Au revoir et merci !

31 décembre 2011

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Pippo Delbono : une terrible beauté est née

7 octobre 2011

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Pippo Delbono © DR

« Hauts murs, comme un linceul, m’ensevelissent ». La furie Pippo Delbono en ouverture d’Evento hier soir à Bordeaux. Sublime, fragile et maladroit parfois, mais tellement beau quand il cite Rimbaud, Pasolini, enflamme et rallume en plein nuit la place de la Comédie. Le public de notables bordelais (les ministres Juppé et Mitterrand compris), inculte à force de conventions, fuit. Restent sur la place les « cultureux » comme le dit ce matin une abrutie de Sud Ouest. Fallait pas l’inviter, le Delbono ! Il ne faut pas demander aux artistes d’être sage, plus encore quand on leur donne Carte blanche et qu’on se targue de défendre l’art contemporain…

Un été entre planches, écrans et cimaises

24 août 2011

AMOUR, ACIDE ET NOIX

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© Denis Farley
Un écho, juin semble déjà loin, mais le souvenir toujours vif du danseur Emmanuel Proulx et du spectacle du québécois Daniel Leveillé. Amour, acide et noix, programmé en clôture du Festival de danse et des arts multiples de Marseille, une manifestation pluridisciplinaire au programme impeccable !

BRILLIANT CORNERS

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© Emanuel Gat Company
Que d’eau, que d’eau à Paris ! Et l’annulation de la dernière du spectacle de l’israélien Emanuel Gat Brilliant Corners nous prive du plaisir de découvrir son travail, présenté à Montpellier Danse puis à Paris Quartiers d’Eté. On y reviendra en octobre à Londres dans le cadre du festival Dance Umbrella.

AMERICAN PRAYER

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© Richard Prince
En un bric-à-brac, prodigieusement pensé et aménagé, Richard Prince nous plonge dans ses fascinations. American prayer, le titre de l’exposition à la Bibliothèque nationale de France, dit tout de ce formidable grenier dédié à la culture populaire américaine que Richard Prince collectionne avec une acuité rare. Une merveille de balade littéraire, musicale et cinématographique entre Chester Himes, Kerouac, Salinger, Brautigan, Capote, Warhol, Ginsberg et le Velvet underground.

1957 : BRASSAI EN AMERIQUE

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© Estate of Brassaï
Comme on s’ennuie ferme à Arles face à la programmation sans queue ni tête de François Hébel aux Rencontres photographiques, on fuit les ateliers SNCF pour se précipiter au Pavillon populaire de Montpellier où Gilles Mora présente avec la complicité de l’experte Agnès de Gouvion Saint-Cyr les 110 photographies américaines de Brassaï, prises lors d’un voyage entre New York et la Louisiane en 1957. Un trésor retrouvé dans une boîte à chaussures, une plongée en images dans l’Amérique multicolore des années 1950.

THE CROOKED PATH

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© Jeff Wall
A Bruxelles, Jeff Wall fait des siennes. Rétrospective de haute volée (The crooked path) en une vingtaine d’œuvres choisies et dispersés (parfois maladroitement) au Palais des Beaux-Arts (Bozar) au milieu d’autres pointures artistiques du monde entier ayant influencé le photographe (Robert Bresson, Diane Arbus, Walker Evans, Marcel Duchamp) ou se revendiquant de son influence. Un poil prétentieux, mais irrésistible.

LA PIEL QUE HABITO

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© DR
Chez Almodovar (La piel que habito), tout n’est que beauté et virtuosité. Etrange lumière froide d’un film clinique qui trifouille, sans la moindre hystérie, au milieu de vos entrailles. Film de chair, film de passion violente. Exceptionnel.

MELANCHOLIA

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© Les Films du Losange
Après le bruit et la fureur de Cannes, la Melancholia de Lars von Trier arrive sur les écrans. Un ravissement de tristesse, beauté des astres qui nous mènent vers la fin du monde et la mort. Une sarabande, éloge à la dépression, magnifiquement portée par Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, Charlotte Rampling qui auraient mérité une récompense collective pour leurs interprétations dans ce film noir et funeste, à la photographie gracieuse et désespérée.

IMPARDONNABLES

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© UGC Distribution
Impardonnables est bien fragile. Le retour d’André Téchiné certes en petite forme, mêlant à l’excès des intrigues sentimentales dans une Venise où son œil et sa caméra font pourtant encore des merveilles. La faute à qui ? L’inspiration de Philippe Djian n’est sans doute pas celle, plus vagabonde et plus sombre de Téchiné qui reste un directeur et découvreur d’acteurs (Adriana Asti, Carole Bouquet brune et blonde, André Dussollier dont on se rappelle soudain qu’il a un corps, le jeune Mauro Conte) épatant…

J’AIME REGARDER LES FILLES

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Pierre Niney © Bac Distribution
Passe ton bac d’abord, mais aime, aime la vie. ! J’aime regarder les filles, un film comme le plus bel âge de la vie. Primo, Antoine Doinel d’un mai 1981, plein de promesses et de désillusions, découvre la politique (un peu), la vie (beaucoup), l’amour (passionnément) à Paris. Un film sur un fil et un comédien idéal, le jeune Pierre Niney, pensionnaire de la Comédie Française…

UN AMOUR DE JEUNESSE

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© Les Films du Losange
Un amour de jeunesse ou les belles manières de Mia Hansen-Love, à nouveau à son meilleur après Le père de mes enfants. La vie d’une petite amoureuse au long cours, un amour de jeunesse comme la possibilité d’un fleuve d’émotion éternelle. Cette belle, folle et amoureuse jeunesse, celle dont Conrad disait : « … ma jeunesse, ce sentiment qui ne reviendra plus, le sentiment, que je pouvais durer éternellement, survivre à la mer, au ciel, à tous les hommes : ce sentiment dont l’attrait décevant nous porte vers des joies, des dangers, vers l’amour, vers l’effort illusoire, vers la mort : conviction triomphante de notre force, ardeur de vie brûlant dans une poignée de poussière, flamme au cœur, qui chaque année s’affaiblit, se refroidit et s’éteint trop tôt, trop tôt, avant la vie elle-même… »

FILMS US

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Captain America © Paramount Pictures
L’été, le divertissement de films américains, plaisir coupable et régressif. Citons pêle-mêle mais dans l’ordre Les origines de la planète des singes, énième revival du roman d’anticipation de Pierre Boulle l’amusant Super 8 où une bande de chenapans font revivre le futur cinéma des années 80, hommage heureux au cinéma de Steven Spielberg. Et dernièrement, Captain America, là encore resucée Marvel, vraiment molle de la conscience. Mais pas de doute, dans le genre, les américains sont indéniablement les meilleurs !

LA LESBIENNE INVISIBLE

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La lesbienne invisible © DR
Océanerosemarie ! Mieux connue sous le nom de lesbienne invisible. Au Studio du Théâtre du Gymnase Marie Bell, elle joue ce qu’il est convenu d’appeler un one-woman-show, enlevé et sympathique. Une lesbienne d’aujourd’hui en une dizaine de leçons, bien senties mais un rien répétitives, entre ombre et lumière.

Et maintenant, la rentrée !

L’ombre de José Tomas à Bayonne

18 août 2011

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José Tomas © Patrick Bernière / Sud Ouest

C’était un vent timide et frêle, le José Tomas que nous avons retrouvé à Bayonne. Toros sans bravoure, Tomas comme soleil absent. Qu’importe, nous irons, ardent, le 18 septembre aux arènes de Nîmes, espérer la grande magie.

Arnaud Cathrine : une vie de romans

3 août 2011

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François Sagan à toute allure © DR

« Je me levais, je me précipitais sur un whisky, je me précipitais dans ma jaguar, j’écrasais quelques personnes, j’allais déjeuner avec des … des je ne sais pas quoi, des comédiens, une bande de cloportes qui vivaient à mes crochets, chez Lipp ou dans un restaurant… Je repartais dans la voiture écraser quelques personnes, j’allais m’habiller chez je ne sais pas qui, chez Chanel, je ravageais le magasin, je payais tout rubis sur l’ongle en tirant des billets de ma poche, je rentrais chez moi avec une bande de nouveaux cloportes et je repartais dans la nuit semer la zizanie et la destruction, le whisky sur mes pas… »
Françoise Sagan citée par l’écrivain Arnaud Cathrine (Les yeux secs ; Sweet Home ; La disparition de Richard Taylor ; Le journal intime de Benjamin Lorca ; Frère animal, avec Florent Marchet ; Editions Verticales) dans son essai Nos vies romancées (Stock, à paraître le 14 septembre 2011), éloge plein d’allant de quelques-uns de ses écrivains de préférence : Carson McCullers, Fritz Zorn, Sarah Kane, Jean Rhys, Roland Barthes et naturellement Françoise Sagan, sa voisine de Normandie !

Les beaux miroirs de Thomas Dozol

26 juillet 2011

thomasdozoljohann.jpg Johann © Thomas Dozol

Comment en sommes-nous arrivés là ? A ces beaux miroirs ? A l’habitude, par un mauvais chemin. Chaque mois, l’écrivain américain Bruce Benderson livre à Têtu un Journal d’un goujat, bien nommé et parfois peu inspiré, où il est question, pêle-mêle, de ses conceptions variantes sur son propre monde. A se demander souvent pourquoi Pierre Bergé, le propriétaire, lui offre un tel pignon ? Passons. De quoi était-il question ce double-mois-ci ? D’un jeune photographe, flanqué, le pauvre, d’un terrible sparadrap « le-compagnon-de-michael-stipe-le-chanteur-de-r.e.m. ».
Peu instruit de sa musique et de l’impact de ce compagnonnage, on le ravala. Sauf qu’au moment de tourner la page, il s’en fut quand même du talent du photographe, assez ajusté pour vous faire prendre en pleine figure l’émotion bleu acier du regard suspendu et du visage d’un jeune homme roux, tout droit sorti de sa douche. Magnifique. On déchirait la page, en se promettant d’y revenir un jour.
Ce jour, c’était hier à découvrir le site et blog de Thomas Dozol et à parcourir par ailleurs les quelques interviews données par le photographe, né en France (Cannes) et heureux d’une carrière débutante entre Paris, New-York et Athènes. A le lire, timide et humble face à son quotidien de créateur, à observer ces images riches d’obsessions masculines, d’instincts sensibles ou géométriques, entre nus au bord de la pudeur et furieuse élégance, on lui trouvait un vrai intérêt et une grande profondeur, loin des inepties débitées par le navrant Benderson, perdu, lui, dans la contemplation de sa petite mare.
Que faire alors ? Découvrir au plus vite son blog et espérer qu’après Atlanta et New-York, ses premières expositions (dont I’ll be your Mirror au titre emprunté judicieusement au Velvet Underground) soient visibles à Paris…

Lire :
- Le blog de Thomas Dozol.

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Danny © Thomas Dozol

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Thomas Dozol © The Selby.

Voir encore :
- The Selby.

En attendant le retour de José Tomas

24 juillet 2011

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José Tomas à Valence © Reuters / HO

Il est l’homme attendu, comme la grande providence des arènes. José Tomas n’a sans doute pas brillé pour son retour à Valence ce samedi après sa blessure au Mexique en avril 2010, mais qu’importe le monde de la tauromachie française l’attend à Bayonne le 7 août, puis le 18 septembre à Nîmes en clôture de la Feria des vendanges. Une attente si fanatique et si pieuse qu’elle en agace aussi plus d’uns dans les rangs… Pourquoi lui ? Une réponse, pas de réponse, des réponses. Parce que c’était lui, parce que c’était nous… Soyons plus clair ? Sa témérité. Parce qu’il est le rêve de l’élégance tauromachique et son désespoir aussi, homme de mille coutures et de dépressions dominées par la fièvre du toro dans l’arène. Parce que l’homme rare, secret et blessé appelle immensément notre consolation. Lisez Denis Podalydès (La peur matamore, Le Seuil), lisez Jacky Durand (José Tomas Roman, Actes Sud) : ces deux livres sont de belles entrées en religion…

A lire également :
- Retour sensationnel de José Tomas à Valence, par Francis Marmande (Le Monde).

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José Tomas à Valencia, samedi © Daniel Ochoa De Olza / AP

Dash Snow : la mort d’un autre irrégulier

23 juillet 2011

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Dash Snow © Mario Sorrenti

Etonnante mystique que ce signe du 27, repris en masse par tous les médias depuis l’annonce de la pauvre Amy Winehouse. A cette série conséquente et précieuse de mort précoce (Hendrix, Morrison, Basquiat, Joplin, Cobain), on ajoutera celle de Dash Snow, le jeune et singulier photographe américain, retrouvé, overdosé, dans une chambre d’hôtel de l’East Village en juillet 2009 à New-York.
Ses polaroïds qu’il qualifiait lui même d’« uniques souvenirs de ses nuits », racontent un quotidien de sexe et de drogue dans une lucidité affolante. Fils d’une plus glorieuse famille de collectionneurs du monde, les De Menil, adolescence de bohème entre centre de détention pour mineurs et la rue, cet « enfant de Warhol », comme le qualifia en 2007 le New-York Magazine, n’était inspiré que lorsqu’il était entouré de sa bande d’amis interlopes (Ryan McGinley, Dan Colen, Terence Koh, Carol Bove et Agathe Snow), vite devenus les sujets de son œuvre entre débauche nocturne et réveils hagards en milieu d’après-midi.

Lire :
- Ariel Levy, Chasing Dash Snow, New-York Magazine, 7 janvier 2007
- Sean O’Hagan, The last days of Dash Snow, The Guardian, 20 septembre 2009

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© Cass Bird

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© Cass Bird

Au hasard Charles Henri Ford

22 juillet 2011

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Charles Henri Ford © Henri Cartier Bresson

Beauté ironique de cette photographie d’Henri Cartier Bresson, retrouvée dans le catalogue d’une exposition passée au San Francisco MOMA. L’insolence d’un bel irrégulier, Charles Henri Ford (19013 – 2002), poète, écrivain, photographe américain, figure du Tout-Paris artistique de l’avant-guerre avant d’en retourner vivre à New-York. Si Paris est une fête, il en fut, fréquentant Man Ray, Peggy Guggenheim et le salon de Gertrude Stein qu’on célèbre magnifiquement ces jours-ci à San Francisco dans une exposition impeccable « Seeing Gertrude Stein » au Contemporary Jewish Museum. On lui doit, entres autre, la revue surréaliste View aux contributeurs prestigieux : Masson, Picasso, Miller, Klee, Camus, Durrell, O’Keeffe, Borges, Miró, Calder, Chagall, Genet, Magritte, Dubuffet…

Eloge de la beauté, exigence du texte

20 juillet 2011

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Laurent Poitrenaux © Frédéric Nauzyciel

Cris, hurlements, bêtises érigées en manifeste dramaturgique, le festival d’Avignon nous en aura donné à voir, de ces errements artistiques, portés par l’immodestie de faiseurs de bruits et d’images sans grand talent. On pourrait encore les soutenir, défendre l’art et l’essai au festival d’Avignon. Et puis, finalement, non, on n’en peut plus de ces spectacles sans queue ni tête, de ces ennuis à répétitions devant ces faux objets de théâtre sans considération pour le geste et la beauté, pour la compréhension et le partage avec le public dont la pire caricature aura été « Au moins j’aurai laissé un beau cadavre » de Vincent Macaigne qui se plaît à réinventer Shakespeare à sa propre et médiocre sauce.
De ce festival d’Avignon, on retiendra la beauté irradiante au petit matin de « Cesena », le spectacle d’Anne Teresa de Keersmaeker, associant les danseurs de la compagnie Rosas aux chanteurs (ars subtilior) de l’Ensemble graindelavoix de Björn Schmelzer et la profondeur maladroite mais tellement entêtante du « Jan Karski (mon nom est une fiction) » d’Arthur Nauzyciel d’après le roman de Yannick Haenel. Le reste, il s’oubliera…

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