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Archive pour janvier 2008

Livret de famille !

Mercredi 30 janvier 2008

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PFC Heather Ragan, 19, Oklahoma City, from the series « Young American Soldiers in Aghanistan » © Chad Hunt

Chaque année, la national Portrait Gallery de Londres ouvre ses salles au Photographic Portrait Prize. Des prix conséquents sont remis aux meilleurs photographes portraitistes, un catalogue de bonne facture est en vente à la librairie du musée. Une nouvelle fois, la sélection internationale 2007 est de haute volée. Les images se suivent, marquant des univers et des situations très différentes mais formant dans le regard des photographes une grande famille, humanité fragile saisie dans la guerre ou la pauvreté, personnages près de la monstruosité par la laideur de leurs intérieurs, physiques esquintés par la graisse ou la maladie, natures mortes et jeunesse virevoltante. L’ensemble se découvre avec un très grand plaisir, et plus encore dit l’état du monde avec une acuité rare.

Photographic Portrait Prize 2007, National Portrait Gallery, Londres, jusqu’au 24 février 2008.

Camille Laurens : leçons de ténèbres

Mardi 29 janvier 2008

Marie Darrieussecq vs Camille Laurens. Enfant mort-né contre la fiction de l’enfant mort. Plagiat psychique ou non, peu importe pour que vive la littérature. Peut-être regretter que Paul Otchakovsky-Laurens, leur éditeur commun, n’ait trouvé la possibilité d’un dialogue entre ces deux beaux tempéraments littéraires. Reste, loin de la polémique, un texte à découvrir si vous ne le connaissez pas : « Philippe », remis en vente ces jours-ci malgré le départ de Camille Laurens des Editions POL. Ce texte est un cri, une dépression dominée par la syntaxe comme dirait le critique Angelo Rinaldi. Un récit court, intense, qui se lit d’une traite, en apnée, bientôt asphyxié de douleur et sans le moindre « protocole compassionnel ». De courts chapitres : Souffrir, comprendre, vivre, écrire… Et finalement rendre les armes à son infinie tristesse : « je crie pour que tu cries, j’écris pour que tu vives… Ci-gît Philippe Mézières. Ce qu’aucune réalité ne pourra jamais faire, les mots le peuvent. Philippe est mort, vive Philippe. Pleurez, vous qui lisez, pleurez : que vos larmes le tirent du néant. »

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Camille Laurens © Marthe Lemelle/P.O.L

Heath Ledger : poor lonesome cowboy

Vendredi 25 janvier 2008

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I’m not there, Todd Haynes © AP

La dépêche d’agence tombe au réveil d’un départ très matinal pour Toulouse : « Le jeune acteur australien Heath Ledger, 28 ans, héros du « western gay » du réalisateur taïwanais Ang Lee « Le secret de Brokeback Mountain », a été retrouvé mort mardi dans un appartement de Soho (Manhattan, NYC) ».
Comme une fin de légende. On pense à James Dean pour la jeunesse, à Marylin Monroe pour les barbituriques. Merveille de l’Amérique à éternellement réinventer son rêve, ses mythes et ses tragédies. Celle, ici, toujours vendeuse et émouvante de la beauté de jeune comédien, mort trop tôt, à peine foulé les sentiers de la gloire.
Déjà, les médias, les autorités de police, la famille se perdent en vérités, contrevérités, démentis : « D’après le récit de la police, une masseuse est arrivée à 15h30 à l’adresse où résidait l’acteur pour un rendez-vous. La masseuse a été conduite par la femme de ménage, qui a frappé à la porte de la chambre. N’entendant pas de réponse, la femme de ménage a ouvert la porte et trouvé Heath Ledger nu et sans vie au pied du lit. La police a précisé que son corps n’était pas entouré de cachets éparpillés, comme l’avait indiqué la presse. Les deux femmes ont tenté de le ranimer, en vain. Elles ont alors appelé la police, selon le New York Times. « Les premiers résultats de l’autopsie pratiquée sur le corps de Heath Ledger sont insuffisants pour déterminer les causes du décès de l’acteur australien et des analyses supplémentaires sont nécessaires », a déclaré mercredi Ellen Borakove, porte-parole des médecins légistes. Puis : « L’autopsie n’est pas concluante, nous devons procéder à de nouvelles analyses toxicologiques et à des examens des tissus (…) qui prendront environ dix jours ». Le père de l’acteur, Kim Ledger, parle, lui, de « mort accidentelle » dans une déclaration lue à la presse devant la maison familiale, à Perth (Australie). An actor is dead, a star is born…

Christophe Honoré dans le Journal

Jeudi 24 janvier 2008

J’y reviens avec retard, mais quel plaisir à lire le « Journal de la semaine » de Christophe Honoré dans « Libération » le week-end dernier ! L’écrivain et réalisateur (« Les Chansons d’amour ») tourne actuellement à Paris « la Belle personne », une adaptation, pour ARTE, de « La Princesse de Clèves ». On suit de quelques lignes les scènes en cours : la pudeur d’un jeune acteur Jacob Lyon et les jambes de Clotilde Hesme, Louis Garrel dans l’escalier, les lèvres de Grégoire Leprince-Ringuet sur les seins de Léa Seydoux, les hurlements d’Anaïs Demoustier et d’Agathe Bonitzer… Aux infos radio du matin, la politique l’occupe beaucoup : passent le duel Delanoë / Panafieu et l’écho bling-bling du président Sarkozy.
Surtout, le livre de chevet de ses semaines de tournage retient mon attention : le magnifique journal de Matthieu Galey qui le ramène à de plus jeunes années : « J’avais 19 ans, quand je l’ai lu, lecture appliquée comme devant un manuel de savoir-faire précieux. La galerie de Galey, Chardonne, Jouhandeau, Brenner m’installe dans la nostalgie. En 1989, combien d’heures ai-je passées à rêver aux vies des autres, et traîner la nuit dans les rues de Rennes, et lire, m’enfermer au cinéma. Combien de corps touchés chaque semaine. Une révélation de dimanche, grossière, attendue, mais malgré tout fatale, se met à me détruire : ma vie d’alors était pleine et vivante, qu’est-elle devenue ? Quand je réfléchis aujourd’hui à l’année qui s’annonce, peu de jours dans mon agenda où je n’ai pas à tenir des engagements. Le découragement règne, je sais désormais que mes années s’exécutent quand, avant, elles surgissaient. Un peu d’air frais, vite ! »

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© Sébastien Dolidon

Le haut-le-coeur permanent, par Christophe Honoré, Libération, 19 janvier 2008

Portrait de Matthieu Galey, sur France Culture, le 7 février 2008 à 10h00, dans l’émission « Une vie, une oeuvre » de Matthieu Garrigou-Lagrange.

Malaise dans les musées

Jeudi 24 janvier 2008

Toujours étonné, à fréquenter les grandes expositions « événement » du Grand Palais, du Musée d’Orsay, la FIAC, Paris Photo du manque d’enthousiasme du public qui « circule » devant les tableaux ou les installations. Pas de partage, aucune agitation, pas de cœur battant d’émotion… Un tour dans chacune des salles, un magnet et deux cartes postales à la « boutique », par ici la sortie ! Les uns ont l’oreille visée à leur audio-guide, les autres photographient les œuvres avant même de les avoir observées, certains y promènent les enfants considérant sans doute que les biennales d’art contemporain valent les toboggans et balançoires du square du coin de la rue. Des gens émus, on n’en trouve plus ou alors, ils ont des manières curieuses de le manifester – sans doute épuisés de l’heure et demie de queue à défaut d’avoir réservé leur billet « coupe-file »…

Malaise dans les musées, Jean Clair, Flammarion (Café Voltaire)
Journal atrabilaire, Jean Clair, Folio.

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Anselm Kiefer, Monumenta 2007 © Jean-Jacques Birgé / DR

Courbet : le dernier mot de la lumière

Lundi 21 janvier 2008

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L’homme blessé, 1854 © Gustave Courbet

« Dans cette fourmilière de tartines banales ou prétentieuses qui encombrent le Salon, le peintre d’Ornans donne son coup de trique et l’on respire devant ces deux toiles : un petit « Paysage » qui est une perle et un « Mendiant d’Ornans » qui est le dernier mot de la lumière. Continuez ainsi chaque année, bon maître, et que ceux qui sont nés peintres vous suivent, car vous êtes bien loin devant, vous qui voyez juste… » A la manière de cette caricature figurant à la toute fin de l’exposition Courbet au Grand Palais, longtemps que nous n’avions pas vu une exposition aussi captivante !
Mariant les thèmes à la chronologie, on suit le parcours d’exception de l’enfant gâté de Franche-Comté. Des débuts en maestria (« Le sentiment du jeune âge », 1844), où ses autoportraits (au violoncelle, à la ceinture de cuir, au chien noir, « Le Désespéré ») et ses portraits d’amis et d’hommes en ténèbres (« L’homme blessé ») le distinguent déjà du tout-venant, jusqu’aux natures mortes et « Truites de la Loue » de l’homme brisé par l’emprisonnement à Sainte-Pélagie pour son engagement auprès des Communards, Gustave Courbet est un peintre engagé.
Ses toiles-manifestes (« Un enterrement à Ornans », « L’Atelier du peintre, allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique ») revendiquent, dit-il, un « art vivant » à même de « traduire les mœurs, les idées, l’aspect de mon époque selon mon appréciation ». Avec subtilité, l’exposition rapproche les tableaux de Courbet des sujets de la photographie naissante (Cuvelier, Narda). Le temps de l’excellence et de la plus grande incandescence créatrice.
Avec les années, Courbet perd de sa singularité, s’arrondit, devient peintre de paysages réinventés pour sa propre géographie « intime », puis d’une indécise tentation moderne et mondaine d’où surnage le très beau « Jo la belle Irlandaise (1866). La chasse, la politique et les femmes l’occupent désormais plus que ses amis ou sa famille. Elles sont nues, baigneuses callipyges, formes pleines et seins lourds, libérées (La femme au perroquet, 1866), saisies en extase saphique ou à l’origine du monde… Gustave Courbet meurt en 1877, réduit à l’exil après la destruction de la Colonne Vendôme, épuisé par ses combats républicains. Quelques années plus tôt, sa sœur, Zoé Reverdy, confiait : « Tous les sujets sont autant de portraits »…

Galeries nationales du Grand Palais

L’ordre des choses : une Bruxelles de mikado

Lundi 21 janvier 2008

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Cityscape, by Arno Quinze © Thierry Van Dort

De fashion en travel magazine, toujours la tentation, au moment des soldes, de Londres, Milan ou Berlin. Cette année, je vais à Bruxelles ! Direction le quartier Sainte-Catherine, autour de la rue Antoine Dansaert : petites rues charmantes et places au clocher, on trouve vite son bonheur entre Filippa K, Olivier Strelli et pour ceux que cela tente, des friperies customisées comme le hypissime Colette du faubourg Saint-Honoré. Une boutique retient notre attention : Stijl, royaume de la mode belge : on y trouve les dernières créations de Dries Van Noten, Kriss van Assche à des prix intéressants. A Bruxelles, même sous la pluie et le gris de la ville, des galeries royales à la librairie Tropismes, de la grand place au quartier gay autour de la rue du Marché-au-charbon, il règne une douce atmosphère de grande petite ville européenne, ouverte, moderne et sans complexe. A peine plus loin, il faut découvrir, avenue Louise, l’installation d’Arno Quinze, « Cityscape » une sculpture monumentale (18 m de hauteur) de bois entremêlés, comme un immense nuage – mixado sous lequel s’amusent les rayons du soleil. Elle est présentée pour un an dans le cadre des événements de « Design Septembre 2007 », avec le mécénat intelligent de la firme automobile Mini. Courez-y !

Le site de Cityscape
Boutique Stijl

Jose Maria Manzanares II : un torero en vogue

Dimanche 20 janvier 2008

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Jose Maria Manzanares © DR

C’est la nouvelle coqueluche des arènes. Il faisait cet hiver les belles pages de Vogue Hommes International, photographié par Peter Lindbergh, entre James Franco, Etienne Daho et d’autres garçons nus sous leur manteau de fourrure. En Espagne, il est classé parmi les Espagnols des plus élégants, chemise oxford parfaite, petit pull rose de bonne famille ralphlaurenisée. Ici, on est torero de père en fils. José Maria Manzanares, deuxième du nom (Alicante, 1982), a repris le flambeau, le sens aïgue de la métrosexualité en plus. Espérons que, dans les arènes d’Arles, au samedi de la Feria de Pâques, il fera la démonstration d’une pareille maîtrise de son « toreo »…

Feria de Pâques, Arènes d’Arles, 21 – 24 mars 2008.

Pippo Delbono : quelques jours en juin

Dimanche 20 janvier 2008

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Je vous ai dit la beauté du dernier spectacle de Pippo Delbono « Questo buio feroce » au Théâtre du Rond-Point. Il y jouera « Les récits de juin » les lundis 21 et 28 janvier à 21h00. Sa maison d’édition française (Actes Sud) présente ainsi ce texte : « Pippo Delbono fut un jour invité à intervenir en conférence à Rome pour parler de l’amour. De là sont nés ces récits, confidences et retours sur sa vie, ses rencontres et ses luttes, toujours un pied sur scène, l’autre en coulisses, qu’il délivre ici, entre pudeur et fureur, gravité et humour. Auteur, acteur et metteur en scène étonnant, un des chefs de file du théâtre populaire italien, Pippo Delbono offre ainsi, à travers des photographies personnelles, une des plus belles incarnations de son travail : un théâtre conçu en toute liberté et vécu comme acte d’amour.  »

Pippo Delbono, Récits de juin, Le Théâtre Actes Sud. Traduit de l’italien par Myriam Blœdé

Jean-Paul Gaultier : communiqueur d’amour

Samedi 19 janvier 2008

Des nouvelles de Catherine Ringer ce matin dans « Libération » sous la plume d’Olivier Wicker. Le défilé du fidèle Jean-Paul Gaultier était un hommage à Fred Chichin, le guitariste des Rita Mitsouko, ami du créateur mort en novembre 2007 : « En coulisses, après le défilé, le couturier tentait d’expliquer à une télé américaine à quel point Fred Chichin avait été important pour lui. Dans un «frenglish» à la Maurice Chevalier, il insistait devant le reporter ébahi : «You know, this guy was a popular dandy, Fred was a man qui avait la gouaille. He was perfectionist et popular at the same time.»
« C’est comme ça » en bande son et Catherine Ringer, toute vêtue de motif écossais, au premier rang, pour un défilé d’hommes en ton marron, fine moustache pour certains et coiffés de petits chapeaux melons noirs, pareils à ceux d’ »Orange Mécanique ». Des pantalons oversize, des perfectos à manches de fourrure, d’autres manteaux et blousons en cuir et fourrure, des jodhpurs glissés dans les bottes, des tweed à chevrons et, enfin, de sublimes pull-overs shetlands. Un ravissement…
A cela rajouter encore ces quelques mots émouvants d’Olivier Wicker : « Quand tout fut terminé et que le personnel commença à remballer les chaises et à ramasser les cartons d’invitation, Catherine Ringer s’éclipsa discrètement par une porte dérobée après avoir salué le couturier d’un regard. »

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© Jean-Paul Gaultier

Défilé Gaultier Hommes Automne-Hiver 08-09

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