Archive pour juin 2008

Annie Leibovitz : ce que la vie doit à la mort

Samedi 28 juin 2008

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Mon frère et mon père, Silver Spring, Maryland, 1988 © Annie Leibovitz

Sortir en paix comme réconcilié d’une exposition est un plaisir rare. Deux ans après la publication d’ »Une vie de photographe » (La Martinière), la photographe américaine Annie Leibovitz expose quinze années de travail professionnel et autant d’images de famille dans un accrochage qu’elle a intégralement supervisé à la Maison européenne de la photographie à Paris – dans une ville qui lui est chère puisqu’elle y a longtemps partagé un appartement, l’ancien atelier de Picasso quai des grands Augustins, avec sa compagne Susan Sontag, morte d’un cancer en décembre 2004 à New-York.
Connue pour ses photographies de personnalités politiques (Bill Clinton, Georges Bush Jr, Elisabeth II) et de stars hollywoodiennes pour les magazines Vanity Fair et Rolling Stone, Annie Leibovitz, offre ici un autre regard sur sa vie de photographe qui se mêle avec intensité à sa vie de femme, de fille, de mère, de soeur. Une femme pressée qui se mobilise, sur les pas de Susan Sontag, pour le Rwanda, la Bosnie-Herzégovine, voyage avec elle en Europe ou en Jordanie, fait des enfants et se soucie de la santé des siens qui bientôt disparaissent et qu’elle photographie jusqu’au dernier souffle. Non, n’allez pas dire cela est encore morbide et qu’il serait préférable que Leibovitz se consacre exclusivement à Brad Pitt, Johnny Depp et Scarlett Johansson. C’est précisément en ne détournant pas les yeux de ce que la vie doit à la mort que la photographe traverse le temps, les deuils, témoigne de son appétit de vie, de sa liberté et de son véritable talent.

Annie Leibovitz, une vie de photographe, Maison européenne de la photographie, Paris, jusqu’au 14 septembre 2008.

Tel Aviv l’aube le soir ou la nuit

Samedi 28 juin 2008

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Hotel Cinéma © DR

« La mer est là, mais on ne la voit pas. Les idiots d’Européens qui ont bâti cette ville n’ont rien compris à la Méditerranée. La ville tourne le dos à la mer. Les rues sont parallèles à la côte. En plus, les hôtels bouchent la vue et bloquent le vent du large. Il n’y a pas un souffle d’air. » (Eytan Fox, « The bubble »)

Il faut maintenant quitter Tel Aviv et prendre le chemin du retour vers Paris. De l’aéroport Ben Gourion, où de nouveau les contrôles douaniers sont des plus tatillons, une dernière traversée de la ville comme un fondu enchaîné purement mental de toutes les curiosités qu’offre cette ville « blanche » dite aussi « Colline du printemps » : le ciel toujours clair, le soleil irradiant, la mer comme un horizon de rêve. Des ensembles Bauhaus 1930 en pleine rénovation à la place Dizengoff et son magnifique hôtel Cinéma, des ruelles du quartier bobo de Neve Tzedek à la vieille ville de Jaffa, ici des vendeurs de jus d’oranges, là le petit marché en face du Café Bialik, soufflé il y a quelques années par un attentat, tout Tel Aviv alors se savoure… A bientôt !

Ivri Lider : une pop star israélienne

Samedi 28 juin 2008

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Ivri Lider en concert @ DR

Il est une star en Israël, a vendu plus de 200 000 disques, remplissant les plus grandes scènes, attirant un public nombreux à chacune de ses performances. Il vit à Tel-Aviv dans cette bulle gay et frénétique si souvent exagérée par les médias.
Né en 1974 dans un kibboutz, Ivri Lider crée un premier groupe à 17 ans et écrit plusieurs pièces musicales pour des spectacles chorégraphiques qui lui permettent de signer un contrat avec le prestigieux label israélien Helicon Records. Son premier album « Caressing and lying » sort en 1997, le second album « Better nothing than almost » en 1999 : le succès de ces deux disques fait de Lider plus qu’un simple chanteur-compositeur, mais la voix d’une nouvelle génération d’ artistes israéliens. Ivri signe également – avec un succès considérable – dans les bandes originales des films d’Eytan Fox (« Yossi and Jagger », « Tu marcheras sur l’eau » et « The bubble »).
En janvier 2002, avec la sortie de « The New People » au son plus électronique, Ivri Lider prend la décision de parler ouvertement de son homosexualité dans une interview accordée à Gal Uchovsky pour le quotidien à large audience « Ma’ariv ». Année après année, son succès ne se dément pas et il continue une carrière qui peu à peu s’internationalise. Son prochain album est actuellement en production, on peut découvrir son premier single sur son site Internet. Ecoute-le : sa pop, chantée en hébreu, est des plus entêtantes.

Ecouter le dernier titre d’Ivri Lider.

Yad Vashem : la mémoire pour seul héritage

Samedi 28 juin 2008

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© Classic Travel Adventures

Pas un séjour à Jérusalem sans prendre le temps de visiter le mémorial de la Shoah Yad Vashem et le fameux jardin des Justes. Implanté sur les hauteurs de Jérusalem, d’une architecture futuriste donnant après une visite éprouvante sur une vallée boisée, Yad Vashem est un grand lieu de mémoire, remarquablement scénographié qui offre une vision « globale » de la Shoah. De l’antisémitisme du début du XXe siècle au retour des camps, en passant par la vie dans les ghettos de Lodz ou de Varsovie ou l’attentisme et incompréhension de nombreux juifs allemands devant la montée du péril, le travail des historiens est en tout point saisissant par sa justesse. Peu d’effets, des images choisies pour leur force et leur pédagogie, des témoignages vidéo de première source : un impressionnant parcours pour mieux comprendre les heures les plus noires de l’histoire humaine…

Le site du Mémorial Yad Vashem

Stiletto Homme spécial Israël

Mardi 24 juin 2008

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Eytan Fox et Gal Uchovsky © DR

Au-delà du seul et multi-traduit guide Lonely Planet aux mains de tous les touristes, la dernière livraison de Stiletto Homme, le magazine upper posh de Laurence Benaïm, ancienne journaliste au Monde et biographe autorisée d’Yves Saint Laurent, propose une sélection pointue de lieux et d’artistes israéliens (Eytan Fox, Ron Arad, Amos Oz, Amos Gitaï, Adi Nes). Une excellente entrée en voyage et un guide alternatif pour tous ceux que les chawarma dégoulinants ne mettent guère en appétit…

www.stiletto.fr

Les habits verts de la jeunesse d’Israël

Lundi 23 juin 2008

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© DR

Trois ans pour les garçons, deux longues années pour les filles. Impossible d’y échapper, d’espérer la réforme. We want you ! Alors, ils vont, adolescents, faire l’armée, protéger leur pays et pour certains perdre la vie comme le fils de l’écrivain David Grossman au dernier jour des interventions israéliennes au Liban. La gare centrale de Jérusalem est leur quartier général et les cars de la compagnie Egged les mènent par tout le pays remplir leurs missions. Il n’est pas rare de vous retrouver près l’une ou de l’autre dans un bus. Leur jeunesse étonne : elles se maquillent, ils se chamaillent comme une joyeuse bande en goguette, comparent les performances de leur téléphone portable pour passer le temps. Les plus âgés sont armés. Ils portent tous l’uniforme vert khaki, mais chacun à leur manière, avec un sac Winnie l’ourson et de charmantes boucles d’oreille en perle de culture, ici débraillé, là strict. On les croirait à peine sortis du lycée, on frémit à l’idée du premier feu.

Les 33 tours d’Alex Beaupain

Lundi 23 juin 2008

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© DR

J’ai déjà dit ici mon admiration pour les « pop-song » d’Alex Beaupain, le compositeur des « Chansons d’amour » de Christophe Honoré. Faut-il qu’il garde encore longtemps ce sparadrap avant que le public lui reconnaisse sa propre légitimité ? Gageons que son prochain « 33 tours » à paraître le 7 octobre prochain lui permettra d’élargir son public et de dépasser les seuls aficionados des films de Christophe Honoré. A l’entendre la semaine passée à Toulouse au Cloître des Jacobins, face à un public de jeunes filles et femmes pleines d’amour pour ses chansons, le pari serait en passe d’être gagné.
Des premières chansons de ce nouvel album entendues en avant-première, j’en retiens deux : « Au travers », joyeux méli-mélo d’amour dans la continuité de « Garçon d’honneur » et « Je veux », délicieuse gourmandise pop, héritière du Daho des premières années : « Je veux de l’alcool / je veux du sexe / je veux de la drogue / Je veux de la nuit / mais pas d’amour, pas de baisers, pas d’être aimé, pas d’alentour ». Le tube de l’automne !

« 33 tours » d’Alex Beaupain, Naïve, Le 7 octobre. En tournée, cet automne.

M’as-tu vu ? Episode 3

Dimanche 22 juin 2008

Je quitte Jérusalem. Le président Sarkozy et Madame y arrivent. Le programme présidentiel n’a pas été divulgué en raison de la « meute de paparazzi » aux trousses de Mme Sarkozy. La rumeur veut qu’elle visite de manière privée la vieille ville, là où le président Chirac et son épouse se firent particulièrement remarquer il y a quelques années. Dans un taxi, de retour du mémorial de Yad Vashem, le chauffeur m’interpelle sur la jeunesse de notre nouveau président et roucoule à l’évocation de celle qu’il appelle « Super-Madame » !

Jerusalem la nuit vers le ciel

Samedi 21 juin 2008

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© DR

La nuit vient de tomber, la vie reprend ses droits. De nouveau, de la circulation, des enfants courent pour attraper un bus, les voitures filent sur le périphérique. La nuit flamboie des phares des voitures, de l’éclairage urbain et des enseignes de grands hôtels. Au 10e étage du Jérusalem Gold Hôtel, les bruits de la ville nous parviennent enfin – quel bonheur que ce tintamarre. A croire qu’il nous manquait. Fin de shabbat dans la ville sainte, fin de cette parenthèse hebdomadaire qui fait de Jérusalem une ville quasi morte. Magasins et cafés fermés, musique arrêtée, circulation réduite à quelques taxis. Le temps de samedi. Il régnait pourtant une ambiance joyeuse hier soir, vendredi au coucher du soleil, près du Mur des Lamentations. Femmes en noir, cheveux ramassés sous un voile, contraintes par des vêtements mal taillés, hommes en majesté dans leurs costumes traditionnels, enfants par grappe courant au pas de leur père. Tous convergent vers le mur millénaire. Une marée humaine, noire et blanche, danse, chante, psalmodie et communie dans une fièvre électrique. Quelques taches vertes accrochent le regard : des adolescents soldats en permission de service militaire. Autour de cet étrange manège où les hommes sont séparés des femmes, des touristes du monde entier remplissent le vieux mur de leurs vœux. Un amour américain perdu, une ambition professionnelle anglaise en suspens, un désir d’enfant allemand, un prompt rétablissement français, le monde entier porte une kipa, couvre ses épaules d’un châle et espère.

Saint-Sépulcre : Jerusalem’s Bazaar

Samedi 21 juin 2008

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La basilique du saint-Sépulcre, Jérusalem © Le Routard.com

C’est un immense capharnaüm de ruelles enchevêtrées les unes aux autres, où les marchands du temple jadis chassés par une colère christique se sont sédentarisés au point que leurs échoppes ont fait disparaître la lumière du jour. Des kippas, des kheffiehs, des oranges pour le jus, de l’encens, des cartes postales, des crucifix, des tableaux byzantins, des fraises Tagada, des chandeliers à sept branches, des montres, du parfum, des pains, des pâtisseries orientales, des culottes, des mains de Fatma… Ici, dans la vieille ville de Jérusalem, il n’est pas sûr que la prière et le recueillement soient des plus intenses. Non, le pèlerin vient voir, touche et peu importe que l’histoire que le guide lui raconte en mondovision soit des plus approximatives. La présence de la foule balaie les siècles d’incendies, de destructions, de batailles, les changements de chefs religieux ou les révisions historiques et géographiques. Le doute n’est pas permis : le prophète est passé par ici, il repassera par là. Tête baissée, pénétré d’histoire sainte, le pénitent se recueille en prenant des photos et touche la moindre roche en espérant du réconfort dans ses tracas domestiques. Loin du sang et de la haine qui tuent à quelques mètres à l’Est de Jérusalem, les tiroirs-caisses chantent dans toutes les langues les louanges de ces trois religions rassemblées sur ce divin rocher…

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