• Accueil
  • > Archives pour le Samedi 23 février 2008

Archive pour 23 février 2008

Tête freundienne

Samedi 23 février 2008

Milan est ainsi faite. C’est au moment où vous vous y attendez le moins que vous tombez sur une belle exposition de photographies. Les portraits de Gisèle Freund. Au deuxième étage du très hype 10 Corso Como où la plus belle élégance milanaise se rêve en Colette du faubourg Saint-Honoré, la Galleria Carla Sozzani expose les photographies d’un autre temps de Gisèle Freund. La photographe du premier portrait officiel de Président Mitterrand (1908 – 2000), a saisi son siècle de littérature, mais aussi de politique et plus généralement de culture. On rencontre parmi une centaine d’artistes et auteurs d’avant et d’après-guerre, Bonnard et Matisse affairés à leur palette, Eva Peron en pleine mythification, faisant miroiter son pouvoir dans ses bagues de pierres précieuses, le duo Sartre-Beauvoir, de Gaulle-Malraux, Beckett, Yourcenar, Duras, Walter Benjamin, Gide, Cocteau bien sûr, mais Frida Kahlo, Diego Rivera et des écrivains dont on imaginerait presque qu’ils n’ont pas connu la photographie : T.S. Eliot, Virginia Woolf, Julio Cortazar. Au milieu de ce siècle, un éternel jeune homme intrépide, cheveux au vent, clope au bec. Ce portrait, c’est Malraux. Immortellement.

malraux.jpeg
André Malraux © Gisèle Freund

Galleria Carla Sozzani, 10 corso Como, Milano.

L’ordre des choses : le piéton de Milan

Samedi 23 février 2008

gcimiteromonumentaledsc1.jpg
© DR

Milano fashion week ! Ce séjour, je l’avais programmé par hasard, trouvant vite une date libre dans un agenda que je m’évertue à surcharger, sans imaginer dans quelques états de frénésie la ville se trouverait… Longtemps que je voulais revenir à Milan faire un salut à l’ami Simon Olmetti, les boutiques de la via Monte Napoleone – acheter des Tod’s via Spiga, des T-shirts chez Intimissimi…
A s’y promener, la sensation que la ville a changé, tournant le dos au tourisme culturel, celui du Palais des Sforza et des aiguilles de son étincelant Duomo, théâtre des amours impossibles d’Alain Delon et Annie Girardot dans le superbe « Rocco et ses frères » pour s’employer à l’explosion de son commerce de luxe. Milan, en quelques années, est devenue la plaque tournante de la mode européenne, illustrant la fameuse chanson d’Alain Souchon « Putain, ça penche ». Gucci, Prada, Etro, Viktor and Rolf, Jil Sander, Alexander McQueen, Canali, Allegri, Salvatore Ferragamo, Hermès, Juicy Couture, Martin Margiela, Dolce&Gabbana, Armani et tant d’autres effacent en toute conscience la beauté des palazzi.
Alors, bien sûr, la ville est gracieuse de cette humanité vêtue créateurs : femmes élancées, en défilés de cuissarde, fourrures et tailles serrées, hommes en pantalon de velours jaune, cravate club ajustée, borsalino, fashionitas en délire Dsquared2, adolescents de belle lignée, cheveux remis en tempête d’un spray de laque dans les reflets d’une boutique. Ailleurs, ce couple en sa superbe harmonie amoureuse, milanais à ne pas connaître le mauvais goût : monsieur, manteau bronze, écharpe écossaise campagne; madame, manteau tulipe, flanelle imitant le bleu caserne de Verdun, lunettes de soleil de circonstance, lèvres rouge carmin. Pour elle, il a un bouquet de tulipes blanches, enveloppé de kraft, noué d’un délicat ruban marron. Pour lui, elle promène leur enfant, en landau vintage…
A l’entrée du cimetière « Monumentale », dont j’avais lu la description chez Guibert, dans la chapelle des Illustres milanais (Callas, Pavarotti, Stendhal, Visconti, entre autres), le dernier nom gravé est celui de Gianni Versace…