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Archive pour 1 mai 2008

Paris, été 42, juste avant la nuit noire…

Jeudi 1 mai 2008

1er mai et toujours Jean-Marie Le Pen à battre le pavé parisien avec sa cohorte d’irréductibles racistes, xénophobes, négationnistes et adeptes de la préférence nationale. L’homme persiste dans sa négation des chambres à gaz – les réduisant à un « détail » de l’histoire de la Seconde guerre mondiale. Si Marine Le Pen s’est empressé de prendre ses distances avec les déclarations de son père, peu de voix fortes se sont élevées pour fustiger l’horrible personnage, comme si la vieille carne, peut-être sénile, pouvait continuer de déblatérer dans l’indifférence générale. Fini le Front national ? Ils étaient pourtant encore très nombreux à emboîter le pas de son leader populiste près de la statue de la Sainte Jeanne d’Arc.
Alors, en cette journée de commémoration de la Shoah, une pensée pour ces autres Français qui, dès juin 1942 alors que les autorités françaises, planquées à Vichy, se vautraient dans l’antisémitisme d’Etat, refusaient de se soumettre. Des noms sans visage, souvenirs d’arrestations recueillis sur un carnet moleskine au Pavillon français du camp d’Auschwitz comme les minutes de l’assombrissement du monde : « 7 juin à 17h15, boulevard des Italiens, Lang Marie, née le 24 avril 1914, Paris 20e, marchande de journaux, 10 rue du Croissant, avait attaché un insigne juif en papier au cou de son chien. Elle a avalé l’insigne… Decize Simon Liliane, née le 6 avril 1912, Paris 11e, française, aryenne, 6 rue Jules Vallès, Paris 11e, arrêtée boulevard Saint-Michel une cocarde jaune en forme de rose. »
Et cette image, encore, la seule de la rafle du Vel d’Hiv et de ses 13 152 victimes, devenue le symbole de la déportation des juifs français sous l’Occupation. Le 16 juillet 1942 et les jours suivants, plus de 13 000 juifs sont arrêtés. Entassés dans des autobus, la plupart sont conduits, sans distinction d’âge et de santé, au Vélodrome d’Hiver, sur le quai de Grenelle, où ils restent jusqu’au 21 juillet, en pleine chaleur, sans hygiène et peu de nourriture. Le 22 juillet, elles sont évacuées vers les camps de Drancy, Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret). Les parents, puis, fin août, les enfants sont régulièrement déportés vers les camps d’extermination. Trois années plus tard, seules quelques dizaines d’adultes reviendront… Jusqu’à quand, alors que l’Histoire a fait son chemin, devrons-nous subir les insultes de M. Le Pen à la mémoire de tant de victimes ?

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La seule image de la Rafle du Vél’ d’hiver, 16 juillet 42 © DR