Des journées entières dans les arbres

Je gardais un bon souvenir de la rétrospective de Rineke Dijkstra au Jeu de Paume en 2004, de ses enfants et adolescents sortant de la mer, le regard un rien exténué de trop de vagues et de nage. Puis de ses photographies de soldats israéliens vues à Madrid au festival PhotoEspana 2004.
Je retrouve cet après-midi son regard à la Galerie Marian Goodman qui propose dix nouvelles photographies d’une série commencée en 2005 et intitulée « Park Portraits ». Et c’est un nouvel enchantement : de jeunes gens, en solitaire, par deux, par quatre, fixent l’objectif de la photographe néerlandaise (Sittard, Pays-Bas, 1959). Le décor a changé : Rineke Dijkstra les surprend dans des parcs d’Europe, de Chine ou des Etats-Unis. Ils ont en commun l’incertitude du passage d’un âge à un autre. Des « Ménines » contemporaines d’abord, ailes de fées dans le dos, corde à sauter dans les mains… Des adolescents, plus intéressants encore : des garçons efflanqués, duvet sombre en moustache, jambes poilues, tee-shirts et chemises trop larges, baskets aux pieds ; des filles mal fagotées, nombril dévoilé, ongles rongés, vernis et multicolores, colliers de bric et de broc, marguerite de plastique dans les cheveux… Ils traînent, passent le temps, confondant d’indécision et de désirs maladroits, aussi. Derrière eux, des parcs verdoyants, des étangs, des frondaisons où percent de belles lumières printanières. Ici, dans le cœur pourtant battant des villes, tout est tranquille.

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Rineke Dijkstra, Park Portraits, Marian Goodman Gallery, Paris (jusqu’au 19 janvier)

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