sublime de lui nu par Jeanloup Sieff.
Yves Mathieu, Monsieur Saint Laurent rejoignent l’éternel, eux qui vivaient d’absolu et d’extrême. Vie de timidité et de grande tension artistique, blessure d’enfance et règne absolu de la beauté, Oran de poésie, jamais abandonnée, race divinement proustienne, et cette dépression dominée tant que cela fut possible par la création. A jamais, notre maître, merci.