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Archive pour février 2008

L’Ecole des femmes : le petit charme est mort

Samedi 16 février 2008

Que diable allions-nous faire dans cette galère ? Vendredi soir à l’Odéon – Théâtre de l’Europe, la foule des familles en procession vers le bon théâtre de patrimoine s’est donnée rendez-vous en face du délicieux restaurant La Méditerranée. Pour y voir quoi ? Une « Ecole des femmes » bien terne, anémiée par un Jean-Pierre Vincent loin de ses grandes heures et un Daniel Auteuil désincarné qu’on se réjouissait pourtant de voir au théâtre après l’émotion toujours en mémoire de ses rôles dans les films d’André Téchiné (Ma saison préférée, Les voleurs)… Autour, un décor en manège insupportable et d’autres comédiens sans relief excepté une singulière Agnès. Mauvaise soirée !

Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 29 mars.

Harry Gruyaert près de tout rivage…

Samedi 16 février 2008

Comment croire que l’une des plus belles expositions photographiques du moment se trouve comme perdue au milieu des marques de luxe du Bon marché Rive gauche ? Au sous-sol du temple des anciennes Dames de France, en un large espace, Harry Gruyaert, photographe (né à Anvers en 1941) de l’impeccable agence Magnum, nous offre ses plus beaux rivages. Plages d’Ostende et de la mer du nord, paysages colorés d’Inde ou verdoyants d’Irlande, éclairés de rares humanités, ciels chargés de pluie et champs gras de la Côte d’Opale, le voyage vaut le détour.

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© Magnum

Doris Salcedo : Tremblements de Tate

Samedi 16 février 2008

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Doris Salcedo, Shibboleth, 2007 © Tate

Londres, le week-end dernier. Quelques boutiques, certes toujours les mêmes : Harvey Nichols, Selfridge’s et le très lancé Dover street market. Au bonheur de la mode masculine comme seules Londres et peut-être Bruxelles savent la mettre en scène en d’élégants « concept store »…
Ensuite, direction la Tate Modern pour la belle rétrospective de l’espagnol Juan Munoz. Foules chinoises, car crash et ambiance d’escalier labyrinthique marquent l’indéniable talent du sculpteur. Mais ce qui nous attire une nouvelle fois à la Tate Modern, c’est l’installation de la Turbine Hall. Après les soleils irradiants d’Olafur Eliasson ou les super-structures de Rachel Whiteread, la colombienne Doris Salcedo prend possession de l’entrée de la Tate Modern et fracture le sol sur toute la longueur du hall. Evocation d’un tremblement de terre, ligne de démarcation et mythologie de frontières nées du fracas du monde, « Shibboleth » est une œuvre fascinante, qui en appelle à l’histoire de l’humanité et à la géographie sensorielle des continents…

Le site de la Tate Modern.

L’étincelle Pommerat

Samedi 16 février 2008

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Joël Pommerat © DR

Pour quelques jours encore, Joël Pommerat et la compagnie Louis Brouillard sont les invités de Pascal Rambert, successeur de Bernard Sobel au Théâtre de Gennevilliers. Désormais artiste associé du Théâtre des Bouffes du nord (Direction Peter Brook et Micheline Rozan), Joël Pommerat fait un détour par la banlieue ouest et propose de découvrir, pour la première fois dans son intégralité, la trilogie que forment trois de ses spectacles (Au monde, D’une seule main, Les marchands) « où les secrets de famille croisent le destin du monde ». Trois pièces majeures, en pénombre, qui éclairent magistralement le théâtre contemporain. Elégance des formes et des lumières, race du propos, troupe de comédiens au diapason de cette exigence, c’est à un enchantement de théâtre contemporain auquel Joël Pommerat nous convie.

Du samedi 19 janvier au dimanche 17 février 2008 / en alternance.
Théâtre 2 Gennevilliers, Centre dramatique national de création contemporaine.

Madame Raymonde au balcon

Samedi 16 février 2008

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Denis d’Arcangelo © DR

Il nous avait plu, le vibrionnant Denis d’Arcangelo dans le pourtant bien vulgaire « Cabaret des hommes perdus » l’an passé au Théâtre du Rond-Point. Il revient aujourd’hui au Vingtième Théâtre sous les traits de Mme Raymonde, mi-Arletty, mi-Mado la niçoise pour un récital décousu, mais sincère. Accompagné d’un accordéoniste au sympathique nom de Zèbre (Sébastien Mesnil), Mme Raymonde s’amuse, s’oublie et en rit encore devant un public de garçons pour partie acquis d’avance. Dommage seulement que le spectacle se disperse à l’excès en son milieu et qu’il faille attendre les saluts et le rappel pour renouer avec une émotion tout sardonique, où se mêlent les chansons d’Aznazour, Brassens et Ferré.

Mme Raymonde revient, par Denis d’Arcangelo et Philippe Bilheur, Vingtième Théâtre, (jusqu’au 2 mars 2008)

Les petits riens, le blues de Stacey Kent

Samedi 9 février 2008

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© DR

Des chansons entendues par quatorze heures d’avion entre Cape Town et Francfort. Cela semble à première écoute un élégant « easy listening » d’aéroport, finalement la voix gracieuse de Stacey Kent et les arrangements de Jim Tomlinson restent en tête. Retour à Paris, passage à la Fnac et le disque « Breakfast on the morning tram » dans l’I-Pod. De jolis petits blues, deux reprises de Serge Gainsbourg (Ces petits riens, La saison des pluies) et quelques standards bien choisis (What a wonderful world, Samba Saravah) chanté en anglais et en français. A découvrir !

La petite messe solennelle de Juliette

Samedi 9 février 2008

« Le vin délie les âmes / il entrouvre le ciel / De sa petite messe / gourmande et solennelle / Prions Saint-Emilion / Saint-Estèphe et les autres / Pour une nuit d’amour, / voilà de bons apôtres ! »

Un beau disque, simple, naviguant d’arrangements de talent de Brassens à Trenet. Sans doute pas le plus réussi, mais touffu, potache et partant réjouissant. Cette semaine, Juliette donne un nouveau disque « Bijoux et babioles ». On avait laissé la chanteuse toulousaine à des exercices extrêmement maîtrisés musicalement (Le festin de Juliette, Mutatis Mutandis), prête à conquérir le marché de la chanson. Le succès confirmé, elle revient maintenant sur ses terres avec un bouquet de chansons qui se baladent espiègles (Casseroles et faussets, Les lapins ! sur des paroles de l’ami François Morel), graves (Aller sans retour ; Tyrolienne haineuse, reprise de Pierre Dac), classiques (La boîte en fer blanc) et même gaillardes (Tu ronfles; Chanson, con !) qui font de Juliette Noureddine l’autre grande Juliette de la chanson française. Au sommet de son art, la dernière chanson du disque « Petite messe solennelle », voluptueuse ode au vin et à l’amour. Déja, on se réjouit de l’entendre au piano, à la Halle aux grains de Toulouse !

« Bijoux et babioles » (Polydor)
En tournée dans toute la France

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© Polydor

Kleist mode mineur

Vendredi 8 février 2008

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Anna Mouglalis © DR

La recette est imparable et peut permettre certains succès d’estime. A force, elle peut aussi marquer l’indéniable académisme et le perte totale d’imaginaire d’un metteur en scène. Prenez une troupe de comédiens chevronnés, avec des morceaux de belle prestance (Fred Ulysse, Julie-Marie Parmentier, Jérôme Kircher). Ajoutez-y des décors décalés en clin d’oeil SFP et une vedette à potentiel garanti en couvertures d’hebdo, de féminins et de suppléments culturels. Vous obtiendrez cette fade « Petite Catherine de Heilbronn » aux Ateliers Berthier de l’Odéon. André Engel est devenu en quelques années le spécialiste de ces casting de marketing qu’on imaginerait davantage dans le théâtre privé. Léger décalage temporel, acteurs certes bien dirigés autour d’Anna Mouglalis, très Mademoiselle Chanel® s’essaye au théâtre, ce n’est pas navrant, c’est juste sans intérêt…

« La petite Catherine de Heilbronn », Ateliers Berthier – Odéon, Théâtre de l’Europe, jusqu’au 23 février 2008

Avis de recherche

Lundi 4 février 2008

L’écrivain Philippe Mezescaze m’envoie ce message que je vous transmets aussitôt : « je cours tout Paris pour trouver des rubans encreurs IR-100 pour ma vénérable machine à écrire électrique (électronique?) Canon, en vain jusqu’à présent, car Canon a arrêté la fabrication de cet article… Pourtant il doit bien exister quelque part des stocks de ces satanés rubans. La rédaction de mon prochain livre va bientôt pâtir de cette pénurie. Alors vous qui profitez d’une tribune, à travers votre blog, m’aideriez-vous en lançant un appel en mon nom? Je vous promets de verser, cette fois-ci, une larme réelle, de sincère gratitude. » Les larmes, souvenez-vous c’était à propos de cette affaire de « composition sonore » autour de « Cytomégalovirus » d’Hervé Guibert chez Agathe Gaillard… Si vous avez une piste, écrivez !

20070210183833objectslucviatour.jpg© DR

Michael Stevenson Gallery : l’oeil du Cap

Samedi 2 février 2008

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© Guy Tillim

Michael Stevenson Gallery, Cape Town (Afrique du Sud). Sans conteste la plus belle galerie mêlant art contemporain et photographie de toute l’Afrique et le regard le plus intéressant sur la photographie africaine de nos jours. On y croise David Goldblatt, actuellement exposé, mais aussi Youssef Nabil, Willem Boshoff, Pieter Hugo, Wim Botha… Il y a deux ans, les Rencontres internationales de la photographie de Bamako, coordonnées par Simon Njami, donnait carte blanche à la galerie qui proposait de découvrir le travail formidable de Guy Tillim sur Johannesburg dans une installation de fortune, photographies superbement encadrées posées sur des chaises de classe, dans la Pyramide de la jeunesse de la capitale malienne. Ces photographies, celles d’un chaos total, humanité perdue d’exode rural en townships, corps blessés par la précarité dans un désordre de détritus et de misère, ont été publiées en 2005 par les Editions Filigranes.

Le site de la Michael Stevenson Gallery

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