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Archive pour février 2008

Youssef Nabil : le grand sommeil

Samedi 2 février 2008

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Marc © Youssef Nabil / Michael Stevenson Gallery

Dernières heures à Cape Town. Le temps de découvrir dans un joli album publié par la Galerie Michael Stevenson les photographies peintes de Youssef Nabil. Nostalgiques et suaves comme le parfum de son Caire natal. Certaines sont connues : elles sont régulièrement publiées par le magazine « Têtu » et ont pour motifs des garçons méditerranéens dans d’assez simples appareils. L’intérêt de ce catalogue, intitulé « Sleep in my arms » est de dépasser le cliché homo-sensible pour donner à voir une œuvre véritable dans un plus large mouvement. Des autoportraits d’abord, qui le mettent en scène dans un abandon réel. Empire du doute et perplexité. Youssef Nabil enlumine ensuite des nocturnes, peint son obsession du sommeil qui mène à la mort ou au fantasme de corps jeunes et désirés. Ces garçons endormis sont autant de fantômes alanguis, tremblant de rêves qui pourraient aussi être des cauchemars d’amours contrariés.

Le site de Youssef Nabil

Robben Island pour mémoires

Samedi 2 février 2008

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Nelson Mandela, Robben Island, 1994 © Photographers gallery za

Zurayah Abass, Amina Desai, Haroun Gunn, Andile Ma-Afrika, Zuko Siko, Ivan Toms, Joyce Mashamba… Non, bien sûr, ils n’ont pas connu la même gloire que lui. Nelson Rolihlahla Mandela. Ils clament encore son nom avec fierté. Anonymes, matricule de cinq chiffres, emprisonnés, violentés pour avoir pris fait et cause pour l’ANC. Beaucoup ont disparu. Mandela fêtera cette année ses 90 ans. Ils se sont aujourd’hui transformés en sentinelle, gardiens ultimes de cette mémoire collective qu’ils transmettent avec émotion et sans revanche.
Robben Island, une île au large de Cape Town, une léproserie devenue une prison de haute-sécurité pour les militants anti-apartheid. Le prisonnier le plus célèbre fut Nelson Mandela pendant 18 de ses 27 années d’enfermement, mais ce sont plus de 2000 prisonniers qui y connurent des conditions de détention extrêmes : cellules exiguës, travail épuisant dans une carrière de pierres en plein soleil, régimes alimentaires déplorables, isolement ou partage des espaces communs avec des prisonniers de droits communs qui finirent par s’engager aux côtés des ANC !
Lors des débats « Vérité et réconciliation », les anciens prisonniers politiques et leurs gardiens ont décidé de transformer l’île entière en un lieu de mémoire « Robben Island Museum ». Avant de rejoindre l’embarcadère, il faut s’arrêter dans les salles de la « Nelson Mandela Gateway », où plusieurs expositions racontent leurs histoires. Une installation «  »Political prisonners and detainees message video mural » est magnifique : elle montre trente-huit anciens détenus – hommes, femmes et enfants nés en captivité – dans un large panorama, témoignant de leur résistance, chantant un gospel à la mémoire de leur lutte. A la fin de la chanson, l’un d’entre eux en appelle à la paix, à la liberté et au développement de la démocratie. L’image disparaît, le noir se fait et c’est le bruit de clés ouvrant les serrures d’une prison que l’on entend…

Le site du Robben Island Museum
A voir : Goodbye bafana, Bille August, 2006 (en DVD).

Cape Town : terre de belles espérances

Vendredi 1 février 2008

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Cap de Bonne Espérance © DR

I love Cape Town. Cette phrase court les tee-shirts à vendre sur Long Street et dans les boutiques de souvenirs de Waterfront, marina de grand standing où se côtoient touristes de passage, glaces et fried chicken en bandoulière, belles fortunes du Cap faisant ses emplettes chez Vuitton ou consciencieux au départ de la visite de Robben Island, où furent emprisonnés Nelson Mandela et des milliers de militants de l’ANC. En arrière-plan, des montagnes : Head Lion, Sea Point, Table mountain, qui forment l’enclave de la métropole sud-africaine. C’est ici que vit une nation dite « arc-en-ciel » chérie de Mandela, Desmond Tutu, Frederick de Klerk et, plus récemment, de Thabo M’Beki. Un pays en paradoxe : noirs, blancs, coloured, témoins d’une longue histoire d’amours, de haines, de dominations et de meurtrissures, pour vivre et se développer. Hier, à  la fin de l’apartheid, un dogme unique « vérité et réconciliation » les a rassemblés. Une réussite invraisemblable sur le papier : cela donne bon espoir pour la suite, malgré les dérives démagogiques du nouvel homme fort de l’ANC, Jacob Zuma…
Plus loin, le Cap de Bonne Espérance (Point Cape). Vertige de l’infini, plage de sable lunaire, océan en majesté, végétation rase, lumière douce et irradiante, comme au premier matin du monde. A la pointe du Cap, les distances de plusieurs capitales du monde sur un poteau de bois : Paris, Rio de Janeiro, New York, Jérusalem, Singapore, Londres, le Pôle Sud. Partir, encore…

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